Cheikh Tidiane BA contre les déperditions: Non assistance á populations en danger (aux élites de la Médina)
« L’eussiez vous voulu, vous ne l’eûtes point pu », cette phrase prononcée par le Président Moustapha Niasse devant le Président Macky Sall lors d’une cérémonie, en espérant l’avoir bien reprise, carillonne encore à mes oreilles. Elle vient donner une réponse à une interrogation sur le comportement à adopter face au vaudeville vespéral de certains Médinois, de certains j’ai dit, pas de tous.
Se taire ? Faire le mort ? Non ! Mieux, le discours doit aller au-delà de l’analyse de premier degré et envisager la solution.Non, nous ne pouvons pas nous taire. J’avais dit, dans un récent post, plus jamais ça…mais « ça » est revenu. Malheureusement !
Hier, j’ai encore sillonné le quartier, persuadé que notre rôle d’éducateur n’est peut-être pas sisyphien. Ce qui s’est passé doit, au contraire, nous revigorer dans notre combat de tous les jours pour la jeunesse et les femmes de ma Médina.
Il faut dire que l’image de ce jeune, arrêté pour avoir enfreint les règles du couvre-feu, riant, la bouche fendue jusqu’aux oreilles, pour reprendre Zola, comme si tout cela l’égayait, m’a fait frissonner. Insouciance ? inconscience ? Insolence ? Que choisir ?
Que n’avons nous pas lu ou entendu depuis, nous Médinois ?
Autant le comportement de certains des nôtres est inadmissible, autant les réactions semblent disproportionnées. Certes, tous ceux qui ont bravé l’Etat et qui, avouons-le, nous ont réellement mis en danger sont condamnables mais de là à tomber dans le stéréotype et la stigmatisation de toute une population , il y’a un pas infranchissable.
Ce qui s’est passé ne reflète nullement la vie quotidienne des citoyens Medinois. Je suis né, j’ai grandi à la Medina. Je n’ai vu du chanvre indien, pour la première fois, qu’au cours de mon stage d’inspecteur des impôts, dans un lot de scellés du Tribunal. Je ne suis pas un cas isolé. De nombreuses associations de jeunes, des dahiras, des mouvements de femmes œuvrent, au quotidien, pour un meilleur encadrement de la jeunesse sur les plans scolaire, sportif, social, culturel et cultuel.
Beaucoup de personnes, à la Médina, s’investissent bénévolement pour le mieux-être des populations , terme générique désignant ici l’être physico-matériel, l’être social, l’être spirituel.
Face au comportement inqualifiable de certains et aux réactions négatives qui, jusqu’à présent, s’ensuivent, nous avons l’obligation d’appeler les Médinois, les élites d’abord (nous reviendrons sur notre acception de ce terme), à prendre conscience des dangers qui nous guettent. La Médina, c’est la cité de Mamina Camara, Expert comptable, du professeur Lamine Ndiaye, de Maimouna Ndoye Seck, du Pr Pape Amadou Ndiaye (fils de l’illustre Alassane Ndiaye Allou), de Arame Diene, du Colonel Mamadou Adje, de Awa Marie Khôl, de Souleymane Mboup, de Me Seydou Diagne, de Mbaye Dieye Faye, de Marguerite Thiam, de Cheikh Ba, de Seydou Gueye, de Aldiouma Seye et de Ousmane Ndoye, de Ousmane Paye, de El hadji Malick Sy Souris, du plus grand musicien de tous les temps de notre pays, Youssou Ndour, du seul médaillé olympique que le Sénégal possède, Amadou Dia Ba, de …bref de centaines et de centaines de cadres et d’hommes qui ont contribué au rayonnement de ce pays.
La pandémie a mis à nu tout un chapelet d’insuffisances, d’incohérences, de quiproquos, de malentendus et montré la démission de certaines élites souvent, il est vrai, imputables à une loufoque guéguerre politique qui ne profite à personne.
Même si ma conviction est que la politique, en tant que seul instrument légal pour accéder au pouvoir, est incontournable pour asseoir une vision, il demeure que nos élites locales n’ont pas le droit de laisser cette grande cité, mère de la plupart des quartiers de Dakar, montrée en mal du doigt et ont la quasi-obligation de s’impliquer dans une opération « dello ndjoukeul ».
Les élites doivent, à mon avis, aider à adresser les problématiques majeures qui engendrent, en grande partie, tous ces comportements déviants et ces maux qui assaillent et étouffent la cité notamment les fractures sociales et territoriales, la mixité sociale, la typologie de l’habitat adapté à notre contexture et à notre mode de vie, la délinquance, la déperdition scolaire, l’insécurité alimentaire.
Aimé Césaire semble nous chuchoter à l’oreille que nous devons, ensemble, rédiger un cahier de retour à la Médina natale.
Une agrégation de nos connaissances, de nos expertises et de nos moyens, permettra sûrement de contribuer au dépérissement de la situation actuelle, aux côtés de la commune et de l’Etat. A défaut, «ça » pourrait revenir. Et « ça » c’est très grave pour l’image de notre cité et pour nous, fils de la Médina, notre image tout court. Nous sommes tous concernés et interpellés.
Je le dis et le rabâche, la neutralité de nos élites, dans ce combat contre les déperditions de toutes sortes, sera considérée comme une non-assistance à populations en danger.