Guet Ndar: la Tajabone commence à perdre son engouement et ses valeurs culturelles

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Connue et reconnue pour ses activités de pêche, la langue de barbarie s’illustre également chaque année avec la fête du « Tamkharit ». Une fête célébrée la nuit du 9e jour et la journée du 10e jour d’Achoura. Un événement où le repas le plus usité est le couscous. Un plat servi le jour, mais à Guet Ndar, la nuit du « TAJABONE », revêt un caractère particulier avec un grand carnaval organisé dans les rues, où le folklore et la culture locale sont mis en exergue par les jeunes. Le « Tamkharit » avec son fameux « TAJABONE » est très ancré dans la culture saint-louisienne. Mais depuis quelque temps, il commence à perdre de sa valeur. L’engouement qu’il suscitait avant dans la ville tricentenaire s’estompe d’année en année. À en croire le délégué de quartier de Guet Ndar, Makhou Sene, la « Tamkharit » était pour les générations précédentes une occasion pour renforcer les liens sociaux et de voisinage. Une occasion selon lui, de redonner vie à la culture. « Nos parents célébraient cet événement en laissant une grande place à la culture. Ils en profitaient pour jouer, renouer les relations et valoriser le cousinage à plaisanterie. Un rendez-vous du donner et du recevoir dans la mesure où toutes les maisons voisines étaient bien servies en bon couscous le soir », témoigne-t-il. En rappelant ses souvenirs d’enfance, le notable guet-ndarien explique la façon dont la fête était célébrée. « Après le dîner collectif, les différents secteurs de la localité mettaient en place différentes facettes pour animer le carnaval. Les jeunes de même génération se regroupaient ensemble, filles comme garçons. Avec des tam-tams bien conçus par nous-mêmes, on faisait le tour des sous-quartiers, avec de très belles chorégraphies. On chantait, dansait et demandait de l’aumône qui nous permettait de prendre les pirogues de nos parents pour organiser des retrouvailles le lendemain avec tous les concernés dans des sites touristiques comme Boppu Thior ou Doune Baba Dieye », se souvient Makhou Séne, qui a également ajouté que pour se distinguer des autres groupes, ils étaient obligés d’être créatifs pour impressionner le public qui venait des quatre coins de la vieille ville pour suivre l’événement. Pour lui, ce talent inné et cette culture n’existaient qu’à Guet Ndar.

Le «Tajabone» perd de plus en plus sa valeur et son engouement.

Contrairement à ce qui se faisait, la nouvelle génération est beaucoup plus encline à s’appesantir sur le folklore que la culture. Et c’est ce qui fait que la « Tamkharit » commence à perdre du terrain et de l’engouement dans la ville tricentenaire. Makhou Sene regrette le fait que le Tajabone n’attire plus beaucoup de monde et que les populations se sont détournées de la fête. Pour lui, les raisons sont simples à expliquer. « Les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pas l’essence du « Tajabone » et ils font n’importe quoi. Ils ne maîtrisent pas les chansons, ni les danses, et encore moins ils ne savent pas battre le tam-tam, alors que le « Tajabone » a ses propres chansons. Cependant, ce qu’ils font maintenant n’est que de la pollution sonore », a regretté le délégué de quartier de Guet Ndar. Hormis l’aspect folklorique, le vieux Guet Ndarien a évoqué le contexte économique que traverse le pays qui est un des facteurs de la baisse notoire de l’engouement de cette fête annuelle. Makhou Sene n’a pas épargné ceux qui soulignent souvent l’aspect religieux avec les émissions diffusées dans les médias, ayant pour finalité de sensibiliser sur l’aspect païen du « Tajabone ». Pour justifier ses propos, il a évoqué l’histoire du Prophète Moussa et du Pharaon d’Égypte, mais également celle de Noé et du bateau qui sont pour lui de beaux souvenirs pour la Ouma Islamique.

Bolo Diaw.

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