Lancement des laboratories multidisciplinaires: Dr Abdourahmane DIOUF plaide pour une «endogénéisation» de l’IA pour les pays africains
Sur beaucoup de questions, les nouvelles nations africaines ne font que du suivisme. Elles ne font que ratifier des chartes qui leur sont soumises par les pays du Nord. Elles n’ont pas voix au chapitre sur certaines grandes décisions.
En présence de ses collègues, le ministre de la communication, des télécommunications et du numérique Alioune SALL, et le ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, Mabouba DIAGNE, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Dr Abdourahmane DIOUF, plaide une Intelligence artificielle souveraine aux pays africains.
Abdourahmane DIOUF a porté le plaidoyer, hier, au cours du lancement des laboratoires multidisciplinaires AI4D. «Nous avons passé tout notre temps à rattraper notre retard mais cette fois çi, nous ne sommes pas dans des dispositions de résorber des gaps. On est à peu près sur la même ligne de départ que les pays du Nord. Le potentiel est là et est énorme. Dans les nouvelles technologies maintenant, il n’y a pas de gap entre les pays. Ce que les petit jeune génie anglais ou français peut faire, le jeune sénégalais peut le réaliser», fait savoir le ministre de l’Enseignement supérieur, qui s’interroge sur la faisabilité d’endogéniser l’IA. «Il nous faut une intelligence artificielle exclusive au service des pays africains qui ne cherchent pas à atteindre certains résultats mirobolants de pays du Nord mais qui ont totalement accès à nos besoins de développement. Par exemple comment faire passer de 3,5 litres de lait à 5 litres».
Selon lui, « c’est un souverainisme positif qui signifie certes la préférence de soi. Nous ne détestons personne et ne sommes contre personne et nous savons que nous ne vivons pas en vase clos. Ces partenariats vont continuer pour le développement du Sénégal, du continent». Toujours dans son argumentaire, il invite à ne point faire de l’intelligence artificielle un domaine élitiste. «Il ne faut pas qu’on ait des génies qui font de l’intelligence artificielle et une meute derrière qui ne s’y connaît rien. On s’est rendu compte qu’autant qu’on peut avoir des ingénieurs mais qu’il y a aussi des métiers dans la chaîne de valeur qui peuvent être attribués à des étudiants qui n’ont pas le doctorat ou le master dans l’Ia», explique le ministre Abdourahmane DIOUF. Pour lui, «Il faudra établir toute la chaîne de valeur et donner à chaque portion d’intelligence disponible la part qui doit être la sienne. L’avenir de l’intelligence artificielle dans un pays analphabétisé comme le nôtre réside dans l’effort qu’on doit aller faire pour dénicher des talents qui sont souvent dans des angles morts. Il nous faut aussi beaucoup de masters et de doctorats sur cette question».