Distribution des parts du pétrole: Le Sénégal encore peu servi

Le champ pétrolier de Sangomar, situé au large des côtes sénégalaises, est exploité principalement par la société australienne Woodside, en partenariat avec la société nationale sénégalaise Petrosen. Selon les informations disponibles, Petrosen détient une participation de 18 % dans le contrat de recherche et de partage de production (CRPP) de ce champ.
Une répartition des bénéfices inégale
Cette participation signifie que Petrosen possède 18 % des parts du projet, ce qui lui donne droit à une part proportionnelle des bénéfices générés par la production pétrolière. Toutefois, elle implique aussi que Petrosen est responsable de 18 % des coûts et dépenses liés au développement et à l’exploitation du champ.
En plus des revenus liés à sa participation directe, l’État sénégalais perçoit des impôts et taxes payés par les compagnies pétrolières, ainsi que des redevances superficielles basées sur la superficie exploitée. Ces contributions fiscales s’ajoutent aux revenus de Petrosen, mais restent encore modestes par rapport aux profits générés par les compagnies étrangères.
Une répartition contractuelle peu avantageuse
Les premières ventes du pétrole de Sangomar ont généré 595 milliards de francs CFA. Cependant, il est essentiel de comprendre la distinction entre : Cost Oil : le remboursement des investissements engagés pour l’exploration et l’exploitation,Profit Oil : le bénéfice net à partager entre les partenaires.
Selon le contrat en vigueur, 75 % des revenus sont alloués au Cost Oil et 25 % au Profit Oil. Cela signifie que Woodside récupère 75 % des 595 milliards (soit 446,25 milliards) pour couvrir ses investissements. Il ne reste donc que 148 milliards à partager sous forme de Profit Oil.
Avec une participation de 20 % dans le Profit Oil, le Sénégal perçoit seulement 29,75 milliards, hors impôts et taxes. Ce montant reste faible au regard des attentes de rentabilité du projet.
Un cadre juridique à améliorer
Les contrats pétroliers de Sangomar sont toujours régis par l’ancien code pétrolier de 1998. Pourtant, un nouveau code pétrolier adopté en 2019 vise à améliorer le régime fiscal et à optimiser les retombées économiques pour le Sénégal.
Les actuels tenants du pouvoir ont exprimé leur volonté de renégocier les contrats existants, mais, ces accords comportent des clauses de stabilité qui compliquent toute modification unilatérale.
Un long chemin vers une meilleure rentabilité
Malgré le début de l’exploitation pétrolière, les revenus du Sénégal restent limités par les conditions contractuelles actuelles. La priorité sera, donc, d’améliorer les accords et d’optimiser la gestion des ressources pour garantir un meilleur retour sur investissement pour l’économie nationale.
Babou Biram Faye