Chasse traditionnelle de Diobaye: « Un legs ancestral qu’il faut perpétuer »

0

Fatick : Le quartier traditionnel de Ndiaye-Ndiaye, dans la commune de Fatick, a perpétué hier lundi, 1er juillet 2024, sa traditionnelle chasse de «Diobaye».
Un moment fort dans le vecu de cette communauté Serere qui est mise à profit pour préparer le prochain hivernage. « C’est pour nous une occasion de prédire l’avenir et de donner des indications de protection des populations contre les mauvais esprits mais aussi et surtout pour prévenir des calamités sur les cultures d’hivernage lors de la seance de Khoye que nous organisons la veille jusqu’au petit matin », nous explique le président du comité d’organisation, Mr Ngor Sarr.


Et hier, ce fut un moment fort d’une forte mobilisation des habitants du quartier traditionnel mais également d’autres populations des autres quartiers et villages environnant qui a caractérisé cet important rendez-vous culturel et mystique.
Un rituel qui a été institué depuis plusieurs siècles allant de la fondation du village de Fatick vers 1600. Et pour lequel, les premiers initiateurs, à travers cette chasse de Diobaye, avaient décidé de mener une lutte contre l’envahissement de leurs champs de cultures vivrières par les animaux qui étaient à l’époque très nombreux. « Il fallait donc tout faire pour les éloigner des champs pour préserver les cultures », nous raconte Ousmane Dione, délégué du quartier Ndiaye Ndiaye. A travers cette manifestation traditionnelle, la cité de Mame Mindiss garde toujours ses secrets qui tendent pour l’épanouissement de la culture sérère, au cœur du Royaume du Sine avec ses traditions légendaires qui font la fierté de ses habitants mais aussi du Sénégal.


A voir les différents acteurs, qu’ils soient jeunes ou vieux, c’est une belle occasion pour eux de revivre le rituel à travers leurs déguisements très particuliers. Une belle page de l’histoire que les héritiers de la chasse de Diobaye tentent de sauvegarder aujourd’hui. Pour ainsi rendre un hommage à leurs illustres devanciers même si, il faut reconnaitre que la tache s’avère difficile puisque, les réalités d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui et la façon dont nos ancêtres organisaient ce rituel, ne peut pas l’être aujourd’hui. Puisque, la chasse était célébrée pendant une semaine et était toujours marquée par des chants et danses et des prédictions. Pour autant, l’actuel comité d’organisation dirigé par Ngor Sarr, tente de jouer sa partition en tenant compte du contexte du moment que nous vivons d’année en année mais en une seule journée seulement.


Le maire de Fatick, Matar Ba présent à la cérémonie, a salué cette belle initiative des habitants du quartier de Ndiaye Ndiaye. D’ailleurs, dira-t-il, « la chasse de Diobaye constitue un legs ancestral qu’il faut perpétuer pour rendre plus attractif notre commune et qu’il est donc plus qu’impérieux que toute la population se l’approprie pour impulser une nouvelle dimension, plus large de cet évènement culturel qui s’identifie à la ville de Fatick ».
Ainsi, pour le rituel de la journée d’hier, les chasseurs se sont rendus tôt le matin dans la forêt du village de Diobaye pour s’adonner à une partie de chasse au gibier. Plusieurs d’entre eux sont revenus satisfaits d’avoir abattu un animal qu’ils exhibaient sous les yeux de la nombreuse foule qui a pris d’assaut la grande place du quartier (Ngëlna) sur le site actuel des arènes Ngoor Siid Ndour. Il s’en est alors suivi du rituel dansant des chasseurs qui a été très riche en couleurs. Des pas de danses au son des tam-tams traditionnels (Thianguina) ont rythmé cette partie de la manifestation dont le Khoye a été un autre temps fort dans la nuit du dimanche jusqu’à 4 h du matin. Les Saltigues ont pour une fois prédit.un hivernage pluvieux et prospère en dépit de certaines calamités qui pourraient bien survenir. Ils ont pour l’occasion formuler des recommandations et des offrandes à suivre pour se prémunir de ces malheurs.


Le dernier acte de la cérémonie, le départ de la procession des chasseurs et danseurs au rythme des tams-tams et coups de fusils traditionnels vers le domicile du président de la chasse de Diobaye, M. Ngor Sarr pour lui témoigner l’acte d’allégeance.
Mais non sans occulter l’autre facette de cette traditionnelle chasse de Diobaye, où les populations se sont rendues au petit matin en masse au bras de mer le Sine. A l’emplacement actuel du site sacré du totem de la ville Mame Mindiss pour y effectuer des offrandes et se baigner.
Ainsi, donc l’édition 2024 de la chasse de Diobaye a vécu vivement donc un nouveau rendez-vous pour l’année prochaine.

Mohamadou Sagne

About Post Author

Visited 28 times, 1 visit(s) today

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.