DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE : Mises au point – Constats et Propositions

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pape cheikh

D’abord  mises au point :
Je ne reviens pas sur le débat contradictoire scientifique qui oppose le GIEC à d’autres scientifiques climato-sceptiques.  C’est clair le changement climatique est une hypothèse. Il faut chercher encore pour convaincre. Voyons maintenant pour ce qui concerne les mises au point :

  • Les climato-sceptiques ne doivent pas crier victoire sur le GIEC. Ce n’est pas une victoire. C’est juste un recadrage scientifique. Ni le GIEC ni ses adversaires n’ont le droit d’abuser de la confiance du public qui les écoute. Il faut reconnaitre que l’idée de changement climatique est une idée forte à prendre au sérieux. Si l’on connait la propriété chimique d’effet de serre de certains gaz industriellement produits à des quantités exponentielles. Le GIEC  mérite des encouragements.
  • Maintenant, le dérèglement climatique explique tout. Ce n’est pas le cas.
  •  On assimile à tort le programme de réduction des gaz à effet de serre (GES) à la réduction du CO2 (50% efficacité effet de serre). On néglige d’autres comme le méthane (16% efficacité effet de serre)  et l’ozone (8% efficacité effet de serre). On ne parle  jamais du méthane, troisième GES après  le C02 et les CFC (20% efficacité effet de serre) et dont la production a connu une progression phénoménale avec l’élevage, la non- maîtrise de l’urbanisation, les inondations, les décharges d’ordures sauvages, et dont également le contrôle est beaucoup plus difficile du fait du caractère diffus de ses sources.  Quant à l’ozone, sa réputation est souvent attachée au trou d’ozone. On l’aborde rarement comme un GES. Il en est pourtant un dont la maitrise est aussi très difficile du fait que sa production est liée aux oxydes d’azote rejetés par les différentes combustions de matières organiques (industries, foyers, moteurs à explosion, etc.)

 

  • Le système climatique est chimiquement très complexe. Des polluants secondaires (anciens et nouveaux) y sont produits en continue  de sorte que qu’aucune modélisation mathématique ne peut en prédire le devenir. Il est donc inexact de voir le CO2 comme le GES le plus préoccupant. Le CO2 est certes le gaz le plus apte à induire l’effet de serre, mais pas le plus menaçant. Personne ne sait à vrai dire le plus menaçant. Tous le sont. Notre ignorance sur ce sujet des interactions chimiques de l’atmosphère est très épaisse. Cela bouleverse un certain ordre d’idées mais tel est la vérité. Et le programme de réduction des CFC ! Où en est-on ? Une évaluation de ce programme doit être faite. On n’en parle plus. Les COP doivent donner des chiffres.
  • Les adaptations climatiques ne concernent que les dommages auxquels il faut s’adapter. C’est insuffisant.  Il faut les étendre au comportement humain. Le changement de comportement est aussi une modalité d’adaptation au changement climatique. On l’oublie.
  • Les mécanismes de flexibilité (MDP, et autres) sont des solutions de facilité voire d’esquive inacceptable. Il est préférable de revoir les ambitions de réduction des émissions à la baisse plutôt que de soumettre à l’impossible. Ce qui inciterait au recours à la facilité inefficace.
  • On nous vante  le fait que le surplus actuel de CO2 atmosphérique améliorerait la production primaire végétale chez les végétaux qui agissent comme puits de carbone. Ce n’est pas un avantage. C’est plutôt une inquiétude parce que le moins que l’on puisse dire c’est que cette stimulation artificielle est le début d’un dérèglement métabolique. Une nouveauté sur la planète. Quelles seraient les conséquences sur la chaîne alimentaire et sur les écosystèmes  au-delà de l’intérêt immédiat (puits de carbone, biomasse) ? Et l’avenir des plantes à métabolisme en C3 et C4  qui correspondent à des adaptations anaboliques équilibrées ?
  • Le romantisme écologique  68 tard (activisme, radicalisme, technophobie, etc.) prédomine le discours et l’action sur l’environnement. Le réalisme responsable écologique en souffre.

Ensuite constats

  • Tout porte à croire maintenant  que l’obtention d’un accord mondial à la COP21  à Paris serait la solution définitive. Ce n’est pas le cas. Ce serait une bonne chose mais cela ne serait qu’un pas esquissé à la suite d’autres avant. Un accord est une chose son application en est une autre. Le protocole de Kyoto avait bien fixé des objectifs. Or, nombreux sont les pays de l’OCDE de la liste A qui ne l’ont pas respecté. Les uns et les autres sont restés confortablement dans leurs libertés d’émission comme si le protocole de Kyoto n’existait pas.
  • Il y a trop de textes réglementaires régulant  l’environnement  de sorte que leur application est devenue impossible. On se perd dans cette forêt de textes inextricables qui égarent tout le monde.
  • Le caractère non contraignant de nombreux textes juridiques (traités, etc.) rend la politique de réduction  inefficace. A quoi sert un texte juridique s’il est facultatif ?
  • Les pays en voie de développement(PVD) ne maîtrisent pas la totalité de leurs sources d’émission. De nombreuses sources restent méconnues. Dans ces conditions comment fixer des objectifs et appliquer des programmes de réduction ?
  • Dans les PVD  on  investit  dans l’équipement onéreux de mesurage de la pollution  de  l’air mais des politiques publiques adaptées ne suivent pas.
  • Après la signature des textes réglementaires il n’y a pas de contrôle ex-post des états-parties pour qu’ils respectent leurs engagements. En général, les secrétariats crées à cet effet rentrent dans une hibernation profonde jusqu’à la prochaine COP.
  • On ne sent pas assez les cartels du pétrole dans l’investissement sur les éco-innovations.
  • Les énergies renouvelables traînent lourdement la pesanteur des lobbyings politico-économiques. Leur progression voire leur démocratisation est trop lente par rapport à l’importance du risque climatique.
  • La recherche fondamentale coûte trop cher pendant que de vieux  programmes de vulgarisation technologiques sont en souffrance.
  • L’éducation environnementale n’est pas encore intégrée aux curricula comme il se doit. L’Unesco avait fait un excellent travail en 1988 sur ce sujet. Comment demander aux populations d’agir  écologiquement tout en les privant des pré- requis  relatifs à l’environnement ? L’écologie pratique c’est avant tout une culture !
  • L’Agenda 21, instrument mort-né de Rio, suffit à elle seule à régler la question du développement durable. Malheureusement, elle demeure une parure rangée aux oubliettes.
  • En Afrique les collectivités locales n’ont pas pris la place qui est la leur dans la gouvernance environnementale. L’état monopolise cette question sans résultat notoire.
  • La démocratie écologique n’existe pas sous les tropiques. Le peuple reste un sujet et non un acteur écologique c’est-à-dire  un éternel consommateur passif d’idées et de modèles écologiques exotiques.
  • L’entreprise est à la périphérie de la question écologique dans les PVD. Elle traîne et poursuit ses objectifs classiques de rente aux dépens de l’environnement.
  • Les économies nationales n’ont pas encore intégré la donnée environnement  pour produire des comptes  nationaux environnementaux qui permettraient de mieux suivre l’évolution du capital naturel. Ainsi, nous mesurons toujours notre niveau de vie avec une marge d’erreur significative due au fait que la comptabilité classique biaise ce calcul par ses méthodes.
  • Avec la délocalisation industrielle actuelle on tait souvent le dumping écologique (paradis écologique) et l’iniquité écologique qui y sont attachés.
  • L’institution « patrimoine mondial de l’humanité » n’a aucune incidence pratique sur l’environnement. Ce n’est qu’un attribut sans suite.
  • La société civile dans les PVD entretient un mutisme incompréhensible sur la question environnementale et climatique. Cette société civile est de loin politiquement plus imbibée qu’autre chose.

Enfin propositions

  • Simplifions les instruments juridiques internationaux à les rendre applicables par tous.
  • Profitons du problème climatique pour conférer  enfin à la gouvernance mondiale une réalité effective, une opérationnalité agissante. La gouvernance mondiale demeure  jusqu’aujourd’hui un principe volatile. Qu’il soit mis en place un organe international de veille réglementaire, de règlement des différends écologiques et de sanctions.
  • Les biens publics globaux doivent bénéficier d’un régime juridique mondial beaucoup plus simple, plus adapté, et contraignant.
  • Le droit international de l’environnement doit occuper le centre des juridictions nationales et cesser d’être le parent pauvre esseulé.
  • Il faut instituer l’« embargo écologique » en cas de distorsions par rapport aux textes réglementaires.
  • Il faut abandonner les mécanismes de flexibilité. Ils ne font qu’allonger le délai pour arriver au but c’est-à-dire un niveau d’émission de GES compatible avec une bonne  santé du climat mondial.
  • En ce qui concerne la régulation environnementale il faut désormais instituer la notation des états-parties à l’instar de la notation des entreprises privées par rapport à la normalisation et faire dépendre l’aide au développement voire la coopération de cette note.

Si l’entreprise est plus performante que l’état c’est parce qu’elle est soumise à la compétition spontanée de ses concurrents et à la sanction de l’opinion publique. Une notation inciterait l’état à mieux faire pour le climat.

  • Il faut suspendre la recherche fondamentale partout et dans tous les domaines. C’est une activité budgétivore. On en connaît assez maintenant dans tous les domaines pour vivre en paix au moins sur un horizon temporel assez lointain. La recherche fondamentale va au-delà de l’humainement utile.
  • Ramenons la question climatique à celle de la pollution de l’air. Entre la pollution  de l’air et la problématique climatique il n’y a qu’une différence  d’échelle. Ainsi, si chaque état-partie règle ses problèmes locaux de pollution de l’air, le climat, bien public global s’en retrouverait mieux.

Pour finir il faut noter que de nos jours on assiste à la dématérialisation de l’économie mondiale qui passe progressivement du matériel à  l’immatériel (services, informatique, antimatière, télécommunication, internet, etc.)
On s’en glorifie et c’est apparemment séduisant. Certes, quelques avantages environnementaux y sont déjà notés. Mais, il faut définir sans délai les ratios limites à ne pas dépasser pour éviter un emballement incontrôlable du système économique aux conséquences écologiques fâcheuses.
Personnellement, j’apprécie ce phénomène  plutôt comme un déclic décisif qui peut aller, écologiquement parlant, dans tous les sens.
Ce phénomène, mettant en jeu le temps, l’espace et la matière, autrement dit le psychisme humain et le patrimoine naturel, peut conduire  prochainement à un progrès historique  au bénéfice de l’humanité, tout comme il peut conduire très vite à l’abîme irréversible de la planète plus rapidement que le changement climatique.
L’économie est la cause majeure de la dégradation de la planète. Soyons vigilants !
Cheikh NDIAYE
Ecologue/ Aménageur
DG CICES
Maire de Lambaye

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