Ce n’est pas la justice qu’il faut réformer mais les hommes politiques

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Cinq principes la définissent : égalité devant la loi, accès à la justice pour tous, neutralité des juges, principe du contradictoire, présomption d’innocence. La différence entre la loi et la justice, c’est que réaliser la justice, c’est attribuer à chacun ce qui lui revient.

Le rôle de la loi, quant à elle, est de permettre à chacun d’exercer sa liberté, ce qui exige de poser des limites. Une loi juste imposera les mêmes restrictions à chacun, donc les mêmes droits et les mêmes devoirs. »nTout est dit. Tout est là !

Tout le monde le sait : nous sommes, ou presque, dotés de l’héritage des mêmes modes, codes et règles qui régissent la justice en France. Le pays du maître fouettard est une grande oasis de liberté et de justice, dit-on, en plus d’être ce que d’aucuns nomment comme une rassurante et tenace démocratie. Rare ou presque impossible sont les hommes politiques ou magistrats qui se risqueraient à braver l’interdit ! Des Chefs d’État l’ont appris à leur dépend. Sans bruit du peuple français occupé à plus important.

En Afrique, on aime le bruit, les murmures, les calomnies, la diffamation, la jouissance du malheur de l’autre. C’est plus une question de culture, de détestable culture condamnée par la religion entre autres, que de bravade, d’incivisme et d’inculture !

Que s’est-il donc passé après Senghor et Diouf, pour que notre justice soit considérée en lambeaux, habillée de haillons et admise en urgence en salle d’opération du Centre International de Conférence Abdou Diouf ? Des juges et magistrats qui sont de purs joyaux, comme Kéba Mbaye le saphir, ont orné les 20 ans de Senghor au pouvoir.

Grandeur et splendeur des juges et magistrats élevés, dignes, insoupçonnables, également sous Abdou Diouf, en nommant ici un homme d’honneur : Youssoupha Ndiaye, ancien Président du Conseil Constitutionnel et Président de la Fédération sénégalaise de football.

C’est seulement après Diouf que l’enfer sembla se mêler au chaos. L’ingérence, la manipulation, la quasi-mainmise du pouvoir sur la justice en un méli-mélo indescriptible semblèrent se dessiner et douloureusement. Et pourtant au pire du drame sous Macky Sall, c’est elle la justice et ses magistrats qui relevèrent hardiment la tête pour laver leur honneur, ce qui nous a conduit à l’arrivée d’un fils tranquille et apaisé de N’Diaganiao, dans la région historique du Baol.

Non, tous les juges et magistrats ne sont pas sujets à soupçon !

Voilà donc les assises de la justice en marche ! Puissent-elles répondre à l’attente de tous, de celles et de ceux qui en ont soufferts sans avoir tort, de ceux qui en ont été victimes sans pouvoir se défendre, de ces si nombreux détenus restés des « siècles » sans jugement et finalement acquittés pour certains, faute de preuves, pour d’autres condamnés à tort.

Tiens, comme le suggère l’Ambassadeur de Tombouctou, et si la célèbre DIC, redoutable outil de haute sécurité nationale, continuait à faire son précieux travail mais en changeant d’appellation pour faire moins traumatisant et faire oublier un nom trop chargé qui sonne l’hallali pour tous ceux qui y sont convoqués ou y trainés manu militari ?

D’ici deux cents ans, au regard du progrès humain et de la mutation vertigineuse des sociétés, il se pourrait que nous n’ayons plus besoin ni de droit ni de justice. Quelque chose d’autre les aura remplacés. Nous serons dans le 3ème monde !

Juger, c’est d’abord un respect de soi-même. Les juges ne jugent pas, ils engagent plutôt leur conscience. Ils fortifient par l’acte de juger, la dignité de leur fonction. Il n’existe pas de mauvais juges. Il n’existe que des juges qui ont brûlé en eux leur toge.

L’agenouillement des juges est le 1er agenouillement de la justice. Le bon juge dira toujours « C’est la vérité qui se trompe, non la loi ! » Quoique !

La justice est une parure face à cette maladie dont nous ne voulons ni ne souhaitons guérir et qui s’appelle d’un mot : l’espoir.

Que l’on me laisse ici évoquer un homme, un fils émérite de ce pays qui ne quitte jamais mes pensées, qui en me faisant pleurer toujours et pour longtemps encore à chaque fois que je le nomme, me comble d’espérance : le juge Tafsir Malick Ndiaye.

Il dort à Yoff et une étoile indique sa tombe la nuit ! C’est parce que je l’évoque et pense à lui, que je crois que ces assises sur la justice lancées par le Président Diomaye, inaugureront des réformes fortes et nobles qui grandiront davantage notre pays et le réconcilieront avec lui-même dans le souvenir de grands juges et magistrats debout dans le souvenir et le Panthéon de la justice sénégalaise.

La justice naît toujours de l’injustice ! Il faut combattre l’injustice et ne pas humilier l’homme mais le grandir !

Amadoux Lamine Sall
Poète
Préfacier du volume « Écrits de droit- Writtings of law » du juge Tafsir Malick Ndiaye.

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