Ape : Les réticences et les accords intérimaires inquiètent la Cedeao
La marche de l’Afrique de l’Ouest vers les Accords de Partenariat économique (Ape) ne se passe pas comme l’aurait souhaité le Président de la commission de la Cedeao. En effet, quand certains Etats semblent encore réticents, d’autres signent des accords intérimaires de leur côté. Ce qui fait désordre.
« À ce jour, 13 États membres de la Cedeao sur les 15 ont signé l’Ape régional. Le Nigéria et la Gambie ne l’ont pas encore signé. La Mauritanie, partie prenante de l’Ape régional, quant à elle, attend encore la conclusion d’un accord de coopération avec la Cedeao. Vous convenez avec moi que si cela devrait advenir, la signature d’Ape intérimaires par la Cote d’ivoire et le Ghana constituerait une menace pour l’intangibilité du Tec dans notre communauté, car la mise en œuvre autorisera à terme l’entrée sur le marché communautaire des produits européens à des droits de douane préférentiels, différents de ceux du Tec », a signalé le Président de la commission de la Cedeao, Marcel de Souza.
Pour le cas du Nigéria, c’est le syndicat des industriels du pays qui craint un démantèlement de l’industrie naissante. « Au Nigéria, il y a une industrie naissante. Il y a un syndicat qui n’est pas convaincu que l’ouverture de notre marché aux produits européens ne va pas étouffer l’industrie naissante au Nigéria. Réserves que nous avons intégrées dans l’accord que nous avons signé. Mais malgré cela, il y a une sorte de crainte de venir étouffer l’industrie naissante. Nous avons rencontré ce syndicat. Mais à chaque fois que nous discutons avec lui, nous ne sommes pas arrivés à dissiper totalement leurs craintes. Connaissent-ils exactement toutes les clauses des Ape ? C’est la question que nous nous posons dans la mesure où tous les 5 ans, nous pouvons revenir sur les différents éléments », assure-t-il.
En ce qui concerne les accords intérimaires dans lesquels se sont engagés la Cote d’Ivoire et le Ghana, le Président de la Commission de la Cedeao en liste les dangers : « C’est vrai qu’on a prévu que la signature de l’accord régional va rendre caduque l’accord intérimaire. Mais quelle est la conséquence aujourd’hui de l’accord intérimaire ? Cela veut dire que dans notre zone, il y aura des tarifs différents. Parce que le Ghana et la Cote d’Ivoire vont négocier des tarifs différents pour l’entrée des produits européens sur notre marché. Cela crée une cassure dans la solidarité que nous devons entretenir », avertit-il.
Aujourd’hui, le souhait ardent de Marcel de Souza, c’est que tous les 15 Etats, ainsi que la Mauritanie, signent l’accord avant ce mois d’octobre. Car le contraire pourrait, de son avis, mettre en mal la cohésion communautaire. « Si on n’arrive pas à le faire, cela veut dire que notre cohésion est en mal. Le président Buhari a dit qu’il va essayer de prendre des dispositions dans les délais pour arriver à faire accepter au secteur privé de son pays cet accord. Y parviendra-t-il ? En tout cas il y a encore des réticences. Si nous voulons rester cohérents, si nous voulons montrer notre cohésion en Afrique de l’Ouest, il importe que rapidement cet accord soit signé. S’il n’est pas signé, il y aura des tarifs différents suivant l’entrée que vous prenez dans notre zone », avertit-il.