Gouvernement: Qui est Pap NDIAYE, le nouveau ministre de l’Éducation nationale ?

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C’est l’une des surprises du premier gouvernement d’Élisabeth Borne : l’arrivée de l’historien Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation nationale. Il remplace le poids lourd de la macronie Jean-Michel Blanquer. Que signifie cette nomination ? Qui est Pap Ndiaye ? Europe 1 vous dresse son portrait.

Parmi les arrivées les plus marquantes du premier gouvernement d’Élisabeth Borne, annoncé ce vendredi après plusieurs jours d’attente, celle de Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation nationale. Il remplace ainsi Jean-Michel Blanquer, qui a établi un record de longévité à la tête de ce ministère, premier budget de l’État. Tout les oppose, et c’est un vrai choix de rupture de la part d’Emmanuel Macron. D’abord, car Pap Ndiaye est un homme très marqué à gauche, qui avait appelé à voter pour François Hollande en 2012.

Mais c’est surtout un changement radical qui se profile par rapport à la politique menée pendant cinq ans. Jean-Michel Blanquer s’est en effet montré très engagé dans la lutte contre le communautarisme et le wokisme à l’école. Deux termes, deux phénomènes appréhendés à l’inverse d’une manière positive par Pap Ndiaye qui, par exemple, fut l’un des premiers chercheurs français à avoir développé une pensée s’inscrivant dans ce mouvement woke, importé des États-Unis.

Des sorties sur le racisme structurel et les violences policières

Le nouveau ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse est un historien de 55 ans, spécialiste de l’histoire sociale des États-Unis et des minorités. Il était jusqu’à présent à la tête du Palais de la Porte Dorée, qui héberge le musée national de l’histoire de l’immigration.

Pap Ndiaye est connu pour certaines de ses prises de position. Il avait par exemple déclaré qu’il existe bien un racisme structurel en France, un racisme dans l’État. Il s’était aussi exprimé sur les violences policières, expliquant qu’il y avait un déni sur la question en France.

Hommage à Samuel Paty

Lors de la passation de pouvoir avec Jean-Michel Blanquer, il a rendu hommage à son « collègue historien » Samuel Paty, assassiné en octobre 2020, et a prôné « le dialogue avec toute la communauté éducative ». « Mes premières pensées vont vers le monde des enseignants, qui est le mien depuis toujours », a-t-il dit.

Se définissant comme « un pur produit de la méritocratie républicaine », cet historien de 56 ans, de père sénégalais et de mère française, a affirmé être « peut-être un symbole, celui de la méritocratie, mais peut-être aussi celui de la diversité ».

Figure de « pointure » sur les minorités

Professeur pendant de nombreuses années à Sciences Po Paris, Pap Ndiaye fait figure de « pointure » sur les questions liées aux minorités. « Dans le domaine de l’Histoire, c’est quelqu’un qui a été innovant », dit de lui l’historien Pascal Blanchard, spécialiste de la colonisation, pour qui « ses travaux sur la présence noire en France sont fondateurs ». « C’est bien d’aller chercher un pédagogue au moment où il y a un mal-être chez les enseignants. »

« Sur tout ce qui touche aux minorités, il incarne des orientations qui ne sont certainement pas celles que Jean-Michel Blanquer a mises en œuvre », relève le sociologue Michel Wieviorka.

Un atout pour la réconciliation ?

Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé d’histoire, titulaire d’un doctorat obtenu à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et diplômé de l’université de Virginie (Master en histoire des États-Unis), Pap Ndiaye est le frère aîné de l’écrivaine Marie NDiaye, prix Goncourt 2009. Il publie en 2008 La Condition noire, essai sur une minorité française, son ouvrage de référence.

En 2019, toujours avec l’envie de vulgariser ses sujets d’étude, il devient conseiller scientifique de l’exposition « Le modèle noir », au Musée d’Orsay à Paris, sur la représentation des Noirs dans les arts visuels. Plus récemment, il a co-présenté un rapport sur la diversité à l’Opéra de Paris.

Partisan du consensus

Lors de son arrivée à la tête du Musée national de l’histoire de l’immigration en mars 2021, il déclarait à l’AFP que sa nomination était un symbole pour les jeunes « non-blancs », même si elle s’expliquait « d’abord » par son travail d’historien et sa « longue carrière d’universitaire ». « Je m’assume tel quel avec ma couleur de peau », poursuivait-il.

Réputé partisan du consensus, sa personnalité pourrait être un atout pour favoriser la réconciliation avec le monde enseignant, très critique à l’égard de Jean-Michel Blanquer.

europe1.fr

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