Big Pato, le policier qui veut lustrer l’image de la lutte

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Avec 1,87 mètre de taille et 85 kilos, le gardien de la paix Pathé Boye dit Big Pato se donne une double mission : assurer la sécurité de ses concitoyens et lustrer l’image de la lutte, qu’il pratique depuis sa prime jeunesse.

« Comme la plupart de mes concitoyens, qui se passionnent pour un sport, j’ai de la passion pour la lutte, depuis mon enfance », dit le policier. Pathé Boye a rendu visite à la rédaction de l’APS pour partager sa vision de ce « sport du chez nous ».

« Je ne comprends pas qu’on traite avec respect nos stars du football ou du basketball, quand les lutteurs sont considérés comme des amuseurs publics. Et pourtant ils pratiquent un sport national. La lutte fait partie de notre patrimoine culturel », explique Big Pato, s’exprimant en français et en wolof, comme pour mieux se faire comprendre.

Ce trentenaire natif de Mbour (ouest) invite les lutteurs à bien tenir leur rang dans la société sénégalaise. « Je n’arrive pas à comprendre que des ténors de la lutte avec frappe se laissent aller à certains comportements ou dérapages », s’inquiète-t-il.

« D’ailleurs, ce sont les mêmes lutteurs, qui se prennent pour des VIP, qui ont fait du mal à cette discipline », se désole Big Pato, un surnom donné à Pathé Boye, en souvenir de Pato, un footballeur brésilien, qui a joué au Milan AC (Italie).

Pathé Boye, reçu en 2010 au concours d’entrée à l’Ecole nationale de police, compte le lutteur mbourois Serigne Dia dit Bombardier parmi ses amis d’enfance.

A son avis, les lutteurs peuvent s’entourer de spécialistes pour lustrer leur image et mieux « vendre » leur discipline sportive. Ils ont besoin de « formation » et de « coaching » pour donner une bonne image à cette discipline, dit-il.

Le Comité national de gestion (CNG) de la lutte doit davantage accompagner la carrière des lutteurs en soutenant l’éducation et la formation dans les écoles et les écuries de lutte, selon l’ancien auxiliaire de police.

« La plupart des lutteurs sont loin d’être des fous. Mais ce qui compte pour eux, c’est la recherche de moyens de subsistance », affirme le policier, estimant que « les dérapages » de certains pratiquants de la lutte sont la conséquence d’un tel rapport avec ce sport.

« Il est temps de donner une autre image de cette discipline », souligne Pathé Boye, qui va disputer son premier combat de lutte avec frappe le 4 avril prochain, contre Boy Robot de Diamaguène-Sicap Mbao (département de Pikine).

Le policier doublé d’un lutteur, pensionnaire de l’école de lutte Manga 2, revendique « une quinzaine de combats de lutte sans frappe ». « Je m’entraîne quand je ne suis pas de service. Je fais de la musculation et je m’entraîne à la plage. Et en fonction de mon emploi du temps, je peux aller à l’école de lutte ou travailler avec mon entraîneur de lutte gréco-romaine », explique-t-il, s’autoproclamant « le défenseur des valeurs de la police » dans les arènes.

« Dans un passé pas très lointain, la police fournissait de grands sportifs aux équipes de football et de basketball notamment », rappelle Pathé Boye, qui ajoute : « En pratiquant la lutte, je veux perpétuer cette tradition. »

Aussi tient-il à rappeler qu’à l’occasion des derniers championnats universitaires en 2013, au Sénégal, il avait travaillé à « une véritable fraternisation entre les policiers et les étudiants ».

« Entre nous autres éléments du Groupement mobile d’intervention (GMI) et les étudiants, ce n’est pas une histoire d’amour. Mais pendant cette compétition, il y avait de la franche rigolade et de la camaraderie », rappelle Big Pato, avec fierté.

« La lutte est un sport comme les autres. Elle doit mériter plus de respect que les autres parce que c’est une discipline sportive ancrée dans notre culture », rappelle-t-il, remerciant les autorités de la police de lui avoir permis de pratiquer le sport de son choix.

APS

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