Adama Gaye : « Au micro de Macron » VU SUR FACEBOOK
Par Adama Gaye
Dans deux jours, de son débit saccadé, sur de son savoir de premier de la classe, recouvert de son aura de président de la 5ème puissance économique (en reflux), Emmanuel Macron prêchera par sa parole les intérêts que son pays, la France, entend poursuivre sur cette vieille terre du Sénégal -et, au delà, en Afrique, dans le prolongement de son discours fondateur de Ouagadougou d’il ya deux mois. Même s’il devra se garder de recevoir, en plein visage, venant d’un inattendu acteur ou secteur le genre de contre-choc qu’il a reçu à Accra face à un Président Ghanéen qui l’a remis à sa place.
Ne nous y trompons néanmoins pas: le prétentieux arrive ici pour perpétuer le projet colonial tel qu’envisagé depuis la Conférence de Berlin de 1884-1885 convoquée dans la nouvelle capitale d’une Allemagne réunifiée et gourmande de conquêtes territoriales aux antipodes. Le Roi Leopold2 de Belgique avait auparavant brutalement montré la voie au Congo. La gestion du Bassin de ce Fleuve qui couve ce méga-territoire éponyme qu’il irrigue en fût le prétexte. Le besoin de trouver, avant Hitler, leur lebensraum, leur espace vital, en fut la raison impérialiste à peine masquée pour les dirigeants européens d’alors. Il s’agissait de réaliser une expansion géographique impérative afin de maintenir leur croissance économique en l’alimentant avec les ressources naturelles et humaines disponibles sur nos terres africaines burinées. Le socle du rêve colonial fut ainsi planté lors de cette conférence diplomatique qui réunit les pays européens, à l’invitation de l’empereur Allemand, Otto Von Bismarck…
Sur place, cartes, équerres (tiens un truc maçonnique!) et crayons en mains, ils dépecèrent et se partagèrent l’Afrique sans se soucier des particularités et unités culturelles ou ethniques. L’essentiel était de transformer des terra nullius en propretés matinales, voire privées comme au Congo.
Autres temps, mêmes réalités. A l’aube de l’année 2018, la France n’a jamais été aussi présente par son contrôle du marché et des logiciels mentaux qui gouvernent ses anciennes colonies, Sénégal en tête.
En y venant théoriquement pour parler d’éducation, sur le mode de la novlangue d’un soft-power, inspiré des thèses de Joseph Nye, Macron, micro, autant que macro-manageur, imbu de la science infuse aura beau jeu de constater que sous la gouverne de son principal interlocuteur, Mickey Sall, son pays fait mieux que les soldats et missionnaires d’antan.
Le colon français a son homme. Son cheval de Troie. Son nouveau gouverneur. Et les résultats se passent de commentaires: les réserves en devises du Sénégal sont toujours dans les coffres de la Banque de France, la principale société de télécommunications locales est Orange, donc française, le port entre les mains de Bollore, son compatriote, comme l’est Thierry Breton, qui, via Atos, garde la haute main sur les services. Le TER, sur facture, l’aéroport Blaise DIAGNE ou les startups françaises trônent et le pétrole, avec Total, allocataire de champs pétroliers secrets, bref c’est la totale…
Macron peut se frotter les mains. Volens nolens, des collabos font remarquablement le (sale mais lucratif) boulot.
Dans les discours grandiloquents qu’il se plaira de prononcer, il peut même se flatter mezzo voce de voir alignés devant lui, le doigt sur la couture de leurs braguettes (si ça ne masque urée chose) le ban et l’arrière ban des serviteurs locaux de son pays. Tous ne rêvant que d’une chose: être vus, comme de doux caniches, au pied de leur maître, l’énième qu’ils se donnent et qui, précisément, les comprends si bien qu’il s’autorise avec délice à accueillir leurs plus hauts représentants avec son propre chien s’ils ne les confinent sur quelque banale terrasse à l’Elysée.
Bienvenue Macron: en néo-colonie sénégalaise, vous verrez même à Saint-Louis avec quelle promptitude servile le buste de Faidherbe tombe sous la furie des éléments fâchés de cette insultante présence a été restaurée par les larbins locaux de votre empire !
Vous êtes à domicile, Maître Macron, prenez donc vos aises…et faites sans retenue votre cours magistral sur l’éducation, organisez même vos réunions privées transgenres ou maçonniques. N’êtes vous pas en territoire conquis, volontairement soumis par celui qui n’a cessé de signer avec vous et vos prédécesseurs, des accords secrets en défense, énergie et autres pour vendre, pieds et poings liés, cette nation dont les clés lui ont été confiées à tort par un électorat probablement marabout ou sous le poids d’un fétichisme incapacitant?
Dis donc Mister Macron, comme pour le climatiseur de l’université de Ouagadougou, nous aimerions que vous demandiez à votre mini-hôtesse, qui a une tête d’éboueur, de dégager les ordures qui nous empestent la vue et de moins nous saouler avec son émergence crapuleuse.
Ps : La France des doux mets, du bon vin, des lettres et même d’une certaine gentillesse, d’un humanisme de son peuple profond, se trouve hélas broyée par la mécanique des intérêts néocoloniaux…