Émigration clandestine au Sénégal: Une jeunesse en quête d’espoir

Chaque semaine, des pirogues bondées quittent les côtes sénégalaises en direction de l’Europe. Le phénomène de l’émigration clandestine ne faiblit pas, malgré les multiples interceptions des forces de sécurité. Ce vendredi encore, plus de 300 migrants ont été arrêtés au large de Joal par la brigade des Douanes de Fimela, rappelant l’ampleur de cette tragédie humaine.
Face à cette situation, la réponse des autorités oscille entre répression et tentatives de réinsertion des migrants de retour. Mais force est de constater que les solutions actuelles peinent à endiguer le problème. Alors, que faire ?
Des mesures répressives nécessaires mais insuffisantes
Depuis plusieurs années, l’État sénégalais et ses partenaires internationaux ont renforcé la surveillance maritime et terrestre. La Marine nationale, la gendarmerie et les Douanes multiplient les patrouilles, tandis que des accords avec l’Union européenne permettent de financer des programmes de contrôle des migrations.
Pourtant, malgré ces efforts, les départs continuent. Pourquoi ? Parce que la répression seule ne suffit pas. Si les forces de sécurité arrêtent régulièrement des candidats à l’exil, les véritables commanditaires de ces voyages clandestins restent souvent dans l’ombre. Les passeurs, organisateurs et financiers de ces traversées doivent être la cible prioritaire des autorités.
Un équilibre entre répression et développement
Lutter contre l’émigration clandestine ne doit pas se limiter à empêcher les départs. Il faut, avant tout, répondre à une question fondamentale : pourquoi tant de jeunes veulent-ils partir ?
Le départ en pirogue n’est pas un choix facile : c’est un acte désespéré posé par des jeunes qui ne voient aucun avenir au pays. Face au chômage, à la précarité et au manque de perspectives, beaucoup préfèrent risquer leur vie en mer plutôt que de rester.
Pour stopper l’hémorragie, il faut donc offrir de vraies alternatives économiques et sociales.
Le gouvernement doit adopter une approche équilibrée : une politique ferme contre les passeurs et les réseaux criminels, mais, aussi, des mesures ambitieuses pour redonner de l’espoir aux jeunes Sénégalais,.dans la détresse et dans le désarroi total.
Sans cela, malgré les arrestations, malgré les patrouilles, malgré les campagnes de sensibilisation, les jeunes continueront à prendre la mer.
Le véritable défi n’est, donc, pas de les arrêter ou de les empêcher de partir, mais, de leur donner une raison de rester.
Offrir des alternatives concrètes à la jeunesse
Si l’on veut réellement freiner l’émigration clandestine, il est impératif de créer des opportunités viables pour les jeunes. Cela passe par une politique ambitieuse de création d’emplois et de soutien à l’entrepreneuriat. Il est essentiel de simplifier l’accès aux financements pour les porteurs de projets et de mettre en place des pôles industriels et technologiques capables d’absorber la main-d’œuvre locale.
Parallèlement, les secteurs traditionnels comme l’agriculture, la pêche et l’artisanat doivent être modernisés. L’État doit faciliter l’accès aux terres agricoles, fournir des équipements adaptés et structurer des circuits de commercialisation pour permettre aux producteurs locaux de mieux valoriser leurs produits.
L’éducation et la formation restent également des leviers incontournables. Il faut investir dans des programmes de formation professionnelle alignés sur les besoins du marché du travail et encourager les jeunes à s’orienter vers des secteurs porteurs comme le numérique, le BTP et le commerce international.
Enfin, une approche équilibrée passe aussi par l’encouragement de la migration légale. Plutôt que de risquer leur vie en mer, les jeunes devraient pouvoir bénéficier de visas de travail temporaires, négociés avec les pays européens, leur offrant une opportunité d’émigrer dans des conditions dignes et sécurisées. La diaspora sénégalaise pourrait également jouer un rôle clé en investissant davantage dans des projets créateurs d’emplois au Sénégal.
L’objectif est clair : donner aux jeunes de vraies raisons de rester et bâtir un avenir où partir ne serait plus une nécessité, mais un choix.

Babou Biram Faye