Changement climatique: Salguir Diagne, un village centenaire en proie à de multiples maux
Salguir Diagne, une localité située dans le Delta du fleuve Sénégal, est un village sans électricité. Cette zone, incluse dans la région des trois marigots, souffre fortement des conséquences des changements climatiques, malgré un fort potentiel agricole et halieutique ainsi qu’une riche biodiversité.
Depuis quelques années, on observe un bouleversement de la circulation naturelle de l’eau dans cette région. Selon le professeur Boubou Aldiouma Sy, géographe et géomorphologue à l’Université Gaston Berger (UGB), cela est dû aux changements climatiques et à la construction du barrage de Diama.
Aujourd’hui, la prolifération des plantes appelées typha a entraîné des effets néfastes sur la pêche et les activités agricoles. « Le village de Salguir Diagne est plus que jamais menacé », alerte Dame Diame, membre de l’Association des trois marigots.
En évoquant les difficultés rencontrées par les populations, Dame Diame souligne les limitations des activités à cause de l’absence de ressources, une préoccupation majeure pour les habitants. « Avec l’assèchement des trois marigots, à savoir Salguir Diagne, Goback Ngom et Thilla Boye, nous ne pouvons plus pratiquer la pêche ni le maraîchage », déplore-t-il.
C’est dans ce contexte que l’association African Journalist Forum a mobilisé des journalistes pour une visite de terrain, afin de constater de visu les impacts de ces changements écologiques. « L’objectif de cette visite est d’alerter sur les conséquences des changements climatiques », a rappelé le docteur René Massiga Faye, président de ladite association.
Pour M. Faye, cette zone était stratégique et produisait autrefois d’importants volumes de produits agricoles et halieutiques, alimentant ainsi plusieurs villes en matières premières, notamment en poisson et ses dérivés. « Aujourd’hui, cette activité tend à disparaître, ce qui limite grandement la disponibilité de ces produits », a-t-il regretté.
Ce phénomène, qui impacte non seulement la population locale mais aussi leur productivité, mérite une attention accrue pour sensibiliser les autorités nationales et les institutions internationales. « Il était de notre devoir de venir ici pour montrer cette réalité et interpeller ceux qui ont les moyens d’aider ces zones à faire face à ces différents fléaux », a-t-il déclaré.
Face à cette situation, le président de l’African Journalist Forum estime que si des mesures concrètes ne sont pas prises rapidement, les conséquences pourraient être catastrophiques dans les années à venir, non seulement pour ces zones, mais pour le Sénégal dans son ensemble.
Grâce à ses multiples visites de terrain, l’association estime que le message commence à être entendu et que les préoccupations des populations concernées sont progressivement prises en charge par les autorités compétentes. « La balle est dans le camp de nos autorités », a ajouté René Massiga Faye.
Selon lui, il est nécessaire d’apporter une assistance immédiate à ces populations vulnérables. « Les autorités doivent tout mettre en œuvre pour que les dégâts cessent d’affecter les communautés les plus défavorisées du Sénégal », a-t-il conclu.
Bolo Diaw (correspondant à Saint-Louis)