Prime à l’insulte et l’insolence
Si dans un pays, les autorités accordent une prime aux insulteurs, c’est que ce pays est décadent. Les symboles sont plus forts que le sens, car ils sont consacrés, institués, sacralisés et donc fixés, là où le sens est discuté, et donc dynamique. L’acte d’un homme d’Etat n’est jamais anodin, c’est un parole, or la parole d’un chef devrait être sacrée. Comment peut-on sacraliser l’insulte ?
Les fascistes aiment l’argent et ce, non pour des raisons purement matérielles ou matérialistes, mais pour acheter la fidélité ou silence des récalcitrants, c’est-à-dire les incontrôlables. Hitler a réussi son forfait dans un pays aussi civilisé que l’Allemagne du XX e siècle, parce qu’il a su tirer profit d’une crise qui avait affecté tous les secteurs de la vie sociale, politique et économique de ce pays. Les Juifs, leurs commerces et leurs croyances ont été désignés comme les causes du malheur de l’époque. Mais Hitler savait pertinemment que ses délires et autres affabulations ne sauraient prospérer dans les milieux bourgeois sauf s’il fait rallier à sa cause sinistre les riches et quelques intellectuels en mal de reconnaissance. C’est ainsi qu’il a conquis la presse qui est devenue » «sa presse» » et a diabolisé celle qui voulait rester indépendante et professionnelle. En faisant épouser son combat à certains milieux nantis, Hitler apparaît désormais sous les traits d’un homme politique fréquentable.
Tous les populistes du monde agissent comme Hitler : la recherche de la gloire personnelle les fait épouser les causes les plus contradictoires, fréquenter les amis les plus controversés ou encore accumuler titres, honneurs et richesses. Entretenir des criminels et des déchets sociaux ne répugne pas à la moralité du populiste (premier degré du fascisme) : ils s’en servent comme boucliers exactement comme on se sert du fou pour lui faire dire des choses qui répugnent à la convenance sociale et au bon sens. Tous les fascistes élèvent des microbes et des chiens aboyeurs pour se mettre à l’abri pendant qu’ils détruisent tout ce qui est bien et sain dans la vie sociale.
Personne n’a remarqué l’inversion des valeurs en cours dans notre pays. Les fous (drogués, ratés, ceux au passé délictueux, les divers types de déviants) sont adulés, présentés comme des exemples, voire des saints. Bref la racaille est aux commandes surtout par leur présence dans les médias.
Alassane Kitane