Apurement de la dette intérieure et pacte social: Le gouvernement face aux défis de la relance et de la cohésion nationale

Lors du Conseil des ministres de ce mercredi 5 mars, le président Bassirou Diomaye Faye a annoncé des mesures économiques et sociales majeures, avec en priorité l’accélération de l’apurement de la dette intérieure et la mise en place d’un pacte de stabilité sociale. Face aux tensions économiques et politiques grandissantes, ces initiatives visent à redonner confiance aux acteurs économiques et à préserver la cohésion nationale.
Une dette intérieure asphyxiante pour l’économie
Le Sénégal fait face à une dette intérieure alarmante, notamment dans le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP), où les arriérés dépassent 1 000 milliards de FCFA. Cette situation a engendré des retards de paiement, mettant en difficulté de nombreuses entreprises et paralysant des chantiers d’infrastructures majeurs.
Conscient de l’urgence, le président Faye a instruit le Premier ministre et le ministre des Finances d’accélérer le règlement des créances auditée, afin de permettre une relance rapide des entreprises impactées et d’éviter des faillites en cascade.
« Le oui, mais »…du patronat
Les organisations patronales, notamment le Conseil National du Patronat (CNP) et la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (CNES), ont salué cette annonce. Toutefois, elles appellent à une répartition équitable des remboursements et à des réformes structurelles pour éviter un nouvel endettement massif.
Dans ce cadre, les chefs d’entreprise insistent sur la nécessité d’adopter une loi sur le patriotisme économique, afin de privilégier les entreprises nationales dans les marchés publics et réduire la dépendance aux importations.
Un pacte social pour apaiser les tensions
Au-delà des enjeux économiques, le gouvernement veut instaurer un climat social apaisé. Le président Bassirou Diomaye Faye a ainsi plaidé pour un Pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique, destiné à garantir un dialogue constant entre l’État, les employeurs et les travailleurs.
Ce pacte s’articule autour de trois engagements clés : Renforcer le dialogue social pour anticiper et gérer les conflits, améliorer les conditions de vie des Sénégalais en luttant contre la cherté de la vie, garantir une croissance plus inclusive, afin que tous les secteurs de la société bénéficient des avancées économiques.
Dans un contexte où Ramadan et Carême coïncident cette année, le chef de l’État voit cette période comme une opportunité de renforcer l’unité nationale et d’ancrer un climat de paix durable basée sur la dissipation des défis persistants comme le règlement des tensions sociales et des incertitudes politiques
Licenciements et contestations syndicales en ambiscade
Si l’apurement de la dette intérieure est une avancée, les tensions sociales restent vives. Des organisations syndicales, comme le Rassemblement des Travailleurs du Sénégal (RTS), dénoncent des licenciements massifs et des rétentions de salaires, qualifiant ces actions de « purges politiques ».
Leurs revendications portent notamment sur : la réintégration des travailleurs licenciés sans motif valable, l’arrêt des suppressions de postes jugées abusives, la mise en place d’un cadre de protection de l’emploi, notamment dans le secteur public et une meilleure prise en charge des travailleurs affectés par la crise économique.
Hausse des prix et détresse des producteurs locaux
Autre sujet de préoccupation : la flambée des prix des produits de première nécessité, qui frappe de plein fouet les ménages sénégalais en cette période de jeûne religieux (Ramadan et Careme). Paradoxalement, les producteurs maraîchers peinent à écouler leurs récoltes, souffrant d’une concurrence accrue des produits importés.
Face à cette situation, les organisations de consommateurs demandent des mesures fortes contre la spéculation, tandis que les agriculteurs réclament des moyens de conservation de leurs récoltes et une meilleure organisation des circuits de distribution pour valoriser la production locale.
Une situation politique sous tension
Enfin, le climat politique devient de plus en plus électrique. Des voix s’élèvent contre ce qui est perçu comme une « chasse aux sorcières » au sein de l’administration et un glissement vers une instrumentalisation de la justice.
Dans ce contexte, de nombreux observateurs estiment que la réussite des réformes économiques dépendra d’une gouvernance plus inclusive et d’un dialogue politique sincère.
Vers une relance durable ?
L’apurement de la dette intérieure et la mise en place d’un pacte de stabilité sociale sont des signaux forts envoyés par le gouvernement. Toutefois, pour être pleinement efficaces, ces initiatives doivent être accompagnées de réformes structurelles et d’un engagement réel pour la justice sociale et politique.
La relance économique et la paix sociale passent par une approche qui englobe: une transparence totale dans l’apurement de la dette, un soutien accru aux travailleurs et aux entreprises locales, une régulation des prix et un accompagnement des producteurs agricoles, un climat politique apaisé, basé sur l’inclusion et le dialogue.
Le Sénégal se trouve,.donc, à un tournant décisif. Un avenir prospère et stable est possible, mais, cela nécessite des décisions justes et une gouvernance équilibrée, dans un esprit de sursaut national où l’intérêt supérieur de la Nation prime sur les considérations partisanes.
En tout état de cause, un Sénégal de paix et de stabilité vaut tous les sacrifices du monde.
Babou Biram Faye