Lutte avec frappe: Des mesures strictes pour une reprise encadrée

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La lutte sénégalaise, notre sport national emblématique, s’apprête à connaître un tournant décisif dans sa gouvernance suite aux incidents violents survenus en février 2025. La Ministre des Sports, Mme Khady Diène GAYE, a présidé ce mardi 18 mars 2025 une réunion cruciale avec l’ensemble des acteurs de la lutte sénégalaise, visant à établir un nouveau cadre réglementaire qui permettra la reprise des combats après le mois de Ramadan.

CONTEXTE DE LA SUSPENSION DES ACTIVITÉS DE LUTTE

La décision de suspendre les combats de lutte sur l’ensemble du territoire national fait suite à de graves incidents survenus lors du combat entre Franc et Ama Baldé tenu le 16 février 2025 à l’Arène nationale de Pikine. Ce jour-là, de nombreux spectateurs munis de billets n’ont pu accéder au stade en raison de l’atteinte de la capacité maximale, provoquant des mouvements de foule et des violences. La situation a dégénéré après le combat, entraînant des actes de vandalisme, la destruction de biens publics et privés, et tragiquement, l’agression mortelle d’un jeune homme dans la banlieue dakaroise.

Face à ces événements qualifiés d’énième manquement » par les autorités, la Police nationale a pris la décision radicale de suspendre sa couverture sécuritaire des combats de lutte sur tout le territoire, mettant ainsi l’ensemble du secteur à l’arrêt.

MESURES ADOPTÉES POUR LA REPRISE DES ACTIVITÉS

Lors de la rencontre de ce mardi 18 mars 2025, la Ministre des Sports, d’un commun accord avec les acteurs de la lutte, avec à leur tête le président du CNG, a présenté quatre axes majeurs de réforme pour permettre une reprise sécurisée des combats après la Korité.

NOUVELLE RÉGLEMENTATION DES HORAIRES

Le premier point abordé concerne le strict encadrement des horaires des combats. Désormais, le dernier coup d’envoi devra être donné à 18h30 précises. Avec une structure de combat comprenant deux séances potentielles de dix minutes chacune, séparées par une pause de cinq minutes, la durée maximale d’un affrontement est fixée à 25 minutes. Cette organisation temporelle garantit que les combats s’achèveront au plus tard à 18h55, permettant ainsi aux forces de sécurité et à l’ensemble des spectateurs de quitter les lieux avant la tombée de la nuit, minimisant les risques de troubles à l’ordre public.

LIMITATION DU NOMBRE DE BILLETS

L’Arène nationale dispose d’une capacité de 22 000 places, mais la surémission de billets a souvent été source de désordre. Dorénavant, un plafond de 20 000 billets sera strictement appliqué pour les spectateurs. Les 2 000 places restantes seront réservées aux accompagnants des lutteurs, aux managers, aux promoteurs, aux membres du Comité National de Gestion (CNG) ainsi qu’aux autres personnes officiellement impliquées dans l’organisation des combats.

RESPECT OBLIGATOIRE DES ITINÉRAIRES

Le troisième point, qualifié de « névralgique » par la Ministre, concerne le respect des itinéraires définis pour l’arrivée des lutteurs à l’arène. Les changements de dernière minute dans ces parcours ont souvent été source de confusion et de violence. Désormais, les lutteurs et leurs accompagnants seront tenus de respecter scrupuleusement les itinéraires qui leur seront assignés.

Pour concilier les impératifs de sécurité avec le caractère mystique de ces déplacements, ces itinéraires pourront rester confidentiels vis-à-vis du grand public, tout en étant parfaitement connus des forces de l’ordre. La ministre a également annoncé la création de points d’entrée supplémentaires à l’arène, évitant ainsi que des cortèges rivaux ne se croisent avant les combats.

RÉVISION DU CAHIER DES CHARGES

Enfin, la Ministre a instruit le CNG de lutte de réviser le cahier des charges remis aux promoteurs pour l’organisation des combats. Ce document intégrera l’ensemble des nouvelles directives, ainsi que d’autres mesures visant à garantir le bon déroulement des événements.

RESPONSABILISATION DE TOUS LES ACTEURS

Dans sa déclaration, la Ministre a lancé un appel solennel à la jeunesse sénégalaise, rappelant que les infrastructures sportives représentent des investissements considérables, souvent financés par des prêts dont le remboursement n’est pas encore achevé. Elle a souligné l’importance de préserver ces équipements, particulièrement dans un contexte de déficit d’infrastructures sportives au niveau national.

Les promoteurs de lutte se sont engagés « résolument derrière l’État » pour éradiquer les scènes de violence dans les arènes. Quant au CNG, délégataire des pouvoirs de la Ministre, il sera chargé de veiller scrupuleusement au respect et à la mise en œuvre de l’ensemble des mesures définies, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’au retrait de la délégation de pouvoir.

Ainsi donc, la réunion de ce mardi 18 mars 2025 marque un tournant décisif pour la lutte sénégalaise. Après des décennies d’évolution parfois chaotique, ce sport traditionnel devenu phénomène de masse se voit imposer un cadre réglementaire strict mais nécessaire à sa pérennité. Les nouvelles mesures annoncées par la Ministre Khady Diène GAYE constituent une tentative sérieuse de concilier l’engouement populaire pour cette discipline avec les impératifs de sécurité publique.

L’avenir dira si ces réformes permettront effectivement de prévenir les débordements et de préserver l’essence même de ce patrimoine culturel et sportif sénégalais. La reprise des combats après la Korité sera le premier test grandeur nature de ce nouveau dispositif.

Irama SANE

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