Chronique- Et si on en parlait… Rupture avec le Ps : de quoi l’Apr a-t-elle peur ?
Macky Sall de l’Apr et Ousmane Tanor Dieng du Ps sont des hommes politiques responsables qui partagent beaucoup de principes, avec un sens de la retenue qui force le respect. Seulement, leur alliance politique se fait aux dépens de leurs partis et de leurs militants.
Le Ps est membre du gouvernement, avec deux ministres et des responsables politiques placés à la tête de Directions nationales et au cœur des cabinets. Mais, le paradoxe est qu’il est dans le … Macky sans être avec Macky. Le programme et la vision politique de celui-là ne sont défendus nulle part par les Socialistes qui commencent même à remettre en cause le Plan Sénégal Emergent, auquel l’Apr tient beaucoup. Ainsi, leurs divergences se multiplient-elles et leurs positions divergent sur la place publique.
Le Ps déclare urbi et orbi qu’il affrontera bien Macky Sall à la Présidentielle de 2017 ou de 2019. S’il ne se détermine pas encore, c’est parce qu’il use du pouvoir de Macky Sall, au nom de la loyauté, pour prendre le temps de désigner, en congrès, son candidat. Malgré le nom de Khalifa Sall qui est avancé, le Ps a des problèmes, parce qu’il se trouve dans une situation inédite : pour la première fois, la capacité de son dirigeant de le conduire à l’élection présidentielle fait douter même en son sein. Même si Khalifa Sall est évoqué et non encore désigné, une certaine partie du Ps est plus en phase avec Tanor qu’avec lui.
Parallèlement, une contradiction politique se manifeste bien dans le compagnonnage entre le Ps et l’Apr : ils se regardent en chiens de faïence et personne ne veut prendre l’initiative de la rupture. Ils cheminent ensemble, tout en affutant leurs armes pour s’affronter.
Mais, c’est plus l’Apr qui perd que le Ps. Les Socialistes sont au pouvoir et jouissent bien d’avantages politiques et de privilèges à mettre en relief dans leur positionnement dans l’espace gouvernemental, encore qu’ils connaissent bien les opportunités qu’offre le pouvoir et savent bien les mettre à leurs bénéfices.
L’un des postes ministériels les plus délicats est l’Elevage, qui est un silo inépuisable d’actes politiques à mettre à profit dans le monde rural. Conséquemment, c’est l’Apr qui, politiquement en perd à ses dépens.
Ousmane Tanor Dieng refuse de réagir aux sommations des gens de l’Apr, considérant que son seul interlocuteur, son seul alter ego est Macky Sall lui-même. Or, celui-ci, attaqué et critiqué par le Ps, n’arrive pas à prendre ses responsabilités politiques pour une clarification du compagnonnage, car il est contradictoire de vouloir être dans le camp d’une arène politique, tout en s’apprêtant à affronter le lutteur avec qui on prétend être le collaborateur.
Macky Sall a-t-il finalement peur de l’homme d’Etat Ousmane Tanor Dieng, influent dans la diplomatie, grâce à l’Internationale Socialiste ? Le Ps est-il une menace politique pour l’Apr ?
Ce qui est sûr est qu’il sera bien présent à la Présidentielle future et ne fera aucun cadeau à Macky Sall et à l’Apr, surtout si la candidature annoncée de Khalifa Sall est entérinée. Le jeu politique n’est promoteur que s’il est inscrit dans un élan d’anticipation et d’avant-garde. Le Ps est dans ce sillage. Mais, l’Apr reste encore dans l’arrière-garde.
Le Piroguier