Mamadou Lamine Keita, ancien ministre : «Pourquoi il n’y aura pas de présidentielle en 2017»
Maire de Bignona et membre du bureau politique du Parti démocratique sénégalais (Pds, opposition), Mamadou Lamine Keita estime que la Présidentielle qui devrait setenir en 2017, n’aura pas lieu. Il l’a dit ce week-end, dans un entretien où l’ancien ministre de la Jeunesse, sous Wade, parle de la reddition des comptes et tranche le débat sur la réduction du mandat présidentiel. Morceaux choisis.
Le Ps et l’Afp veulent isoler Macky Sall, l’affaiblir avant de l’achever
«Ces genres de système Ups-Ps sont avec le président Macky Sall, tout en se préparant à lui faire face lors de la prochaine présidentielle. Il est dans leur intérêt de le couper de sa famille politique et de maintenir sa gouvernance dans une tension permanente. Ils feront tout pour l’isoler, l’affaiblir avant de s’attaquer à lui», prévient le jeune libéral pour qui, «Cette stratégie du Ps et de l’Afp, demandant au président Sall de poursuivre la traque, c’est la meilleure manière pour eux de l’affaiblir avant l’heure de l’assaut. Ils le poussent à utiliser le pouvoir qui est entre ses mains pour commettre des erreurs et s’aliéner le soutien d’une bonne frange de la population sénégalaise. Utiliser la force de l’adversaire contre lui-même est une technique connue dans les arts martiaux», théorise-t-il.
Le maire de Bignona de formuler plusieurs interrogations, autour de la reddition «sélective» des comptes, après l’emprisonnement de Karim Wade. «Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse qui tiennent de tels propos, n’ont-ils pas participé à la gestion des deniers de notre pays pendant les quarante ans du régime socialiste ? Il se dit aujourd’hui que tous les deux, ils pèsent des milliards, sans qu’ils n’aient apporté de démenti. Quelle serait alors la provenance de ces milliards ?».
«Il n’y aura pas d’élection présidentielle en 2017»
Persuadé que la présidentielle ne se tiendra pas en 2017 malgré ce qu’en pensent bon nombre de Sénégalais, Mamadou Lamine Keita de lister des arguments, plusieurs cas de figure pour étayer ses propos. «Le président Macky Sall a annoncé un référendum prévu en 2016. Au cours de ce référendum, les Sénégalais devront se prononcer sur la durée du mandat du président de la République, qui doit passer de sept à cinq ans, avec effet rétroactif sur le mandat en cours».
Mais, «Avant le référendum, le Conseil constitutionnel devra donner son avis sur les modifications devant être soumises au vote des Sénégalais», rappelle l’ancien ministre. Qui souligne qu’ «il y a une jurisprudence de 2001, qui consiste à ne pas faire rétroagir la disposition. Macky Sall est élu alors que la durée du mandat est de sept ans. Selon ses déclarations, plusieurs fois répétées, il veut soumettre aux Sénégalais une modification ramenant la durée du mandat de sept à cinq ans, avec effet rétroactif. Si cela passait, on serait en face de deux jurisprudences : celle de 2001, qui rejette le principe de la rétroactivité, et celle de 2016 qui l’accepte.
A supposer que Macky Sall soit remplacé par quelqu’un qui croit au septennat et demande à soumettre aux Sénégalais une nouvelle modification pour faire passer la durée du mandat de cinq à sept ans, avec effet rétroactif, personne ne pourrait s’y opposer car nous aurions déjà une jurisprudence qui justifierait le principe de rétroactivité. Si cette rétroactivité est acceptée, on donnerait l’occasion à un président élu par les Sénégalais pour cinq ans, d’en faire sept», explique le membre du bureau politique du Parti démocratique sénégalais.
Ainsi, «pour éviter, à l’avenir, d’engager notre pays dans une voie à plusieurs issues, le Conseil constitutionnel irait dans le sens de délibérer en faveur du maintien de la jurisprudence déjà existante, c’est-à-dire celle d’une modification constitutionnelle sur la durée du mandat du président, sans effet rétroactif. Par conséquent, le président Macky Sall ferait sept ans pour le mandat en cours».