En mission au Sénégal, le FMI exige des mesures radicales
Le déficit budgétaire devrait dépasser l’estimation précédente de 7,5% du PIB cette année, en l’absence de mesures correctives immédiates. L’institution internationale insiste sur l’importance capitale de la Loi de finances 2025 pour les réformes.
Une mission du Fonds Monétaire International (FMI), conduite par Edward Gemayel, s’est rendue au Sénégal du 9 au 16 octobre 2024 pour évaluer l’état des finances publiques du pays. Cela fait suite à un rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) révélant des « révisions substantielles » des données budgétaires pour la période 2019-2023, comme l’indique le communiqué de fin de mission publié ce 16 octobre 2024.
Le FMI salue l’engagement du gouvernement sénégalais en faveur de la transparence, tout en soulignant des défis majeurs. Edward Gemayel déclare : « Le déficit budgétaire et la dette publique pour cette période sont désormais plus élevés que les chiffres précédemment rapportés dans les lois de finances et de règlement. »
La situation actuelle est préoccupante. Le FMI note « des signes de tensions accumulées dans l’exécution du budget » avec un manque à gagner en termes de recettes et des dépenses qui restent élevées. Sans mesures correctives, « le déficit budgétaire devrait s’aggraver cette année, dépassant l’estimation précédente de 7,5 % du PIB », alerte M. Gemayel.
Face à ces défis, le FMI appelle à des « réformes audacieuses et rapides pour assurer la viabilité des finances publiques et placer la dette publique sur une trajectoire décroissante. »
Parmi les recommandations clés, le FMI préconise « la rationalisation des exonérations fiscales » et « des efforts pour éliminer progressivement les subventions énergétiques et les transferts non essentiels ». Ces mesures sont jugées « déterminantes pour favoriser la discipline budgétaire et renforcer la confiance dans la gouvernance publique ».
La Loi de finances 2025 est présentée comme une « occasion cruciale » pour le gouvernement de réaffirmer son engagement en faveur des réformes. L’institution internationale insiste sur l’importance de « renforcer la mobilisation des recettes domestiques » pour jeter « les bases d’un modèle de croissance plus inclusif, tiré par le secteur privé ».
L’équipe du FMI poursuivra son travail avec les autorités « dans les semaines à venir pour évaluer l’impact macroéconomique et définir les prochaines étapes », notamment concernant « l’évaluation d’éventuelles erreurs de déclaration dans les programmes passés et en cours soutenus par le FMI ».
Cette mission de l’institution de Bretton Woods, qui comprend des rencontres avec le Premier ministre Ousmane Sonko et plusieurs ministres clés, souligne l’urgence pour le Sénégal de redresser sa situation financière et de renforcer sa gouvernance économique.