La crise du logement social : Une thérapie par l’écoute .

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Les nouvelles autorités préconisent le lancement de plusieurs milliers de logements sociaux au courant de l'année 2025 et ceci après un constat amère de l' échec du programme des cent mille logements initié par le régime précédent. 

Il est de coutume dans ce genre de situation qu’une évaluation exhaustive de la situation se fasse pour comprendre les tenants et les aboutissants et partant procéder à la prise d’un certain nombre de mesures allant dans le sens d’une rectification de la problématique si tant et qu’elle soit à portée de main .
Par expérience la valse de discours des nouvelles autorités me conforte dans l’idée que les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets .
Déjà en 2013 le déficit de logements sociaux était évalué à trois cent vingt cinq mille (325 000) unités d’habitation .
Aujourd’hui cette même évaluation est passée à cinq cent mille (500 000)unités.
J’ai toujours eu des problèmes pour comprendre le mode de calcul adopté pour arriver à ces chiffres compte tenu de ma position de conseiller spécial chargé de l’urbanisme et de l’habitat du Premier ministre d’alors .
Ce qui est donc constant et palpable aujourd’hui reste et demeure la réalité d’une crise endémique du logement social qui de mon point de vue a besoin d’une thérapie pour une meilleure guérison.
Pour comprendre cette crise il faut remonter le temps et partir d’un certain nombre de considérations relatives à la naissance du logement social au début des années 70 avec l’apparition de la sécheresse et le flux des ruraux vers les grands centres urbains en particulier Dakar la capitale.

Plusieurs programmes de logements furent construits avec la Sicap, la Snhlm et d’autres sociétés de promotion immobilière telle que la Scat-urbam et les coopératives d’habitat des travailleurs sénégalais tout secteur confondu .
De même Plusieurs outils d’aide à la prise de décisions et mécanismes ont été initiés pour accompagner le logement social.
Je peux citer le FOGALOG : fond de garantie du logement, la taxe sur le ciment , les exonérations sur le fer et plusieurs autres intrants du bâtiment, le fonds de l’habitat social (FHS), la SAFRU Société d’aménagement foncier et de rénovation urbaine.
Le tableau ainsi décrit n ‘est pas aussi reluisant pour fermer les yeux et opter pour une démarche en solo .
Il est donc fait obligation aux nouvelles autorités de porter une oreille attentive aux sachants que nous sommes ne serait-ce que pour notre vécu de plus de trente années dans le département.
Voilà pourquoi je propose à l’autorité une thérapie par l’écoute pour une solution de sortie de crise .
Pour comprendre le logement social il faut accepter la complexité des intrants qui participent à sa mise en œuvre :
– Du foncier aménagé et sécurisé
– la prise de possession
– Des banques pour accompagner les promoteurs immobiliers.
– une subvention et l’allègement des procédures de l’état
– Des clients potentiels solvables pour le rachat des logements.
1 / La première proposition est relative à l’organisation des états généraux du logement social (rien à voir avec une rencontre intra muros entre acteurs choisis dans le tas ) . On ne peut pas avec autant d’échecs continuer de baisser la tête sans une remise en question de soi .
Il est impératif avant le lancement de quoique ce soit d’ organiser une grande rencontre des différents acteurs du logement et du BTP des partenaires financiers, des maires et des gouverneurs de Région pour faire un diagnostic sans complaisance aboutissant à des propositions concrètes de solutions de sortie de crise.
2/ la position de l’état n’est pas de financer le logement social mais de subventionner le logement à hauteur de 20% et permettre aux acquéreurs potentiels de payer les 80% à travers des prêts consentis auprès des institutions financières.
3/ Déjà la notion de logement social est révélateur parcequ ‘il s’agit d’un logement aidé. L’état doit pouvoir circonscrire les logements en F1 et F2 pour des coûts compris entre 6 000 000 fcfa pour les F1 et 8 000 000 fcfa pour les F2 subventionnés .
4/ l’état ne doit plus continuer d’alimenter la Snhlm et la Sicap sous perfusion depuis plusieurs décennies.
5/ Revoir à la baisse les salaires inexplicables des Directeurs généraux qui non seulement ne produisent aucun logement et sont supportés à hauteur de plusieurs millions.
6/ la Sicap et la Snhlm doivent faire l’objet d’une très grande mutation innovante quitte à les dissoudre pour en créer une grande société d’aménagement foncier et de construction du logement social.
7/ prendre langue avec les maires des communes qui sont détenteurs du foncier pour la construction de milliers de logements et encourager le retour des enfants des terroirs.
8/Ma proposition de villes écologiques est toujours d’actualité. La problématique n’est pas seulement de loger des concitoyens mais de leur permettre de travailler chez soi et faciliter le retour en zone .
9/ Renforcer le cadastre rural par la création de baux maraîchers et par l’innovation chercher à faire bénéficier les futurs bénéficiaires de logements d’une parcelle de 5000 m2 sous forme de groupement pour l’agriculture et des unités de transformation agricole .
10/ Faciliter la prise de possession par la décentralisation de la Ccod pourque tous les gouverneurs des régions puissent agir directement.

Abdou Karim Sakho
Expert Urbaniste
MBA en Management Stratégique

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