« Karim Wade, une personnalité ambigüe qui divise »
La condamnation lundi 23 mars de l’ancien ministre sénégalais et fils de l’ancien président, Karim Wade a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le rang de ses partisans du PDS. Ce weekend, ils l’ont désigné candidat à la prochaine présidentielle. Adulé dans son parti, il ne fait pas l’unanimité dans la population sénégalaise mais il apparaît aux yeux de certains comme une victime.
Avec le correspondante de RFI à Dakar, Carine Frenk
Dans le box des accusés, Karim Wade est absent. Il refuse de comparaître en signe de protestation contre la violation de ses droits. En revanche, son père, Abdoulaye Wade est venu. L’ancien président avait toujours refusé d’assister aux audiences, pour ne pas cautionner ce qu’il considère comme une parodie de justice.
Le président de la Cour annonce six années de prison pour Karim Wade. « C’est trop, c’est trop », hurlent les militants. Ils sont très remontés à la sortie de l’audience. « Ce n’est pas normal ! Tout ça, c’est politique. Il n’y a rien, il n’y a pas de preuves. Ils ont fait ce qu’ils voulaient. Ca ce n’est pas de la juridiction normale », revendique cette jeune femme. « Macky Sall fait le maximum pour empêcher Karim Wade de se présenter aux élections prochaines parce qu’il sait nettement que c’est son adversaire potentiel pour le battre aux élections libres et clairement », dénonce un militant. « C’est un procès politique. Le gouvernement vient de montrer qu’il n’y a que des hypocrites au pouvoir », critique cet autre.
Les militants se donnent rendez-vous à la résidence d’Abdoulaye Wade… Devant eux, l’ancien président prononce quelques mots en langue locale, le wolof : « C’est du cinéma, du théâtre. Il ne faut pas baisser les bras. » Les avocats ont décidé de se pourvoir en cassation. Le PDS de son côté a annoncé la tenue d’un meeting, vendredi prochain.
Karim Wade, une victime ?
S’il est aujourd’hui soutenu par le PDS, Karim Wade n’a pas toujours été très bien vu. Quand son père Abdoulaye Wade était au pouvoir, les Sénégalais le surnommaient, « le ministre du ciel et de la terre » lui qui avait en main quatre portefeuilles des plus importants. Ses détracteurs lui reprochaient son train de vie, son arrogance. Son nom était cité dans des scandales de corruption et de détournements. On le savait adulé par son père et l’on redoutait plus que tout une succession dynastique à la tête du Sénégal.
Aujourd’hui, Karim Wade a déjà passé deux années en prison et les lignes ont bougé. Si certains ne sont pas près d’oublier et ne veulent surtout pas entendre parler d’impunité, d’autres en revanche reconnaissent que Karim Wade est plus populaire qu’avant. C’est lié au fait qu’il apparaît aux yeux d’une partie de la population comme victime d’une injustice, d’un règlement de compte politique explique un professeur de sciences politiques. D’autant qu’il est pour l’instant, l’un des seuls responsables à devoir rendre des comptes.
Ces deux années d’incarcération, ce qui n’est pas arrivé souvent dans l’histoire politique du Sénégal, le rendent de facto plus sympathique qu’avant souligne le politologue. Même s’il ne faut ne pas forcément y voir, précise-t-il, une adhésion à sa cause. L’ancien président Abdoulaye Wade, y est lui acquis et entend bien remuer ciel et terre pour faire libérer son fils.
Source (RFI)