L’oeil de MLD / Le Niger, la France,la Russie et nous…L’ordre kaki en Afrique de l’ouest, une hydre à mille têtes !
Ce qui se passe présentement au Niger n’est pas un fait isolé et devrait interpeller tout Africain conscient des enjeux vitaux de l’heure.
Après le Mali, la Guinée et le Burkina, l’ordre kaki s’est encore imposé dans la sous-région ouest africaine telle une hydre à mille têtes.
On n’a pas besoin de fréquenter Sciences Po pour savoir que l’effet domino exercé par les premiers pays contrôlés par les militaires est réel.
Le Général Tchani Abderakhmane nouvel homme fort de Niamey et ses acolytes d’officiers et de bidasses n’ont fait que s’engouffrer dans cette brèche.
Dans les années 80 et 90, l’épidémie des coups d’Etat était une réalité.
Assister au retour de ces pronunciamentos en 2023 doit être considéré comme un échec retentissant des Africains où qu’ils se trouvent…
Boulimie du pouvoir,corruption, népotisme, faible impact des politiques publiques sur le quotidien des pauvres populations: autant de reproches qu’on peut valablement opposer à tous ces Dirigeants africains « démocratiquement » élus à l’image du Président Bazoum qui vient fraîchement d’être éjecté de son fauteuil.
J’ai l’habitude de ressasser que les civils ne sont pas forcément plus vertueux que les militaires. Loin de là ! De même, il ne s’agit point d’accorder les yeux fermés un quelconque blanc-seing du patriotisme à l’armée.
Autrement dit, nous resterons tous des Africains avec nos valeurs et nos tares intrinsèques.
Que l’on soit civil ou militaire, nous sortons tous du même moule sociologique.
« Ces militaires ne sont que des Africains en tenue; rien de plus » ; une assertion que nous avons l’habitude de partager avec l’opinion.
Dans le cas spécifique du Niger le Général Abderakhmane Tchani nouvel homme fort du pays invoque notamment la situation sécuritaire désastreuse de cet État sahelien en proie au Djihadisme.
Soit !
Toujours est-il que la forte rivalité entre la France et la Russie dans l’espace sahelien n’est pas de nature à apaiser la tension.
Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines
Les nouveaux maîtres de Niamey ne se sont pas encore prononcés sur l’orientation idéologique à donner à leur magistère mais le narratif anti – français les trahit de prime abord.
Autrement dit, il ne faudrait pas être surpris de voir le drapeau russe flotter sous le ciel nigérien.
Surtout que le Président déchu Bazoum est connu pour être un des suppôts et bras séculiers de Paris en Afrique de l’ouest.
Mieux ou pire ( c’est selon ) il avait récemment pris ses distances et décrié les régimes militaires du Mali et du Burkina.
Autant dire que cette crise nigerienne englobe des enjeux géopolitiques et geostratégiques insoupçonnés.
On comprend alors pourquoi la France, puissance colonisatrice en nette perte de vitesse en Afrique de l’ouest a tôt fait de ne pas reconnaître le nouveau pouvoir.
Mais pour ceux qui maîtrisent les arcanes de la diplomatie, il ne s’agit que d’une position de principe car la France va sûrement manœuvrer en coulisses pour ne pas perdre ce Niger dont l’uranium permet d’assurer notamment le chauffage en hiver.
Attention, la France sait se battre et le Niger reste un enjeu stratégique majeur pour elle.
Le Général De Gaulle le disait à juste raison : » Les États- n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts »
Pour l’heure, Poutine dont le pays n’a pas de passé colonial en Afrique se frotte les mains pour avoir réussi à » contrôler » quelques pays africains comme la République Centrafricaine et le Mali…
En attendant d’autres ?
Mamadou Lamine DIATTA