Positions contradictoires entre la direction et les jeunes : Conflit de… générations
La direction du Parti socialiste maintient le suspense autour de sa candidature. Les jeunes se perdent sur la ligne politique et multiplient les pressions.
Le principal opposant de Macky Sall et de l’Apr n’est ni Rewmi encore moins le Parti démocratique sénégalais (Pds), mais bien le Parti socialiste (Ps). Un opposant au pouvoir, parce que (encore) membre de la coalition Benno bokk yaakaar. Si la hiérarchie calme le jeu, dément les prévisions de divorce d’avec l’Apr et entonne son «ancrage» dans Bby, les jeunes, eux, veulent l’accélération d’une candidature du Ps à la prochaine Présidentielle. Les positions, qui ne recoupent pas avec celles de la direction, se prennent à la Maison du parti. Une légitimation ? Et la dernière en date a été celle des jeunes Socialistes du département de Dakar qui demandent aux responsables de «clarifier la ligne» du parti après l’adoption du nouveau Règlement intérieur de l’Assemblée nationale marquée par des contradictions profondes entre députés membres du Ps. Ces jeunes vont plus loin en exigeant que le débat sur leur compagnonnage avec l’Apr dans Benno bokk yaakaar fasse l’objet d’une «évaluation». «Le Ps doit prendre ses responsabilités et se concentrer davantage sur (son) objectif principal de reconquête du pouvoir. Tout ce qui pourrait être une entrave à cette ambition devrait être dégagé», disaient-ils. C’est que vraisemblablement, il y a quelque part un jeu peu clair. Une double ligne.
Le bilan des jeunes et celui des grands
Ces pressions de cette frange du Ps ont dû certainement peser sur la sortie de Abdoulaye Wilane qui déclarait que le Ps «assume le bilan» de l’actuel président de la République, avant de revenir nuancer avec son «comptable, mais pas responsable». Aux séniors, les cadets Socialistes déclarent ne pas endosser la responsabilité du bilan de Macky Sall. Et mieux, le ton s’apparente à celui de l’opposition battue le 25 mars 2012. Dans un entretien avec le journal Le Quotidien le 14 avril dernier, Babacar Diop, leader de Jeunesse pour la démocratie et le socialisme (Jds) dézinguait Macky Sall et son régime. Il dit : «Les choses n’avancent pas. Le Sénégal s’enlise dans l’immobilisme. Dès son accession au pouvoir, il a scandé partout la rupture, un gouvernement vertueux, la patrie avant le parti, etc. Aujourd’hui, il a oublié tous ses serments. Il met le parti avant la patrie et instaure une dynastie Faye-Sall. Cette jeunesse qui a refusé la dévolution monarchique avec Wade est encore là, plus que déterminée à faire face à lui s’il ne respecte pas ses engagements.» Voilà entre autres missiles que Tanor et Cie n’aimeraient pas envoyer à un allié comme Macky Sall dont ils louent encore le bilan. Même si la brèche de la candidature du Ps reste ouverte.
Babacar Diop, un têtu pour le Ps
Plus les jours passent, plus la candidature du Ps prend forme. Mais avec un voile sur le visage de celui qui affrontera le Président sortant. «Le Ps aura un candidat quoi qu’il adviendra», soutenait mordicus le successeur de Barthélemy Dias à la tête des Jeunesses socialistes, Bounama Sall, lors d’une tournée à Tambacounda. Presque toutes les Unions régionales de jeunes du Ps ont émis le souhait de voir le parti présenter un candidat. Mais une question s’impose sur l’attitude des Socialistes. Ces jeunes parlent au nom de qui ? Les remontrances de Abdoulaye Wilane ou du Bureau politique à Babacar Diop à qui le secrétariat général a appelé à «plus de discipline et de retenue» n’y feront rien. «Dans la salle, on a appelé les jeunes à contrôler ce qu’ils disent. Il y a des jeunes qui parlent parce qu’il faut parler et il y en a qui sont réfléchis. Mais dans tout parti, il y a des gens contrôlables et d’autres qui ne le sont pas», disait Aïda Sow Diawara au sortir d’une réunion du Ps. Qui ose croire que c’est un simple discours officiel ?
Barth, une voix de majeur parmi les «mineurs»
Pour des cas d’indiscipline, ou de déclarations hors-ligne, en tout cas, Malick Noël Seck a été exclu, Youssouph Mbow a été entendu et rappelé à l’ordre. Et hier encore, c’est le maire socialiste de Mermoz-Sacré Cœur qui menaçait de quitter le groupe parlementaire Benno bokk yaakaar si la loi modifiant le Règlement intérieur et «visant» le Ps passait. Elle est passée… Barthélemy Dias se range. Mais toujours avec sa religion : «Ceux qui pensent que le Ps qui, depuis l’aube des temps, est sur l’arène politique, structuré, organisé et très discipliné n’aura pas ou ne doit pas présenter de candidat contre Macky Sall, se trompent et se sont sûrement réveillés tard.» Il n’a plus d’excuse de «fougue de jeunesse» pour avoir rejoint le cercle restreint du Bureau politique du Ps. En tournée à Tambacounda, Dias-fils fait déjà cap sur 2017. «Si le Ps est un allié du parti au pouvoir, cela ne signifie pas pour autant qu’il partagera avec lui tout le bilan du mandat. Ce n’est pas le Ps qui a été élu par les populations, mais bien l’Apr. Donc, si bilan il y aura, ce sera bel et bien celui que le Président Macky Sall aura à présenter.»