COVID-19, le sursaut (Par Mary TEUW NIANE)

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La pandémie de la covid19 continue sa progression dans le Monde, en Asie et en Afrique. Le continent africain, malgré ses quarante sept (47) cas testés positifs sur les mille cas testés positifs dans le monde, demeure peu touché par rapport au reste du monde. Il enregistre vingt quatre (24) décès sur mille décès liés à la covid19 dans le monde. Le taux de létalité continue de baisser pour s’établir à 2.16 % alors que dans le monde il est de 4.24 %. Cependant ces chiffres ne doivent pas pousser les africains à baisser la garde. En effet si le taux de létalité diminue, la croissance du nombre de cas comme celui du nombre de décès liés à la covid19 s’accélère même si la vitesse résultante est lente. La part relative au nombre de cas positifs de l’Afrique dans le monde (4.7%) et de décès liés à la covid19 (2.4%) ne cesse d’augmenter même s’ils sont encore très en dessous de la part de la population africaine par rapport à la population mondiale. Cette part est d’un peu plus de 17 %. L’Afrique doit résolument tenir son rang pour continuer fort heureusement à étonner le monde. Il y a quelques jours le Directeur général de l’OMS a lancé un cri d’alarme : beaucoup de pays ne suivent pas la bonne voie pour faire face à la Pandémie ! Certains pays africains devront éviter, bientôt, d’être mis au banc des accusés.

La situation du Sénégal continue d’inquiéter. Le nombre de cas testés positifs continue d’augmenter. Le nombre de tests réalisés n’augmente pas sensiblement. Les cas positifs gagnent l’étendue du territoire. En particulier de petites agglomérations sont de plus en plus touchées. Le nombre de cas dits communautaires ne diminue pas. Quasiment toutes les zones de la région de Dakar sont officiellement touchées. Les réticences à se signaler aux services indiqués, lorsqu’une personne présente les symptômes de la covid19, se renforcent. La stigmatisation de la maladie est de plus en plus une réalité. J’ai entendu des personnes dire, « jommba na nu am mbas mi », « leur honneur ne leur permet pas d’avoir la maladie » ! Il n’y a aucune honte à être contaminé, et personne n’a un rang, un grade et un titre qui la prémunissent contre cette pandémie. Cette perception conduit à cacher des malades et à mettre en danger leur entourage, leur voisinage et même le corps soignant. Les jeunes parlent de plus en plus de « petite grippe » sans effet ! Ils ne mesurent pas le danger qu’ils représentent lorsqu’ils sont atteints, même sans symptômes extérieurs ou douloureux, pour leurs pères, leurs mères, leurs grands pères, leurs grands-mères et leurs voisins surtout lorsqu’ils ont des comorbidités comme le diabète, l’asthme, l’hypertension, l’insuffisance respiratoire, etc.

La communication devrait intégrer, si ce n’est pas fait, les anthropologues, les sociologues, les psychologues, les communicateurs traditionnels, les religieux, d’autres spécialistes et des leaders d’opinion pour mieux appréhender la meilleure stratégie et les meilleures actions à déployer pour être mieux écoutés par les populations et particulièrement par les jeunes et par les femmes. Bientôt nous fêterons la Tabaski. Quelle communication adopter pour maintenir les populations sur place ? Si jamais les mouvements traditionnels de populations lors des fêtes précédentes de la Tabaski se reproduisent, il n’y aurait aucune surprise à constater quelques jours ou quelques semaines plus tard une explosion des cas positifs. Il est encore temps de développer une stratégie de communication adéquate et d’anticiper, en prenant un certain nombre de décisions limitant, durant cette période fatidique, la mobilité interrégionale des populations.

Le taux de létalité du Sénégal ne cesse d’augmenter. Il est cette semaine de 1.89 %. Il se rapproche inexorablement du taux moyen de létalité de l’Afrique qui est de 2.16%. Même s’il est encore bas, sa croissance est un signe d’inquiétude. Lorsque nous examinons le taux de létalité des pays frontaliers avec le Sénégal, notre pays ne devance que le Mali (4.89%), la Gambie (4.3%) et la Mauritanie (2.63%), il est devancé par la Guinée Bissau (1.33%), le Cap Vert (1%) et la Guinée (0.6%).

Un sursaut collectif est nécessaire pour stopper la croissance et l’extension de la pandémie dans notre pays. Le nombre de morts qu’annonce chaque jour le communiqué du Ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS), ne devrait pas nous installer dans la fatalité d’accepter de subir sans réaction cette situation morbide qui installe petit à petit le pays dans le stress et une certaine perte de confiance en tout. C’est un devoir des autorités, de toutes les autorités de réarmer moralement la population pour vaincre la pandémie et affronter avec toutes les chances de succès la relance économique, sociale et culturelle indispensable au dépassement de la covid19.

Unis et engagés, nous vaincrons !

Mary Teuw Niane
Dimanche, 19 juillet 2020

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