Fatick / Les Responsables de l’APR Rallient le PASTEF: Stratégie Opportuniste ?

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Alors que l’APR, parti de Macky Sall, perd progressivement de son influence à Fatick, bastion historique de l’ancien président, plusieurs de ses anciens responsables se tournent désormais vers le PASTEF, nouveau parti majoritaire. Ce mouvement de ralliement, bien que révélateur du succès politique du PASTEF, suscite de nombreuses interrogations sur les motivations réelles de ces transfuges ainsi que sur les risques pour l’intégrité et la cohérence du projet politique du nouveau pouvoir. C’est une situation qui mérite d’être examinée de près.

Motivations des transfuges : Entre quête de pouvoir et protection personnelle

Les motivations de ces anciens responsables de l’APR ne sont pas faciles à cerner à première vue, mais un examen plus approfondi laisse entrevoir une logique essentiellement opportuniste. En effet, certains cadres locaux, longtemps bénéficiaires des faveurs du régime de Macky Sall, semblent désormais chercher à se repositionner dans le nouvel ordre politique, à la recherche d’une nouvelle forme d’influence. Il est évident que pour ces figures habituées à graviter dans les sphères du pouvoir, la préservation de leur statut et de leurs privilèges passe par un repositionnement stratégique.

Cependant, cet acte ne relève pas uniquement d’un désir de conserver leur influence. Certains responsables de l’APR pourraient être motivés par la crainte de voir leur gestion passée remise en cause, notamment à travers des enquêtes ou des critiques. Le changement de régime ouvre souvent la voie à des audits et à des évaluations des pratiques antérieures, et il est compréhensible que ces anciens acteurs cherchent à se protéger en rejoignant le camp du nouveau pouvoir. Le PASTEF, perçu comme le futur dominant du paysage politique, devient alors une sorte de refuge pour échapper à d’éventuelles sanctions. La sincérité de ces ralliements demeure donc une question essentielle : s’agit-il d’un engagement réel envers le projet du PASTEF ou simplement d’un geste stratégique pour échapper aux responsabilités de l’ère précédente ?

Fatick, un bastion historique de l’APR en pleine mutation

Fatick a toujours été considéré comme une région clé pour l’APR et Macky Sall. Originaire de cette région, l’ancien président a su renforcer son influence en y développant un vaste réseau de soutien politique et en mettant en place des projets de développement. Ce réseau de patronage garantissait des avantages économiques et politiques à ceux qui restaient fidèles au parti. Grâce à cette stratégie, Macky Sall a pu maintenir un ancrage solide dans cette région, assurant ainsi la loyauté des cadres locaux.

Toutefois, avec l’érosion progressive de l’APR et l’ascension du PASTEF, ce bastion traditionnel connaît une véritable transformation. Les figures locales de l’APR se retrouvent de plus en plus en marge d’un pouvoir en déclin, ce qui pousse nombre d’entre elles à se tourner vers le PASTEF dans l’espoir de redéfinir leur avenir politique. Leurs anciennes alliances, autrefois fructueuses, ne garantissent plus les mêmes avantages, et la loyauté envers l’APR devient moins lucrative à mesure que le parti perd de son emprise sur le pouvoir.

Ce repositionnement pose des questions sur la fidélité à Macky Sall et à son héritage. Après tout, au regard de ce que l’ancien président a accompli pour promouvoir les cadres de Fatick, ces transfuges devraient avoir honte de tourner le dos à leur mentor. Pire encore, certains tentent de noircir son bilan pour cette région. Mais en politique, l’amitié et la loyauté sont souvent des valeurs sacrificielles, où tout semble permis. Il est donc naturel de s’interroger : la transhumance politique est-elle une simple stratégie de survie ou une trahison calculée ? Quoi qu’il en soit, ces responsables semblent prêts à tout pour maintenir leur place dans le jeu politique. Bravo à la transhumance politique, et bon vent aux nouveaux ralliés, en espérant que le PASTEF leur ouvre ses portes.

Cette situation à Fatick est symptomatique d’un phénomène plus large qui traverse le pays : celui d’élites locales qui s’adaptent rapidement aux changements de régime. Ce mouvement révèle la flexibilité politique de ces acteurs, mais il met également en lumière la persistance du clientélisme, une dynamique ancrée depuis longtemps dans la culture politique sénégalaise.

Les risques pour le PASTEF : Une menace pour la cohérence du projet ?

Pour le PASTEF, qui s’est construit autour d’une promesse de rupture avec les pratiques politiques traditionnelles, l’afflux d’anciens responsables de l’APR représente un défi de taille. Le parti a bâti sa popularité sur un discours de changement radical, et l’arrivée massive d’anciens cadres de l’APR pourrait compromettre cette image. Le risque principal est de voir réapparaître les mêmes pratiques clientélistes et opportunistes qui ont caractérisé la gestion de l’APR sous Macky Sall. Ces transfuges pourraient en effet tenter de recréer les réseaux de pouvoir auxquels ils étaient habitués dans leur ancienne formation.

Un autre risque majeur réside dans la perception du public. En accueillant des figures associées à l’ancien régime, le PASTEF pourrait perdre une partie de sa base électorale, notamment parmi les militants les plus engagés qui croyaient à la promesse de changement. Ces derniers pourraient interpréter ces ralliements comme un signe de compromission. Le PASTEF doit donc rester vigilant et éviter de tomber dans les travers du passé en intégrant des responsables qui, dans le fond, cherchent simplement à sauver leur propre carrière politique.

L’impératif de vigilance : Filtrer les nouveaux membres

Pour maintenir sa crédibilité et préserver l’intégrité de son projet, le PASTEF doit adopter une approche rigoureuse dans la gestion des nouveaux ralliés. Les dirigeants du parti, notamment dans des régions sensibles comme Fatick, doivent impérativement établir des critères stricts de sélection et d’évaluation. Il est essentiel de s’assurer que les motivations de ces transfuges ne sont pas uniquement opportunistes et qu’ils sont véritablement alignés sur les valeurs du parti.

Le PASTEF devra également se montrer intransigeant sur ses principes fondamentaux : transparence, éthique et bonne gouvernance. Toute tentative de reproduire les pratiques contestées de l’APR devra être fermement rejetée. La survie politique du PASTEF repose sur sa capacité à incarner véritablement le changement qu’il a promis. S’il permet à des éléments douteux de s’infiltrer, il risque non seulement de ternir son image, mais aussi de perdre la confiance des citoyens qui l’ont soutenu.

Une gestion délicate des ralliements à Fatick

En définitive, la vague de ralliements d’anciens responsables de l’APR au PASTEF à Fatick reflète les transformations profondes du paysage politique sénégalais après un changement de régime. Bien que ces ralliements témoignent de l’attrait grandissant du PASTEF, ils soulèvent également des questions sur la sincérité de ces nouveaux membres et les risques qu’ils font peser sur la cohésion du parti.

Pour préserver la cohérence de son projet politique et éviter toute compromission, le PASTEF devra naviguer avec prudence. Les dirigeants du parti doivent être particulièrement vigilants et s’assurer que ce mouvement de ralliements ne constitue pas un cheval de Troie capable de fragiliser de l’intérieur le parti du changement. La gestion de ces nouveaux venus déterminera en grande partie la capacité du PASTEF à incarner véritablement la rupture politique attendue.

Mamadou Lamine TOURÉ Diplômé de Journalisme de l’école supérieure de Journalisme de Lille et de l’université Lille 3

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