(Dossier) Economie : Comment Diouf, Wade et Macky nous ont endettés

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dette
Diouf avait surendetté le Sénégal, Wade a reconstitué une dette fondue par l’initiative « Pays pauvres très endettés » (Ppte) et Macky Sall, lui, poursuit le rythme endiablé de l’endettement de notre pays. Si la dette reste primordiale pour amorcer le développement dans tout pays, depuis des dizaines d’année, nos dirigeants endettent le contribuable, sans que ce dernier, ne ressente l’impact positif de ces emprunts dans son quotidien.
L’initiative Ppte avait donné un bon bol d’air aux autorités libérales qui avaient trouvé une dette colossale à leur accession au pouvoir. Visant jadis à assister les pays les plus pauvres du monde, ce programme, lancé par le Fonds monétaire international (Fmi) et la Banque mondiale, concernait 42 pays en septembre 2006 dont le Sénégal. Les trois quarts de ces pays sont situés en Afrique subsaharienne.
Diouf explose la dette 
Le programme avait pour objectif principal de rendre la dette de ces Etats beaucoup plus «soutenable». Ce qui fut réussi à l’époque. Mais, depuis, notre pays qui avait vu sa dette fondre de plusieurs centaines de milliards, a vu cette dernière se reconstituer de façon phénoménale.
Situé à 2.220 milliards de Cfa en 1997, soit plus de 82 % de notre Pib de l’époque, l’endettement du Sénégal a atteint les 2.570 milliards de Cfa quand Diouf cédait le pouvoir à Wade. Ce dernier, qui n’a pas ménagé nos finances publiques, portera l’encours à 2 743 milliards de francs Cfa en 2001, avant que celle-ci ne chute, jusqu’à 1 022 milliards de nos francs en 2006, sous l’effet de l’initiative Ppte. Une aubaine Pour Wade et ses hommes.
Wade signe la reconstitution
Mais, la reconstitution de cette dette, se fera très vite, en quelques années, puisqu’elle passera à 1.179,89 milliards en 2007,  puis 1.963,8 milliards de F Cfa en décembre 2009. En 2011, c’est-à-dire 5 ans plus tard, la dette est déjà reconstituée. «Sur la période 2006-2011, le stock de la dette publique s’est reconstitué sur la base d’une progression moyenne annuelle de 18,9% en passant de 1.022,7 à 2.704,2 milliards entre 2006 et 2011, ramenant le ratio au PIB à 39,7%», renseigne la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) dans une de ses publications en 2011.
Me Wade, qui s’exprimait sur la question tout récemment, avait souligné : «J’ai toujours maitrisé la dette». Pourtant, Me Wade a légué à son successeur, Macky Sall, une dette de 3.076 milliards en 2012. Jean Christophe Ruffin, l’ex ambassadeur de la France au Sénégal, avait même souligné que «venir en aide au Sénégal sans lui demander de réformer profondément son système politique reviendrait à fournir à un toxicomane la dose qu’il demande, mais le conduit un peu plus sûrement vers sa fin».
Macky hausse l’endettement
Macky Sall, lui aussi, ne s’est pas gêné de pousser cet endettement à 3738 milliards à la fin 2014. Et pourtant, il avait déclaré en 2013 qu’il était «indispensable de mettre fin à la spirale dangereuse de croissance de la dette publique qui représentait 38,6% du Pib en 2011 contre 20,7% en 2006». Des mots qu’il n’a pas encore traduits en actes.
Le contribuable Sénégalais toujours mal en point
Cette somme faramineuse sera remboursée jusqu’au dernier centime par le contribuable sénégalais. L’Etat s’endette, le contribuable paye, mais n’aura certainement pas senti l’impact de ces emprunts colossaux sur son quotidien. La preuve : «Au centre de plusieurs indicateurs du bien-être des populations, la sécurité alimentaire est difficilement assurée si l’on en juge par la prévalence des enfants présentant une insuffisance pondérale. Celle-ci s’est appréciée en 2011 à 18% contre 17% en 2005. La progression de la malnutrition, entre ces deux dates, reste très élevée pour les régions Kaolack (+59%) Dakar (+56%) et Thiès (+16%). Ces faibles performances en matière de lutte contre la pauvreté sont corroborées par les opportunités d’emploi qui se resserrent et suivent la tendance du rythme des activités économiques. Entre 2002 et 2011, le taux d’occupation passe de 45,4% à 43,8% (…). D’ici à 2015, malgré une constance dans les efforts de financement, la cible «réduire la pauvreté», transversale par rapport aux autres cibles, ne pourra probablement pas être atteinte en raison du cumul de retard important par rapport à la croissance économique sur la période 2000-2011 (…)», révèle le rapport 2013 du Suivi des Objectifs du millénaire pour le développement. Ce qui renseigne à suffisance sur la situation dans laquelle se trouve une bonne partie des populations au nom de qui nos dirigeants endettent le pays. Populations qui rembourseront ces dettes par le truchement de toutes sortes de taxes.
Avis d’Economiste : «La dette a augmenté à un rythme infernal»
L’économiste, El Hadj Mounirou Ndiaye pense que les gouvernants doivent «surtout éviter le surendettement chronique qui a déjà coûté très cher avec un découragement de l’investissement dû à la recrudescence de la pression fiscale». Pour lui, la maitrise du déficit public est d’une nécessité urgente, relativement aux dépenses extra-budgétaires et aux proportions inquiétantes atteintes par la dette intérieure ces dernières années à compter de l’année 2008. C’est un objectif logique qui va permettre au Sénégal de se conformer au plafond de 3% fixé dans les critères de convergence de l’Uemoa. «Ensuite, la dette publique se nourrit du déficit public et elle a augmenté à un rythme infernal entre 2006 et 2013 passant de 1 022 milliards F Cfa à 3 341 milliards FCFA, selon les chiffres de la Dpee (2013). Il fallait alors dévoiler une bonne stratégie de maîtrise du déficit public pour espérer maîtriser la dette à moyen terme», estime l’économiste.

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