Quand Feu le Président Félix Houphouet Boigny de Côte d’Ivoire devait recevoir un Doctorat Honoris Causa d’une Université française, il refusa cet honneur parce que, disait-il au Président Français le Général de Gaulle, « donnez cette distinction à Léopold Sédar Senghor du Sénégal, qui cultive les lettres moi je suis un paysan je cultive la terre».
Dans cette petite phrase, on note deux options politiques diamétralement opposées de deux chefs d’Etat Africains au début de l’indépendance.
Le Président Senghor cherchait à consolider une Nation en agissant sur les Esprits pour cultiver cette commune volonté de vouloir vivre en commun entre tous les Sénégalais, toutes les ethnies confondues. Cela a aidé à bâtir la Nation Sénégalaise en s’appuyant sur le legs des Ancêtres, oh! combien important, le cousinage à plaisanterie entre différentes ethnies qui composent la société sénégalaise.
Mes cousins Pulaars, que je taquine à longueur d’année dans mes chroniques, ne me démentiront pas.
J’ai encore en mémoire cette dernière tournée économique du Président Senghor vers la fin des années 70, dans les régions du Fleuve (actuelles régions de Saint Louis et de Matam) et du Sénégal Oriental (actuelles Tambacounda et Kedougou) . Sereer qu’il était, il a fait jouer à fond ce cousinage à plaisanterie et au début de chaque allocution, il n’hésitait pas à taquiner ses cousins Pulaars qui acceptaient dans la joie, ces quelques pics d’humour qui faisaient rire toute la foule. La tournée était rythmée dans cette atmosphère fraternelle et conviviale qui consolidait cette commune volonté de vouloir vivre en commun dans une paix sociale garantie.
Nous avons tous été éduqués dans ce sens
Pétant des enfants à bas âge. Quand on disait au jeune Sereer de partager son verre de lait avec son cousin Pulaar sinon ce lait va se transformer en sang s’il ne le partageait pas, c’était pour le conscientiser sur les valeurs de la solidarité. Vous savez que tous les enfants ont peur à la vue du sang. Donc, pédagogiquement cet enfant va cultiver cette solidarité avec son cousin Pulaar et vice-versa !
L’ethnie Sereer, comme le disait Feu le Professeur Iba Der Thiam, historien émérite, est fédératrice dans la Nation Sénégalaise. Située au Centre du pays, cousins à plaisanterie avec les Pulaars au Nord et les Diolas et autres Mandingues au Sud. Avec les Diolas, la légende veut que c’est deux sœurs jumelles Aguene et Diambogne qui ont donné naissance, la première aux Diolas et la deuxième aux Sereers. Elles s’étaient séparées après le chavirement de leur pirogue, Aguene est restée en Casamance alors que Diambogne a dérivé jusqu’aux rives du Sine. Toutes ces légendes ne font que consolider la Nation Sénégalaise que les ancêtres ont mis des siècles à bâtir dans la solidarité.
Le Président Houphouet Boigny qui cultivait la terre, ne s’était pas préoccupé de la culture des Esprits pour bâtir une Nation ivoirienne. Le résultat est là. Les ethnies vivent dans un même État, mais on ne sent pas cette commune volonté de vouloir vivre en commun. On se souvient encore de cette question de l’ivoirité soulevée en son temps quand Alassane Ouattara alors, seul ancien Premier Ministre du Président Boigny, voulait se présenter à la présidentielle après le décès du président ivoirien. Ses rivaux lui donnaient la nationalité Burkinabé parce qu’il est ressortissant du Nord de la Côte d’Ivoire région frontalière avec le Burkina Faso et le Mali. On a vu les affrontements entre communautés pendant la présidentielle qui opposait Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. On avait compté des milliers de morts.
Que Le Tout Puissant nous préserve d’une pareille situation !
Comme nous sommes en pleins travaux champêtres, nous du monde rural, pendant que les politiciens sont dans leur campagne électorale, cette chronique sera écrite avec un air de vacances studieuses et plus courte que d’habitude. Merci.