Budget du Sénégal 2025: Une baisse globale et des variations institutionnelles (Babou Biram FAYE)
Le gouvernement sénégalais a présenté les chiffres clés de la loi de finance initiale pour l’année 2025, révélant une baisse significative du budget global et des variations notables dans les allocations aux institutions.
Un budget global en recul
Le budget global du Sénégal pour 2025 est fixé à 6 614 milliards FCFA, contre 7 003 milliards FCFA en 2024, soit une baisse de 389 milliards FCFA (-5,55 %). Cette diminution marque un recul des ressources mobilisées par l’État, posant des questions sur la capacité du gouvernement à maintenir ses engagements et à financer ses priorités.
Des budgets institutionnels contrastés
La Présidence : une stabilité relative
Le budget alloué à la Présidence reste quasiment stable, passant de 78,61 milliards FCFA en 2024 à 78,61 milliards FCFA en 2025, avec une légère réduction de 1,5 million FCFA (-0,002 %). Cette quasi-constance pourrait refléter une volonté de rationaliser les dépenses au plus haut niveau de l’État.
Assemblée nationale : une augmentation notable
L’Assemblée nationale voit son budget passer de 20,16 milliards FCFA en 2024 à 22,47 milliards FCFA en 2025, enregistrant une hausse de 2,32 milliards FCFA (+11,5 %). Cette augmentation pourrait être destinée à renforcer les moyens d’action des députés dans un contexte de défis socio-économiques importants.
La Primature : une légère baisse
Quant à la Primature, son budget diminue de 25,72 milliards FCFA en 2024 à 25,01 milliards FCFA en 2025, soit une réduction de 716,5 millions FCFA (-2,8 %). Cette baisse peut s’inscrire dans une logique de rationalisation des dépenses, bien que son impact sur le fonctionnement du gouvernement reste à évaluer.
Un contexte de ralentissement
La baisse globale du budget et les variations institutionnelles traduisent un ralentissement économique qui pourrait limiter les marges de manœuvre de l’État. Avec des défis économiques persistants et une pression croissante pour répondre aux besoins sociaux, la gestion des finances publiques sera un enjeu crucial en 2025.
Les ajustements budgétaires annoncés reflètent une volonté de contenir les dépenses, mais ils posent également des questions sur la capacité du Sénégal à avancer dans ses projets de développement et à relever les défis économiques et sociaux auxquels il fait face.
Solutions préconisées
Pour respecter ses engagements, assurer l’équilibre budgétaire, éviter les tensions de trésorerie et garantir le bon fonctionnement de l’appareil d’État, le gouvernement sénégalais devrait adopter plusieurs mesures stratégiques :
- Amélioration de la mobilisation des recettes
Renforcer l’efficacité fiscale
Lutter contre l’évasion et la fraude fiscales en modernisant l’administration fiscale et en élargissant l’assiette fiscale.
Encourager la digitalisation des paiements
Instaurer des systèmes numériques pour collecter les impôts et taxes, ce qui réduit les pertes et renforce la transparence.
Valoriser les secteurs porteurs
Mieux exploiter les secteurs stratégiques tels que l’agriculture, les mines, le pétrole et le gaz, et diversifier l’économie pour augmenter les revenus de l’État.
-Rationalisation des dépenses publiques
Réduire les dépenses non prioritaires
Identifier et réduire les dépenses superflues dans les différents ministères et institutions.
Améliorer la gestion des projets publics
Assurer une meilleure planification et exécution des projets pour éviter les dépassements budgétaires.
Auditer régulièrement les finances publiques
Mettre en place des mécanismes d’audit pour optimiser l’utilisation des fonds publics.
-Endettement responsable et gestion prudente des emprunts
Limiter l’endettement non productif
Se concentrer sur des emprunts destinés à financer des projets ayant un impact direct sur la croissance économique.
Renégocier la dette
Explorer des opportunités pour alléger le service de la dette à travers des mécanismes de restructuration ou de moratoire, si nécessaire. - Renforcement des partenariats public-privé (PPP)
Encourager les investissements privés dans les infrastructures, l’éducation et la santé pour alléger la pression sur les finances publiques tout en stimulant le développement économique. - Réduction des tensions sociales et renforcement de la cohésion nationale
Dialogue social
Les syndicats et les organisations de la société civile sont des partenaires incontournables pour la stabilité nationale ou pour éviter des mouvements sociaux coûteux.
Subventions ciblées
Réformer les politiques de subvention pour qu’elles profitent directement aux couches les plus vulnérables, tout en réduisant les gaspillages.
-Investissements stratégiques
Capital humain et infrastructures de base
L’augmentation des investissements dans l’éducation et la santé est un gage pour améliorer la productivité à long terme.
Les projets d’infrastructure qui favorisent une croissance inclusive (routes, électricité, eau potable) doivent être accélérés. - Amélioration de la gouvernance et de la transparence
Transparence budgétaire et lutte contre la corruption
Renforcer les institutions de contrôle et appliquer strictement les lois contre la corruption pour préserver les ressources publiques est un gage de l’équilibre budgétaire.
Aussi, la publication régulière des rapports sur l’utilisation des fonds publics est également, nécessaire pour renforcer la confiance des citoyens et des bailleurs de fonds.
En appliquant ces mesures de manière rigoureuse et cohérente, le gouvernement pourra non seulement respecter ses engagements, mais aussi renforcer la stabilité économique et sociale, tout en consolidant la crédibilité de l’État auprès des partenaires internationaux et des citoyens.
BBF