Balla Gaye 2, Yekini, Gris Bordeaux et Bombardier dans un «Big Four»: Le pari fou de Gaston Mbengue et Aziz Ndiaye !
Les promoteurs Aziz Ndiaye et Gaston Mbengue caressent le rêve de réunir dans un « Big Four » les « gros bras » Balla Gaye 2, Yékini, Bombardier et Gris Bordeaux ! Reste à savoir si les deux parties sauront accorder leurs violons notamment sur la question financière. Sans compter qu’une compétition de cette envergure pourrait se révéler très coûteuse pour leurs organisateurs.
Yékini, Balla Gaye 2, Gris Bordeaux et Bombardier dans un même tournoi de lutte ! C’est le souhait des promoteurs Aziz Ndiaye et Gaston Mbengue qui entendent fédérer leurs forces pour co-organiser ce «Big Four» parti pour être inédit dans l’histoire de la lutte.
Et selon Aziz Ndiaye, les quatre ténors auraient déjà donné leur accord de principe pour prendre part à une telle compétition. Reste donc à régler la question des cachets et c’est là, justement, le plus difficile. Car une chose est d’obtenir l’accord verbal des principaux concernés, mais c’en est une autre beaucoup plus complexe de trouver un « gentleman agreement » autour de leurs émoluments. Qui plus est, l’organisation d’un tournoi de cette dimension requiert beaucoup de moyens financiers. Et c’est sans doute la raison pour laquelle Gaston Mbengue et Aziz Ndiaye qui étaient des concurrents il n’y a pas longtemps, se sont associés pour tenir ce gala. Pour la tenue d’un seul combat, Luc Nicolaï avait dû verser en 2012, à Balla Gaye 2 et Yékini 300 millions de FCfa au titre des cachets. Sans compter les frais d’organisation.
C’est dire encore une fois les moyens colossaux qu’il faudra au « Don King sénégalais » et au « benjamin des promoteurs » pour réaliser leur rêve fou. L’union fait la force, dit l’adage. Mais même associés, les deux hommes d’affaires auront-ils suffisamment d’arguments financiers pour organiser ce tournoi des « quatre grands » à l’heure où les sponsors se raréfient dans l’arène ? Les « gros bras » sont-ils prêts à revoir à la baisse leurs prétentions financières afin de faciliter la tenue de ce plateau de rêve ? Autant de questions dont les réponses seront déterminantes dans la suite à donner à ce projet. En tout cas, les deux parties donnent l’impression d’y trouver leurs comptes. D’abord les promoteurs, pour avoir entrepris des démarches auprès des lutteurs, en espérant fructifier leurs investissements ; ensuite les acteurs eux-mêmes inquiets à la perspective de passer une année…morose.
C’est dire qu’ils ont tous intérêt à trouver un terrain d’entente pour leur plus grand bien et celui des amateurs. Pour ces derniers sevrés de grandes affiches depuis le début de la saison, le montage de ce tournoi serait, sans doute, accueilli avec beaucoup de satisfaction.
Il faut dire que l’idée de réunir quatre « Vip » dans une même compétition ne date pas d’aujourd’hui. En 2013 déjà, Aziz Ndiaye avait émis son souhait de tenir un « Big Four » ayant comme protagonistes Balla Gaye 2, Tapha Tine, Eumeu Sène et Modou Lô.
Mais faute de moyens et d’accord, le gala n’avait finalement pas eu lieu. En revenant à la charge deux ans plus tard, avec à ses côtés son ancien concurrent, celui qui se fait appeler « le benjamin des promoteurs » a, peut-être, tiré les leçons de ce qui avait fait capoter cette première tentative. Et ce ne sont pas les fins de non-recevoir de Modou Lô et Eumeu Sène qui vont refréner les ardeurs des deux « match-makers » décidés à réaliser leur rêve.
Le chef de file de l’écurie Rock Energie et l’ex-n°2 de la Génération « Boul Faalé » ont refusé toute idée de plafonner les cachets à 50 millions de FCfa, quitte à ne pas prendre part à cette compétition.
Que de contentieux a vider ! Que de retrouvailles et de comptes à régler !
S’il y a des gens qui souhaitent que ce tournoi des quatre ait lieu, ce sont bien les ténors concernés, sans doute angoissés à l’idée de passer une année blanche. Au premier chef, il y a Yékini qui peine, depuis sa défaite historique en avril 2012 contre Balla Gaye 2, à sceller son retour dans l’arène. Pour le chef de file de l’écurie Ndakaru qui sollicite depuis lors des affiches-chocs, l’organisation de cette compétition serait une occasion en or de faire d’une pierre, deux coups : prendre sa revanche sur son seul bourreau à ce jour et reprendre sa couronne pour un nouveau départ de sa longue carrière riche de 20 victoires et une seule défaite. Mais cet objectif pourrait vite se heurter à l’ambition de ses trois autres adversaires qui aimeraient, comme lui, monter au terme du ce tournoi, sur le toit de l’arène. D’autant que Gris Bordeaux, Bombardier et Balla Gaye 2 ont des contentieux à régler aussi bien avec lui qu’entre eux.
Le seul tombeur de Yékini, Balla Gaye 2, aimerait prouver face au pensionnaire de l’écurie Ndakaru qu’il n’avait pas usurpé sa victoire. De même qu’il voudrait prendre sa revanche sur Bombardier qui lui a fait perdre la couronne, battre Gris Bordeaux pour reprendre son titre de roi des arènes vendangé après seulement une année de règne. Patron incontesté de la lutte depuis deux saisons, le « B52 » mbourois aurait, lui aussi, l’occasion inespérée de laver son honneur bafouée par Yékini et Gris Bordeaux qui lui ont, à eux seuls, infligé 4 défaites ! Enfin, Gris Bordeaux qui est dans une dynamique de victoires depuis deux saisons, ne viserait rien d’autre que le fauteuil. Des quatre lutteurs, le Fassois est le seul à n’être pas encore monté sur le trône. En même temps, le « troisième tigre » aimerait remettre les pendules à l’heure face à son rival de l’écurie Ndakaru qui l’a battu en 2009.
Comme le tournoi de la Tnt (Télévision numérique terrestre) l’année dernière – qui n’a d’ailleurs pas encore livré son verdict final – ce « Big Four » devrait, du coup, être un véritable régal pour les amateurs, au vu des nombreux contentieux que doivent régler les protagonistes. Pourvu seulement que lutteurs et promoteurs trouvent un accord.
Vivement des concessions de part et d’autre !
Alors que les principaux sponsors de l’arène se font désirer depuis maintenant trois saisons, des concessions s’avèrent nécessaires autant chez les promoteurs que chez les lutteurs, pour organiser ce « Big Four ». C’est le prix à payer pour concrétiser enfin ce vieux rêve que tous les acteurs appellent de leur vœu. A défaut, ce souhait risque de n’être qu’un simple vœu pieux ; comme ce fut le cas déjà lors d’un passé récent. Les promoteurs Aziz Ndiaye et Gaston Mbengue, initiateurs de ce « tournoi des quatre grands », et les lutteurs concernés ne devront pas, cette fois, permettre que l’aspect pécuniaire compromette le projet ; comme c’est souvent le cas. Pour cela, les premiers devront s’abstenir de toute idée de plafonnement des cachets. C’est connu, celle-ci constitue la question qui fâche. D’ailleurs, c’est ce qui a motivé les désistements prématurés des lutteurs Eumeu Sène et Modou Lô de cette compétition.
Quant aux quatre ténors qui auraient donné leur accord de principe, ils devront aussi être dans des dispositions de revoir leurs prétentions financières à la baisse ; étant donné que le contexte a fortement changé avec le départ des bailleurs de la lutte. D’ores et déjà, il faut saluer l’état d’esprit des deux parties qui, manifestement, semblent être prêtes à trouver un compromis. En attendant de les juger à l’œuvre. En tout cas, les amateurs ont hâte de voir « ces gros bras » en lice dans un même tournoi. Un « Big Four » qui devrait faire de cette saison l’une des plus remplies ; dans la mesure où chaque protagoniste livrerait à lui seul, trois combats.
Un tournoi comme celui qui avait consacré Manga 2 …
Au début des années 80, l’instance nationale de la lutte avait organisé un grand tournoi pour désigner le « roi des arènes ».
En lice, il y avait les ténors d’alors, Manga 2, Birahim Ndiaye, Mor Fadam et autre Toubabou Dior qui régnaient en maître dans l’arène. Et c’est l’ancien chef de file de l’écurie sérère qui a finalement été couronné au terme de cette compétition. C’est d’ailleurs le seul titre de « roi des arènes » reconnu officiellement par le Comité national de gestion (Cng) de lutte.
La différence avec ce « Big Four » que sont en train de démarcher Aziz Ndiaye et Gaston Mbengue est que c’est l’instance nationale de la lutte qui avait elle-même organisé ce tournoi ; alors que cette fois, ce sont des promoteurs privés qui en sont les initiateurs. En outre, l’organisation de cette compétition ne nécessitait pas à l’époque beaucoup de moyens, puisque les cachets des lutteurs avoisinaient à peine le million de FCfa. Tout le contraire d’aujourd’hui, où ceux-ci dépassent la centaine de millions de FCfa.
Le seul « roi des arènes » n’a pas pu répondre à nos sollicitations
Seul « roi des arènes » officiellement reconnu par le Cng de lutte, Manga 2 était ciblé pour donner son avis sur ce tournoi qui pourrait lui désigner un successeur sur le trône. Mais « au volant et coincé dans les embouteillages », il n’a pu répondre à nos multiples sollicitations.
Fin de la controverse autour du titre de roi des arènes : Ce n’est pas demain la veille
Si l’objectif de Gaston Mbengue et Aziz Ndiaye à travers ce « tournoi des quatre grands » est de trancher le débat autour de la question controversée du « roi des arènes », c’est perdu d’avance. Ecartés de cette question par les initiateurs, Modou Lô et Eumeu Sène pourront toujours refuser au futur vainqueur de cette compétition son statut de patron de la lutte.
Ce n’est pas demain la fin de la controverse autour du titre de « roi des arènes ».
Laissés à quai, pour une raison ou pour une autre, par les promoteurs Gaston Mbengue et Aziz Ndiaye, les ténors Eumeu Sène et Modou Lô pourront toujours contester, au futur champion du « Big four », le statut de « roi des arènes ». Avec arguments à l’appui. Récent tombeur de Balla Gaye 2 (pour la deuxième fois d’ailleurs) avec la manière, le leader de « Tay Shinger » ne peut accepter qu’un Yékini soit son roi des arènes ; alors que ce dernier a été battu par sa victime de Guédiawaye.
Il pourra également réfuter, en toute logique, tout couronnement du fils de Double Less ou du « troisième tigre de Fass », pour avoir battu ces deux ténors. Ou encore celui de Serigne Ousmane Dia dit Bombardier avec qui il n’a pas encore croisé le fer mais dont il a pris le dessus sur son tombeur Gris Bordeaux. Les mêmes arguments pourront être convoqués par Modou Lô, notamment à l’endroit de Gris Bordeaux qu’il a défait en 2013 et dans une moindre mesure vis-à-vis de Yékini qu’il n’a pas affronté à ce jour. En tout cas, si l’objectif des initiateurs du tournoi des quatre est de trancher le débat sur la question du roi, c’est raté d’avance. A moins qu’ils n’aient eu le parrainage du Comité national de gestion (Cng) de la lutte, seul habilité à attribuer le titre de « roi des arènes » ; ce qui n’est apparemment pas le cas (Cf. intervention du chargé de communication Thierno Kâ).
Et dans ce cas, il faudra définir des critères de sélection objectifs pour le choix des lutteurs devant figurer dans ce « Big four ».
A ce jour, le seul « roi des arènes » officiellement reconnu par l’instance dirigeante de la lutte est Manga 2.
Balla Gaye 2, Yekini, Gris Bordeaux et Bombardier dans un « Big Four » – Gaston MBENGUE, co-promoteur« Après le Gamou, nous allons trancher définitivement »
Un des deux promoteurs (avec Aziz Ndiaye) du « Big Four » qui peine à être monté, Gaston Mbengue, n’en peut plus des tergiversations de certains lutteurs ciblés. En tout cas, il a annoncé qu’après le Gamou célébré ce soir, la question de la tenue ou non de ce tournoi sera définitivement tranchée.
« L’objectif de ce tournoi des quatre était de sauver l’arène. En effet, Aziz Ndiaye et moi avons pensé à une nouvelle formule pour sortir l’arène de cette crise. Mais là, on en a marre ! Il y a des mécontents qui en profitent pour déverser leur bile sur nous. Je ne mérite pas d’être traité ainsi après tout ce que j’ai fait pour la lutte. Mieux vaut qu’on arrête tout. Car je n’accepte pas qu’on me manque de respect. J’en ai parlé avec Aziz Ndiaye ; et d’ailleurs, après le « Gamou », nous allons prendre définitivement une décision. Vous savez, il y a beaucoup d’hypocrisies dans le milieu et c’est regrettable.
De mon point de vue, je trouve que 50 millions de FCfa, c’est un cachet trop important par ces temps-ci. Notre proposition était que pour chaque combat livré, le ténor empoche 50 millions de FCfa. A la fin, les quatre lutteurs auraient en tout 150 millions de FCfa. Mais certains disent que ce n’est pas raisonnable. Attention, je ne parle pas de Yakhya Diop Yékini et Gris Bordeaux qui ont déjà donné leur accord. Les autres ne font que du bruit. Et je ne céderai pas à la pression. J’ai assez sacrifié ma famille à cause de mon amour pour la lutte. De toutes les façons, après le « Gamou », nous allons trancher définitivement cette question. Si les lutteurs reviennent à de meilleurs sentiments, nous allons organiser le tournoi, sinon je retourne à mes affaires personnelles. D’ailleurs, j’ai arrêté d’organiser des combats. C’est Aziz Ndiaye qui m’a convaincu de revenir pour juste ce tournoi afin de sauver l’arène ».
Thierno KA – Chargé de communication du CNG : « Une bonne idée (…) mais il y a un problème »
Une compétition du genre que Gaston Mbengue et Aziz Ndiaye veulent organiser ne peut être qu’une bonne chose pour l’arène qui n’est pas du tout en crise. Tel est l’avis de Thierno Ka, chargé de la Communication du CNG. Cependant, tout n’est pas encore réglé en amont et les contours du tournoi restent flous.
« Le tournoi des quatre est une bonne idée. D’ailleurs ce n’est pas la première fois qu’un promoteur organise ce genre de compétition. Gaston Mbengue l’avait fait, de même que la Rdv avec l’Aréna Tour. Par contre je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que l’arène est en crise. Ce n’est pas parce que les ténors n’ont pas de combats, que la lutte est finie. La preuve beaucoup de duels ont été ficelés. J’estime que l’arène se porte bien. Si vous parlez des ténors, là c’est un autre débat. Le problème se pose surtout au niveau des cachets. Celui qui ne veut pas lutter pour 50 millions, peut aller chercher autre chose. C’est très simple. 50 millions, cela ne court pas les rues. Il faut que les gens sachent raison garder. J’ai toujours dit que les cachets ont flambé très vite. Et je pense que 50 millions est un cachet raisonnable. Concernant le titre de « roi des arènes », je ne crois pas que le tournoi va régler le problème. La compétition qui a sacré Manga 2 « roi des arènes » avait été organisée à l’époque du présent Béye. Et quand nous sommes arrivés aux affaires, il avait déjà son titre. Mais, le Cng n’a jamais organisé un tournoi pour déterminer le « roi des arènes ».
C’est vrai, si l’on juge le palmarès de Yakhya Diop Yékini, on ne peut pas faire mieux. Son parcours est extraordinaire. Pour ce tournoi du « Big Four », les critères n’ont pas été définis par ses promoteurs Gaston Mbengue et Aziz Ndiaye. S’ils disent qu’ils ciblent les lutteurs qui ont déjà été « roi des arènes » c’est-à-dire Yakhya Diop Yékini, Bombardier et Balla Gaye 2, le quatrième Gris Bordeaux ne l’a pas été.
Donc il y a un problème. L’autre question est comment organiser le tournoi ? Les promoteurs n’ont pas encore avisé le Cng mais après discussion je pense que nous allons trouver un modus operandi».
Par Diégane SARR et Absa NDONG
Le Soleil