Non renouvellement du contrat du sélectionneur national: Quand la mesure arrange la Fédération sénégalaise de football

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  1. De la légalité de la décision
    Pour rappel, la Fédération Sénégalaise de Football (FSF) avait saisi Madame le Ministre en Charge des Sports, pour une prolongation du contrat du sélectionneur national.
    Dans sa réponse, l’autorité avec des arguments à l’appui, n’a pas donné une suite favorable à la requête de la FSF. Depuis lors, les commentaires vont bon train, avec des positions très variées.
    Cette effervescence autour de la question, montre une fois de plus, la primauté du football sur les autres disciplines sportives et la place qu’il occupe dans le cœur des sénégalais.
    De mon point de vue, la décision de la tutelle de ne pas renouveler le contrat du sélectionneur, ne souffre d’aucune illégalité au nom du prince de  » qui paye commande « . En plus de sa légalité, la décision trouve aussi une certaine légitimité au regard de la réaction des parties prenantes que sont la FSF et l’intéressé lui-même.
    Ce dernier dans une posture très positive a accepté la mesure avec philosophie et grandeur.
    Quant à la fédération, après avoir pris acte de la décision, a mis en place les mesures nécessaires pour mitiger les menaces qui pouvaient peser sur la double confrontation avec le Malawi.
  2. Des faiblesses de la décision
    A l’analyse, la décision souveraine de la tutelle renferme à mon humble avis, quelques faiblesses. D’abord le timing de la décision, qui peut avoir un impact négatif sur les deux confrontations. Mais aussi, ses conséquences sur l’avenir immédiat du coach Alioune CISSE. Les délais de notification de la décision le mettent de facto en chômage forcé. Ce qui pouvait être évité, si les discussions étaient entamées à temps, afin de permettre à chaque partie de disposer du temps nécessaire pour faire face à la décision.
    Une autre faiblesse notée est à rechercher dans les arguments avancés pour justifier la décision. L’argumentaire des objectifs non atteints est inattaquable au vu du contrat. Cependant le ranking et le public évoqués en sus, sont d’une relativité absolue et d’une subjectivité qui risquent de créer une jurisprudence qui peut être préjudiciable aux futurs sélectionneurs.
    La troisième faiblesse de la décision se trouve dans le fait que, le sélectionneur Alioune CISSE, agent contractuel du Ministère en Charge des Sports, devait avoir la primauté des décisions liées à son contrat. Et, cette primauté devait même s’accompagner d’une plus grande courtoisie dans la rupture. Ses résultats avec l’équipe nationale, plaidaient pour une séparation plus élégante.
    J’espère qu’il n’est pas trop tard pour lui témoigner toute la reconnaissance de la nation.
  3. De la responsabilité de la fédération
    Je pense sérieusement que la FSF, porte une très grande part de responsabilité dans la situation actuelle.
    En effet, le contexte économique et financier de la FSF des années 90 et 2000, justifiait la prise en charge du sélectionneur national, par l’état du Sénégal.
    Cependant, depuis 2018, la FSF devait quitter ce confort économique offert par l’Etat pour prendre en charge le salaire du sélectionneur, qui est un des maillons essentiels du dispositif technique fédéral.
    En le faisant, elle s’affranchirait de la tutelle de l’Etat. Ce qui allait lui donner les coudées franches dans un domaine qui relève entièrement de sa responsabilité et éviterait cette situation présente.
    Mieux, devant le refus du Ministère, de renouveler le contrat d’Alioune CISSE, la FSF pouvait bien prendre la décision de prendre en charge son salaire pour un an. Mais, il fallait pour cela, une réelle volonté de vouloir le garder à son poste.
    C’est pourquoi, mon intime conviction est qu’à travers cette décision, Madame le Ministre a réellement « ôté une épine du pied de la fédération ».
    En effet, la question du départ d’Alioune CISSE était largement débattue au sein de la FSF. Mais le long compagnonnage et les campagnes menées ensemble, ont fini de transformer la relation professionnelle, en une relation affective, rendant ainsi difficile toute séparation unilatérale. Ce qui du reste est valable pour tous les autres membres de l’encadrement.
    Le paradoxe est que, c’est Madame le Ministre en charge des Sports qui a pris avec courage sa décision, qui court un risque dans la situation actuelle. Car, une contre-performance de l’équipe nationale pourrait être analysée à tort, comme la conséquence de sa décision.
  4. De la nécessité de se retrouver autour d’une table.
    Mais, au-delà de cette conjoncture de contrat non renouvelé, se pose en vérité la question de la qualité des rapports entre le Ministère des Sports et la FSF.
    Il faut vraiment faire preuve d’une cécité volontaire pour ne pas s’apercevoir de la médiocrité des relations entre les deux entités. Trois faits majeurs peuvent servir de témoins.
    La finale de la coupe du Sénégal, l’Assemblée Générale Ordinaire reportée et ce dernier épisode du contrat du sélectionneur.
    Le tout couronné par des rapports le plus souvent basée sur des correspondances déchargées prioritairement dans les réseaux sociaux. Tout ceci, au détriment du contact physique qui a l’avantage de réduire la distance sociale et les incompréhensions.
    C’est pourquoi, il est urgent de créer les conditions d’un dialogue dont l’initiative devrait venir de la fédération. La signification du football et ses enjeux socio-économiques et politiques en valent la peine. Les inévitables effets collatéraux d’une crise l’exigent. Les retrouvailles autour d’une table constituent une demande sportive qu’il faut satisfaire au nom de l’intérêt supérieur du football et du sport.
    Vive le Football
    Vive le Sport
    Vive le Sénégal.
    Souleymane Boun Daouda DIOP,
    Acteur du Mouvement Sportif

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