Décryptage / Face à la «clochardisation» d’une certaine presse.

Par Gallo Thiam
Aujourd’hui, il est unanimement admis que l’information représente un puissant instrument de pouvoir politique. En effet nous assistons à un flux d’informations à nous couper le souffle. Ça explose de toutes parts. Nous en voulons pour preuve le cortège de commentaires sur le thème très prisé de l’abrogation ou non de la loi de l’amnistie qui, d’ailleurs, a fini de diviser les Sénégalais, dynamitant du coup l’hégémonie des médiums classiques au profit des réseaux sociaux. C’est la démocratisation de l’information. Les indicateurs de ce jaillissement médiatique se définissent en termes d’émergence de chaînes youtube, à la portée de tous, qui déversent sur le Sénégal des torrents d’informations.
Il est manifeste donc la presse est tout simplement passée de l’état de ver à une sorte de corps organique qui est malade de partout. Jamais ce secteur de l’information n’a vécu un rythme effréné de commentaires polémiques d’une rare négativité.
S’impose à nous un regard clinique sur les relations entre les politiques, les citoyens, les journalistes et chroniqueurs. La rue qui était devenue une arène de luttes politiques, s’est muée vers les médias, sièges aujourd’hui du monopole de l’insolence verbale avec de nouvelles règles. Du coup, l’opposant qui, hier, jouait un rôle messianique, agissant au nom d’une société frustrée est remplacé par une nouvelle race de communicants, de trafiquants d’illusions à la critique facile. Partant de ce postulat, l’on imagine l’impact que l’information incontrôlée a charge de faire circuler les discours politiques avec un objectif double : la propagande et la manipulation. Il se donne en observation une guéguerre larvée entre journalistes, chroniqueurs et « liveurs » sur les les réseaux sociaux et plateaux de télévision.
En dressant un diagnostic historique, nous sommes sortis d’une lumière pour entrer tristement dans une temporalité sombre où, malheureusement, la règle qui prévaut sur le champ médiatique est « à qui mieux, mieux, que cela dure ». Contrairement, dans le passé, vers les années 1960 et 1970, où nous trouvions plaisir à écouter les journalistes et chroniqueurs de cette époque ; les énigmes qu’ils évoquaient à l’antenne étaient arrimés dans des techniques de récits raffinés, neutres et dépouillés à nous délecter certes l’oreille, mais de nous faire aimer ce noble métier de journaliste. Est-ce un aveu aujourd’hui de la clochardisation d’une certaine presse ? La méconnaissance du métier de journaliste ou du chroniqueur a amputé à la société contemporaine un droit, celui d’être informé juste et vrai. Recrutés pour la plupart au service d’un clientélisme politique, cette nouvelle race de communicants a, pour la plupart, montré sa carence, ses propres limites objectives, car ne parvennant pas à se détacher des « partis-âneries ». Nombreux sont les journalistes et influenceurs qui sont les ennemis mortels de la communication politique. Toutefois, il ya parmi eux qui émergent du lot et jouissent d’une envahissante popularité, d’être reconnus et montrés du doigt dans la rue comme des vrais professionnels des médias. En effet, ils abordent sur les plateaux les véritables questions de manière méthodique, scrupuleuse, propre à l’esprit scientifique et philosophique dont ils se sont imprégné lors des années consacrées à l’exercice rigoureux de la communication politique.C’est tout le contraire de ceux-là, indexés de tomber à la séduction insidieuse du pouvoir, d’être à l’origine de tout ce désordre médiatique constaté : ils sont loin de posséder les capacités requises pour être l’oeil et l’âme de la société ; incapables d’analyser les schémas politiques, ils ont « une vision ptoléméenne mettant la Terre au centre et le Soleil à la périphérie du monde ».
Faut-il se résigner à un constat d’impuissance ? Non. Il faut que la presse redore le blason, restaure admirablement son image d’antan et serve de réceptacle pour ressusciter la paix sociale et la solidarité perdue, fédére toutes les énergies, toutes les intelligences. La vraie presse est une sentinelle pour un peuple, celle-là qui interpelle un Gouvernement dans sa mission plurielle qui consiste à procurer le plus de bien-être matériel possible notamment dans le domaine de la santé physique et mentale, de l’habitat, l’instruction et l’éducation, la nourriture de base, la vieillesse et, la sécurité, surtout face aux accidents mortels, le chômage et le désespoir des jeunes, la dégradation accentuée du système scolaire, la montée de la criminalité etc. Tout autre mission n’est que diversion.