Aywaa ! Maa Am Piriyoorite: (En avant ! c’est moi qui ai la priorité (ou la primauté)

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La démocratie libérale est présentée comme le modèle idéal définitif d’une organisation sociétale, l’étendard ultime d’une mode politique vers laquelle tous doivent tendre. Du moins si l’on en croit le penchant du professeur Francis Fukuyama, d’où son livre La fin de l’histoire ou le dernier homme. Pour lui, en ce qui concerne la première partie du titre, « la progression de l’histoire humaine, envisagée comme un combat entre des idéologies, touche à sa fin avec le consensus sur la démocratie libérale qui tendrait à se former après la fin de la guerre froide » et, pour la deuxième, il exprime « ses inquiétudes face aux progrès des biotechnologies et en particulier de leurs applications possibles sur l’être humain. Parce qu’elles seront capables de transformer l’homme à un degré insoupçonné jusqu’alors, elles risquent d’avoir des conséquences extrêmement graves sur le système politique. Il est un adversaire résolu du transhumanisme, mouvement appelant de ses vœux de nombreuses évolutions technologiques afin de modifier l’humain et la société, notamment dans le domaine des biotechnologies ».

Les apôtres de la vision primaire du titre veulent donc éparpiller la démocratie libérale à travers une évangélisation alter mondialiste afin d’arriver à un nouvel ordre mondial. Ainsi Monsieur Fukuyama soutiendra-t-il personnellement, dans les années 1980, « l’armement par les États-Unis des djihadistes afghans afin d’infliger le plus grand nombre de pertes aux Soviétiques dans le cadre de la guerre d’Afghanistan ; il a participé activement au Projet pour le nouveau siècle américain, lancé en 1997 ; il a signé une pétition recommandant au président Bill Clinton de renverser le dictateur irakien Saddam Hussein ; il a cependant désapprouvé l’invasion de l’Irak dans son principe et telle qu’elle a été réalisée, et a appelé à la démission de Donald Rumsfeld du secrétariat à la Défense. Cela ne l’a pas empêché, en 2004, de servir l’administration Bush en tant que membre du Conseil présidentiel de bioéthique. Il préconise aujourd’hui en relations internationales la promotion de la démocratie par le soft power et annonce le grand retour des réalistes après le départ de George W. Bush ». Ces étapes, qui trahissent des tergiversations, prouvent, dans une certaine mesure, que cette vision semble pécher sur beaucoup de points essentiels puisqu’elle fait fi, entre autres, de la prise en compte de la diversité culturelle et semble éblouie par l’espèce d’uniformité superficielle que présentent les gadgets de consommation à travers la planète grâce aux grands concessionnaires et aux multinationales. Dans les landaus de ces-dits gadgets, des droits et mœurs sont imposés sous ce mode de gouvernance qui organise des élections sur la base de majorités relatives et de périodes bien définies pour que l’élu parte, peu importe son apport, puisque le temps est la seule constante, le seul critère qui vaille, au détriment de tout bon sens. Pourtant Platon en personne nous a mis en garde contre cette marchandise poudreuse qu’est la démocratie que l’on agite devant nos yeux, reflet diamantin de la lune sur le dos étale du lac devenant miroir dans les yeux de Narcisse. En effet, pour le grand philosophe, « c’est la démocratie qui a condamné Socrate à la peine capitale. C’est elle également qui porte la responsabilité de la guerre interminable contre Sparte, sombre décor de sa jeunesse. Sans même évoquer les manipulations des démagogues, la culture des tribunaux ni les débats interminables (ou mal terminés) qui l’animent, les raisons ne manquent pas de la critiquer. Or, si Platon la prend régulièrement pour cible, ce n’est pas au nom de considérations historiques et politiques de ce type. Son principal grief est philosophique : de son point de vue, c’est le modèle sur lequel la démocratie repose, – la conception de l’homme et du savoir sous-jacent –, qui est indexé. Les problèmes factuels, historiques, ne sont que les symptômes de postulats théoriques (implicites) qu’il identifie au gré des analyses. Platon critique la démocratie parce qu’elle ne peut rien produire d’autre que cela. » (Cf. Marc-Antoine Gavray, Dossier : Embarras de la démocratie). C’est pourquoi il dit : « Lorsqu’une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s’enivre de ce vin pur au-delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d’être des criminels et des oligarques. Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite d’hommes serviles et sans caractère ; par contre, elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l’air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air de gouvernants. N’est-il pas inévitable que dans une pareille cité l’esprit de liberté s’étende à tout ?  Qu’il pénètre […] dans l’intérieur des familles ? Que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque et l’étranger pareillement.  Voilà ce qui se produit, et aussi d’autres petits abus tels que ceux-ci : Le maître craint ses disciples et les flatte, les disciples font peu de cas des maîtres et des pédagogues. En général les jeunes gens copient leurs aînés et luttent avec eux en paroles et en actions ; les vieillards, de leur côté, s’abaissent aux façons des jeunes gens et se montrent pleins d’enjouement et de bel esprit, imitant la jeunesse de peur de passer pour ennuyeux et despotiques. […] Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu’ils rendent l’âme des citoyens tellement ombrageuse qu’à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s’indignent et se révoltent ? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s’inquiéter des lois écrites ou non écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. Eh bien ! C’est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie.  Le même mal qui, s’étant développé dans l’oligarchie, a causé sa ruine, se développe ici avec plus d’ampleur et de force, du fait de la licence générale, et réduit la démocratie à l’esclavage ; car il est certain que tout excès provoque ordinairement une vive réaction. Ainsi, l’excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans l’individu et dans l’État » (Cf. Platon, La république).  Et le Livre d’Urantia n’est pas plus tendre, qui dit dans son Fascicule 71, Développement de l’État : « Bien que la démocratie soit un idéal, elle est un produit de la civilisation et non de l’évolution. Allez lentement ! Choisissez soigneusement ! Car voici les dangers de la démocratie : 1) La glorification de la médiocrité. 2) Le choix de dirigeants ignorants et vils. 3) L’incapacité de reconnaitre les faits fondamentaux de l’évolution sociale. : Le danger du suffrage universel aux mains de majorités frustes et indolentes. 4) L’asservissement à l’opinion publique ; la majorité n’a pas toujours raison… L’opinion publique, l’opinion commune, a toujours retardé la société. Elle est néanmoins précieuse, car, tout en freinant l’évolution sociale, elle préserve la civilisation. L’éducation de l’opinion publique est la seule méthode saine et sure pour accélérer la civilisation. La force n’est qu’un expédient temporaire, et la croissance culturelle sera d’autant plus accélérée que les balles de fusil cèderont la place aux bulletins de vote. L’opinion publique (les mœurs) est l’énergie fondamentale et originelle dans l’évolution sociale et le développement de l’État ; mais, pour avoir une valeur pour l’État, il faut que son expression soit dépourvue de violence. »

Ainsi, la démocratie, qui exhibe un costume ou une robe splendide de mariée pour en en revêtir la Liberté, veut dicter au monde entier sa voie. L’Iraq est passé par ce labyrinthe de plans et de circonstances. La Lybie est passée par là, succombant au tsunami du Printemps arabe avec ses remous en Tunisie, en Égypte, en Syrie et au Yémen. Présentement, on parsème la planète de mottes de paille sèche à gauche comme à droite pour faciliter la propagation de l’étincelle qui aboutira à l’incendie nucléaire, extincteur de la vie sur terre, comme si la paix, trop en abondance et suffoquant sous le joug de la tranquillité, devait embrasser l’euthanasie pour avoir trop longtemps vécu.

Les évènements récents qui ont eu lieu dans le Bureau ovale de la Maison Blanche en sont des ramifications, lianes nées dans la jungle ukrainienne de la démocratisation face à une Russie — dictatrice ? — à qui l’on veut dicter la voie à suivre, jusqu’à celle de la déperdition des valeurs et mœurs qui semble faire partie des poids de mesure du degré démocratique d’une nation à l’heure actuelle. En effet tout le monde parle — droit à l’expression exige — et la vérité est devenue relative, puisque partisane en toutes circonstances et à tous les niveaux. Cet état des lieux est dangereux dans la mesure où il amenuise la possibilité de dialogue qui ne peut être que celui de sourds. En pareilles circonstances, ne reste alors que la voie la plus probable solution : la voix des canons. Il y a un retour évasif d’une ramification de la bipolarité de jadis avec un coté Zelenski-Occident et le côté Poutine puisqu’une vision belliqueuse, sourde et propagandiste range Trump à coté de ce dernier, offrant une collusion à travers l’historique de recherches sur les possibles voyages de celui-ci en Russie au début des années 1990. Pour qui sait lire entre les lignes, il faut bien analyser ce que l’on retransmet en boucle de sa déclaration de politique générale sur certaines chaînes : des pièces coupées au ciseau de la propagande. On s’appuie sur le fait qu’il a rendu grâce à Dieu pour avoir échappé à un assassinat afin de le présenter comme un illuminé, un dangereux messie autoproclamé. Mais on ne présente rien de son appel au bon sens qui proclame seulement deux sexes aux États Unis, sonne le glas du support officiel du mouvement LGBTQI+, de la participation de transgenres dans des évènements sportifs dédiés à un genre unique, la fin de la couverture des opérations transgenres dans l’armée… Autant de viatiques ou épée de Damoclès dans le fourreau de certains chefs d’État auprès de leurs paires africains comme Obama et Trudeau auprès du Président Macky Sall au Sénégal, sans compter des émissaires plantant un tam-tam de victoire du mariage homosexuel dans l’arène du devenir de notre nation. Sur ces chaînes, n’est débattue non plus la fin décrétée du wokisme et l’appel plein d’espoir lancé à une jeunesse qui ne savait plus sur quel pied danser, encore mois sur le fait qu’une négociation de cessez-le-feu immédiat est plus logique et arrêterait sans césure la voix des mitrailleurs et l’aile incolore des drones au-dessus des plaines ukrainiennes ou russes, contrairement à des pourparlers sécuritaires qui verraient des milliers de morts avant un consensus ou un accord.

Mais l’attitude de Zelenski ne devrait surprendre personne, si l’on a suivi l’interview par un journaliste de la délégation du Président Macron à bord de son avion sur la route des États Unis, quelques heures avant cette fameuse rencontre américano-ukrainienne. Cette interview donne l’amer goût fade que le côté occidental a dicté à Zelenski ce qu’il fallait dire ; de ne pas se montrer faible, comme à Istanbul on l’avait empêché de signer un accord avec la Russie. L’acteur est rarement maître d’ouvrage et personne ne pourrait mieux se sentir dans sa peau dans ce rôle que le Président ukrainien, puisqu’issu de l’écran des téléviseurs. Mais ce plan proposé, ce cessez-le-feu, encore une fois, peut s’obtenir rapidement et éviter la perte de vies, une perte déjà très lourde pour les deux camps, mais plus dramatique pour l’Ukraine, ce que les va-t-en-guerristes tentent de cacher par une propagande bien nourrie, propagande le long de laquelle les bombes russes ne frappent jamais une armée, mais un théâtre, une école, un jardin d’enfants, une bibliothèque ou un musée à la sauce vieillards ou enfants frêles tenant une poupée entre les mains comme buffet à la table bien garnie de la haine contre le russe devant des caméras. Justement, n’a-t-on pas dit que si nécessaire il faut se battre jusqu’au dernier ukrainien ? Compréhensible, si c’était une pensée initiale venue de la bouche d’un ukrainien, preuve de patriotisme et de courage. Mais non ! c’est dans celle de gens dont le peuple dort tranquille et vaque aux activités journalières et qui forcent les enfants de l’autre à aller se faire massacrer. Pour quelle cause ?

N’est-il pas temps que les ukrainiens se posent la même question que les Tirailleurs Sénégalais par la plume de Senghor dans les affres d’une guerre qui n’était pas forcément la leur : « … Et si on nous avait trompés ? … », car il nous est vendu que l’Ukraine se bat pour la défense de toute l’Europe ; que les États Unis devraient se réveiller et quitter l’idyllique tranquillité enrobée le cocon d’un grand océan qui les sépare du continent européen… Pour cela il faut, faute de sa présence, déployer une force de maintien de la paix pour garantir la sécurité de l’Ukraine et, partant, celle de l’Europe, un plan mesquin de forces indirectes de l’OTAN aux portes de la Russie. Pourtant c’est ce point qui constitue la cause principale de la discorde qui a mené à l’opération dite spéciale. L’on peut donc se demander si cette force est force de maintien de la paix ou force-allumette pour accélérer l’éclatement de la troisième guerre mondiale. Car, qui peut garantir qu’il n’y aura pas un jour une bévue, d’un camp ou de l’autre, torchon sur les vannes au contenu inflammable déjà percées de l’enfer ? Et l’humanité retournera aux prétemps du monde, vers ce jour où le poète se lamentait :  Ah ! Là-bas l’orage soudain, c’est l’incendie des côtes blanches de la blanche paix de l’Afrique mienne. / Et dans la nuit où tonnent de grandes déchirures de métal, entends plus près de nous, sur trois cents kilomètres, tous les miaulements félins des balles, / Entends les rugissements brefs des canons et les barrissements des pachydermes de cent tonnes. / Est-ce l’Afrique encore cette côte mouvante, cet ordre de bataille, cette longue ligne rectiligne, cette ligne d’acier et de feu ?… / Mais entends l’ouragan des aigles-forteresses, les escadres aériennes tirant à pleins sabords / Et foudroyant les capitales dans la seconde de l’éclair. Et les lourdes locomotives bondissent au-dessus des cathédrales / Et les cités superbes flambent, mais bien plus jaunes, mais bien plus sèches qu’herbe de brousse en saison sèche. / Et voici que les hautes tours, orgueil des hommes, tombent comme les géants des forêts avec un bruit de plâtras / Et voici que les édifices de ciment et d’acier fondent comme la cire molle aux pieds de Dieu. / Et le sang de mes frères blancs bouillonne par les rues, plus rouge que le Nil – sous quelle colère de Dieu ? / Et le sang de mes frères noirs les Tirailleurs sénégalais, dont chaque goutte répandue est une pointe de feu à mon flanc. / Printemps tragique ! Printemps de sang ! Est-ce là ton message, Afrique ?… / Oh ! Mon ami – ô Comment entendrai-je ta voix ? Comment voir ton visage noir si doux à ma joue brune, à ma joie brune / Quand il faut me boucher les yeux et les oreilles ? » (L. S. Senghor, Chant de printemps – à une fille noire au talon rose – Hosties noires).

Waly Latsouck Faye

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