COP26 GLASGOW 2021: Quelles mesures pour l’Agriculture face au changement climatique?

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Des mesures pour l’agriculture ont été débattues lors de la COP26. 25% des gaz à effet de serre émis par les activités humaines proviennent de ce seul secteur secteur qui a causé près 90% de la déforestation mondiale en 30 ans. La COP26 s’est penchée sur l’agriculture mondiale, mise en cause dans les émissions de gaz à effet de serre et la déforestation.

L’on s’est interrogé dés lors de cette situation à la Cop26 et voir ensemble les mesures à prendre à Glasgow pour l’agriculture et avec quelles conséquences ?

L’agriculture a été l’un des points clés abordés à la COP26 étant donné son impact sur le climat. Cette activité humaine est responsable de 25% des rejets de gaz à effet de serre et de près de 90% de la déforestation mondiale depuis 30 ans. Selon une toute récente étude de la FAO publiée lors de la COP26 ce 8 novembre 2021, « depuis 1990 l’artificialisation agricole qui resulte de la transformation de milieux naturels par l’activité agricole, est la première responsable du recul des zones forestières en Afrique et en Asie, où les pertes forestières sont à plus de 75% imputables à la conversion à un usage agraire. En Amérique du Sud, près des trois quarts de la déforestation est attribuable au pâturage du bétail. » Ces artificialisations agricoles de zones forestières souvent tropicales réduisent la capacité à stocker le carbone propres à ces forêts La FAO constate que si 420 millions d’hectares de forêts ont été perdus en 30 ans , les premiers résultats de sa nouvelle prospection mondiale par télédétection indiquent malgré tout « un ralentissement général de la déforestation mondiale, c’est-à-dire un ralentissement de l’affectation de terrains forestiers à d’autres usages, comme l’agriculture et les infrastructures mais elle met en évidence la pression importante que l’expansion agricole exerce en particulier sur les forêts tropicales humides. » Or, près de 1,6 milliard de personnes dans le monde dépendent directement des forêts pour leur alimentation, leur logement, leur énergie, leurs médicaments et leurs revenus.

Lors de cette présentation à la COP26, le directeur général de la FAO, Qu Dongyu, a souligné la nécessité d’allier la production agro-alimentaire pour répondre aux besoins croissants des populations et l’arrêt de la déforestation, « comme plus de 20 pays en développement l’ont déjà fait », a-t-il expliqué. Des solutions techniques en défaveur des petits paysans ? Par ailleurs, 45 gouvernements emmenés par le Royaume-Uni se sont engagés lors de cette COP26 à « prendre des mesures urgentes, à investir pour protéger la nature et passer à des modes d’exploitation agricole plus durables. » Cet engagement « vise à transformer l’agriculture et les systèmes alimentaires à travers des réformes politiques, ainsi que la recherche et l’innovation, afin de réduire les émissions et de protéger la nature, tout en garantissant l’alimentation et l’emploi. » Ces pays accompagnés par 95 entreprises de premier plan dans divers secteurs veulent mobiliser plus de 4 milliards de dollars de nouveaux investissements du secteur public dans l’innovation agricole, « y compris le développement de cultures résistantes au climat notamment les plantes modifiées génétiquement, et de solutions régénératrices pour améliorer la santé des sols », tout en rendant « ces techniques et ressources abordables et accessibles à des centaines de millions d’agriculteurs Mais alors faut-il s’inquiéter désormais d’une dérégulation des « nouveaux OGM » en Europe ? A Glasgow, ces mesures ont provoqué des protestations de la société civile. Vincent Delmas, agriculteur français membre de la Confédération paysanne et de la Via Campesina (Mouvement international des organisations de petits et moyens paysans qui représente 200 millions de paysans dans le monde, ndlr) a participé aux protestations. Selon lui, la COP26 a dévoilé « des gouvernements qui rêvent de fermes extrêmement intensives pour libérer du terrain et faire du crédit carbone.

Le principe est par exemple de faire autant de lait avec 90 vaches qu’avec 100, grâce à la génétique et une alimentation très pointue. » Les crédits et compensation carbone, pourraientt avoir des conséquences très négatives sur les petits paysans, selon Vincent Delmas : mais donc quels Crédits carbone pour l’agriculture ? Un constat a émergé lors de cette COP26 : les pays les plus pauvres participent pour une part bien moindre que les plus développés aux émissions de gaz à effet de serre par l’agriculture.

La FAO estime que le monde compte aujourd’hui plus de 608 millions d’exploitations familiales qui occupent entre 70 et 80 pour cent de la superficie mondiale des terres agricoles et assurent environ 80 pour cent de la production alimentaire en termes de valeur.

Derrière ces statistiques se cache une grande disparité. Les exploitations qui s’étendent sur plus de 1 000 hectares couvrent près de 40 pour cent des terres agricoles. Mais 70 pour cent du total de toutes les exploitations familiales occupent moins d’un hectare.

Les terres agricoles de grande taille sont exploitées avec des méthodes agro-industrielles, les plus émettrices de gaz à effet de serre, dont celles de l’élevage du bétail.

L’élevage représente en effet 14,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (le reste des activités agricoles comptant pour les 10,5% restant), selon les études de la FAO.

Les solutions retenues durant la COP26 portent donc avant tout sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment par les crédits et compensation carbone, qui pourraientt avoir des conséquences très négatives sur les petits paysans, selon Vincent Delmas : « La marchandisation des crédits carbone en agriculture qui se profile avec la COP26 va permettre d’expulser des communautés pastorales, des éleveurs, pour planter des arbres. Le principe est de dire que si on produit autant avec moins d’hectares, les hectares qu’on libère, on y plante des arbres et on revend les crédits carbone à des compagnies aériennes ou à des cimenteries. » Aide face aux conséquences des changements climatiques

La COP26 a aussi mis en avant des programmes d’adaptation au changement climatique pour les agriculteurs les plus fragiles.

Par exemple, la Suède s’est engagée à verser près de 11,7 millions de dollars pour aider une partie des petits exploitants agricoles les plus pauvres de la planète à s’adapter aux changements climatiques.

La FIDA (Fonds international de développement agricole, organisme spécialisé des Nations Unies, ndlr) , présente à la COP26, s’est félicitée de cette aide, qui participe à la collecte de 500 millions de dollars pour son programme ASAP+. Le programme ASAP doit renforcer la résilience de 10 millions de ruraux pour qu’ils puissent faire face aux effets des changements climatiques.

Il doit aussi piéger plus de 100 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone et mettre en œuvre des pratiques agricoles résilientes face aux aléas climatiques sur plus de 4 millions d’hectares. Selon la FIDA, l’ASAP+ se concentrera sur les pays à faible revenu qui font face aux plus grandes difficultés en matière d’insécurité alimentaire et de pauvreté rurale à cause des changements climatiques. Reste que le soutien et le développement de l’agroécologie n’ont pas été abordés par les gouvernements. La protection de la biodiversité au sein des accords climat pour l’agriculture à Glasgow a été évoquée, mais de façon générale, sans actions concrètes.

Cette nécessité de lier la protection de la biodiversité avec les mesures climat touchant à l’agriculture, avait pourtant été soulignée par l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), basé en France.

L’institut a en effet soumis des propositions pour la COP26 en insistant sur la nécessité d’effectuer « des réductions rapides des émissions de gaz à effet de serre qui doivent se faire parallèlement à une conservation et une restauration ambitieuses des écosystèmes naturels terrestres et marins. » L’IDDRI a étudié les effets négatifs sur la biodiversité des mesures techniques de réduction carbone en agriculture : « Ces mesures d’atténuation ou de suppression carbone qui exigent des changements radicaux dans l’affectation des sols ont des effets hautement néfastes sur la biodiversité. » La COP26 pourrait donc accoucher d’un paradoxe dérangeant, qui, en permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre par des changements de pratiques agricoles, accentuerait la destruction de la biodiversité.

Babacar SÈNE journal Agropasteur/ babaclimat

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