«Adja Astou ridiculise l’image même de l’animatrice Tv»
Et je suis d’accord que des erreurs, nous en commettons tous. Mais il y a quelque chose dans les propos de cette dame qui va au-delà de l’erreur banale qu’on puisse facilement oublier. Bien que se réclamant peule, la dame a fait des affirmations gratuites, non fondées, pour insulter toute une communauté. Non seulement son attitude témoigne d’une médiocrité professionnelle intolérable (et qu’on veut qu’on tolère), mais à la limite, elle ridiculise même l’image de l’animateur TV au Sénégal. L’animation médiatique, comme le journalisme, est une profession, un « job », qui s’apprend. Votre déontologie veut bien que, devant l’écran, on se réfère aux faits, au factuel ?
Justement parce que le message médiatique est d’une longue portée et d’un impact sûr. Et jusqu’à preuve du contraire, il n’y a rien dans les propos de la dame qui relève de faits. Il n’y a pas une seule étude qui prouverait que le viol est plus récurrent chez les peuls !!! Et est-ce que le violeur de Tamba qui fait parler de lui est peul même ? Alors, elle se donne le culot d’occuper l’écran de 7Tv pendant un bon moment juste pour se fabriquer un mensonge gratuit, salissant ainsi, à fond, l’image de toute une communauté. Elle revient ensuite le lendemain au même lieu, toute rouge, pour s’excuser. Quelle insulte ! Et on veut juste qu’on pardonne !
Avant Adja, il y a eu les généralisations de l’artiste Ami Colle Dieng. Il y a eu aussi Diop Decroix très récemment, et pendant la période électorale, on a proliféré tas d’insultes dans le web à l’endroit des peuls de ce pays. Tantôt c’est un mécontentement post-électoral, tantôt on ignore véritable la raison. Mais la répétition de ces faits pèse lourd sur la conscience de ceux qui se disent peuls. Tout le monde ne peut pas avaler ce tord en silence. Nous le ruminons et, vu l’amertume, nous ne pouvons que le digérer de la manière la plus lente possible. Ce n’est pas du « zèle », mon cher Laye.
Outre, il faut voir le problème au-delà du prisme ethniciste sous lequel nombre des apologistes (d’Adja) ont interprété la réaction des Haalpulaar jusque-là. On verra bien qu’en vérité la recrudescence d’une telle médiocrité professionnelle ternit l’image de nos medias, en général, et ronge le soubassement de notre solidarité nationale. A la place d’un « maslaa » biaisé, je pense qu’on doit plutôt cultiver le professionnalisme et le sens de la responsabilité. Autrement, nous en souffrirons toujours d’énormes conséquences. Donc il faut pas juger les gens rapidement et désolé d’avoir été long.
Abdoulaye Camara