Affaire Karake: Kagame dénonce «l’arrogance» de l’Occident
Au Rwanda, le président rwandais Paul Kagame s’est exprimé au Parlement à l’issue d’une cérémonie au cours de laquelle des juges ont prêté serment. Il a dénoncé « l’arrogance » et « le mépris » de l’Occident après l’arrestation à Londres de son chef des services de renseignement, Emmanuel Karenzi Karake. Le général Karake, personnalité clé du régime rwandais, avait été arrêté à l’aéroport de Heathrow ce 20 juin, en exécution d’un mandat d’arrêt émis par l’Espagne, où il est recherché pour « crimes de terrorisme » alors qu’il était chef des renseignements militaires du FPR de Paul Kagame au lendemain du génocide.
C’est un Paul Kagame très remonté qui s’est exprimé pendant près d’une heure – essentiellement en anglais – face à un parterre d’officiels et de diplomates. Le président rwandais a accusé le Royaume-Uni d’avoir arrêté son chef des renseignements comme « un vulgaire voleur ». Une attitude illustrant selon lui « l’arrogance » des pays occidentaux. « D’abord, a-t-il dit, c’était la France, puis l’Espagne et maintenant c’est le Royaume-Uni, je ne sais pas qui sera le prochain sur la liste de ces pays qui semble-t-il, veulent incommoder, déstabiliser et montrer leur mépris absolu pour le Rwanda et l’Afrique. »
Paul Kagame a aussi ironisé, expliquant que les autorités britanniques avaient dû confondre le général Karake avec un « immigrant illégal ». « Ils nous traitent tous comme ils traitent les immigrants illégaux », a-t-il fustigé.
Il a également accusé les pays occidentaux, dont « les capitales sont remplies de génocidaires », de s’en prendre à ceux qui ont mis fin aux massacres : « Depuis quand sommes-nous devenus des tueurs. Ces mêmes pays ont tué plus de gens que les Africains n’en ont jamais tués. (..) Comment pouvons-nous donner nos vies pour sauver notre pays et notre peuple et finalement devenir des tueurs. » « Nous n’avons pas le pouvoir de l’argent, le pouvoir militaire ou technologique des pays occidentaux, a reconnu Paul Kagame, mais nous avons le pouvoir de protester (…) Comment pouvez-vous soutenir mon développement et me retirer ma dignité en même temps ? »
RFI.FR