Et si SONKO avait raison ?
La sortie au vitriol de l’opposant Ousmane SONKO contre les présidents du Sénégal a fait couler beaucoup d’encre et de salive. En effet, les médias en ont fait leurs sous gras et les politiciens en mal de bilan positif, une récupération politique. C’est de bonne guerre ! Cependant, avec un peu de recule et d’objectivité, on se rend compte qu’il n’y avait pas à fouetter un adversaire…un chat, d’autant plus que tous nos présidents ont eu à prêter serment. Un serment dont voici la formule consacrée : « Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine.»
Toutefois, parmi nos présidents, qui, au lieu de respecter la constitution et ses lois, ne les a pas modifiées pour des raisons crypto-personnelles ? Au regard de ce serment, quel est le président sénégalais qui échapperait à la guillotine pour haute trahison ? En effet, le Sénégal a été trahi et transformé en un marché d’esclaves. Les Sénégalais sont laissés à la merci de multinationales sangsues et de banques usuraires. La classe moyenne en voie de disparition totale vit entre prêts, rallonges et découverts. Où sont l’indépendance et l’intégrité territoriale qu’ils ont jurées de défendre, si notre communication, notre eau, notre monnaie, notre or jaune et noir, notre zircon, entre autres, sont entre les sales mains d’étrangers incirconcis ? Autrement dit dans une nébuleuse dont même nos chefs d’Etats n’osent questionner.
Le 22 mars 1967, un jour de Tabaski, le sacrifice du mouton, Moustapha LO cousin du défunt khalife général des tidianes, Cheikh Tidiane SY Al Makhtoum, à la place de son bélier, voulut tuer le Président Senghor avec un pistolet MAC 9mm. Et au procès, il déclara : « Je voulais simplement lui donner un avertissement pour le faire changer de politique. » Celui qui n’a pas ce degré de patriotisme digne d’un Nelson MANDELA ou d’un Ché GUEVARA, n’a qu’à aller voir ailleurs. Toutefois, Moustapha LO fut exécuté. Cependant cette politique de SENGHOR qu’il combattait à fait plus de victimes et continue encore d’en faire à cause de l’échec de la transformation structurelle de l’économie du Sénégal entamée par Mamadou DIA sous la houlette du Père LEBRET au lendemain de notre indépendance. Ces victimes ne méritent–elles pas la vie comme SENGHOR et Demba DIOP. Pourtant ces crimes économiques du président- poète ou du poète-président, c’est selon, restent impunis malgré leur ampleur.
Quand l’ex vice-président du conseil du gouvernement (sous la loi cadre, l’autonomie), Mamadou DIA, fut libéré en 1974 (au bord de la cécité à cause d’un glaucome non traité), après douze ans d’incarcération dans d’inhumaines conditions à Kédougou, il pardonna à SENGHOR tout, (il a d’ailleurs porté son deuil) sauf ses crimes économico-politiques qu’il a commis sciemment de connivence avec la bourgeoisie compradore, les marabouts impénitents et les chefs coutumiers véreux. En fait, Ousmane SONKO n’a fait qu’emboîter le pas au Maodo en dénonçant l’incurie et l’irresponsabilité de ces fondés de pouvoir de l’Occident qu’il convoque devant le tribunal de l’Histoire. Et le tribunal de l’Histoire du Sénégal comme tout autre tribunal de l’Histoire digne de ce nom, ne saurait être clément. Il doit plutôt situer les responsabilités et faire payer aux coupables leurs forfaits. Si et seulement si les hommes naissent égaux devant la loi. Ainsi, si Abdou Ndaffa FAYE, le bourreau du député-maire de Mbour et président du groupe parlementaire de l’UPS, Démba DIOP et Moustapha LO ont payé de leurs âmes leurs crimes odieux, pourquoi nos présidents ne paieraient-ils pas de leurs âmes leurs crimes économico-politiques inestimables et leurs parjures ignominieux?
Elimane BARRY prof d’anglais au lycée Macire Ba de Kedougou
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