SÉNÉGAL: Faut-il jeter la pierre á nos enfants ? (Moussa SÈNE Absa)

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Faut-il jeter la pierre à nos enfants?

Je dirai d’emblée et sans hésiter non et non! Nos enfants sont d’une autre époque et d’autres mœurs. Ils suivent Pawlish, Ouzin Keita et adorent Waly. La vérité, ils ont échappé à notre contrôle depuis fort longtemps. Nous avons démissionné mais Satan lui ne dort pas. Et la violence qui s’offre à leurs yeux du matin au soir n’arrangent pas les choses. Même dans les séries qu’ils regardent, on se croirait dans quelques films hollywoodiens avec des scènes de violences brutes et gratuites. On est bien loin des théâtres de Daaray Kocc et Jamoney Tey qui nous donnaient des frissons. Aucune morale , ni leçon si ce ne sont des trahisons, l’adultère et autres vices valorisés. Un seul titre révélateur de l’état de déliquescence du pays :  » Infidèles  » qui bat des records d’audience.
Je ne me rappelle plus le temps où j’avais vu un élève en train de lire un roman. Durant notre scolarité, nous lisions,  » Une si longue lettre »,  » Pagne Noir »,  » Les Contes d’ Amadou Kumba » ,  » L’ enfant Noir »,  » Les misérables  » ,  » Les Fleurs du Mal »,  » L’ Aventure Ambiguë « ….
De ces belles histoires, nous polissions nos caractères. Bon, au nom d’une supposée promotion des sciences, nous avons tué la littérature. A la place, Tic Tok, Instagram, Watsap, Snapchat, mobilisent toute l’attention de nos enfants. Clic clac du matin au soir. Parlez leur de Cheikh Anta Diop ou de Souleymane Bachir Diagne, ils se contenteront de caresser la nuque. Personne ne veut plus devenir un enseignant clochardisé et méprisé par des lenteurs administratives sans fin. Dans un pays de lidieneti, lakharthi et jaay dolee, le savoir à peu de chance de prospérer. Mes instituteurs Mr Ndiaye et feu Mr Camara étaient mes idoles. Aujourd’hui, ces enseignants sont méprisés et voués aux gémonies.
Nous, adultes qu’avons nous fait pour jeter l’opprobre à ces enfants ? Des députés trafiquants, faussaires, du maatay partout. Non, nous ne sommes plus des exemples, encore moins des références. C’est la fin de l’excellence, du mérite. Les médiocres devant et au devant de la scène , voilà ce que ça coûte. Sen petit gallé a supplanté Génies en herbes. Les héros sont cherchés dans le sport, la danse ou le chant. Univers sordide. Même à l’université temple du savoir les étudiants y jouent au ninja avec des machettes et des couteaux. C’est la dégringolade à tous les niveaux.
Alors pas de lapidation pour nos enfants. Ceux qui n’ont pas fauté, levez la main! Nous aurons beau leur faire chanter : » Je suis sage à ma place.. » . Ils n’auront ni sagesse, ni retenue. Nous avons failli sur tous les plans. Qui sème le bordel recolte le chaos. Le ndeup ne peut être que collectif et c’est une urgence.

Signé le cinéaste : Moussa SENR ABSA

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