8 mars journée de la femme : la lettre de Mme Fatimé Raymonne Habré aux femmes Africaines.

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Au nom de toutes les femmes combattantes…

Femmes Africaines, que de combats, vous avez menés
Adolescentes, célibataires ou mariées,
Souvent incomprises, malmenées mais toujours sollicitées,
Votre quotidien est de gérer, parents-foyer-activités,

Combattives, dignes et décidées, vous essayez d’exister dans ce monde, où de l’espace politique, vous êtes écartées, ou, confinées dans des rôles sans intérêts ou sans cesse surveillées.
Instrumentalisées pour des desseins inavoués, vous en êtes venues à trouver refuge dans des espaces discrets, frustrées et désappointées.

Dans cette Afrique soumise à la politique du chaos, vos destins se jouent dans le silence de cette gent masculine qui nous gouverne sans courage.

En ce 8 Mars, je vous invite à investir davantage l’arène politique pour exprimer vos idées et propositions pour l’avenir de nos pays.

Des milliers de femmes ont participé au Printemps Arabe, sur la place Tahrir, elles ont été violées, dans les rues de Tunis, elles ont été agressées mais elles ont persévéré jusqu’à la victoire finale. Une pensée pour elles.

Nous devrions nous inquiéter pour notre Avenir, et, pour notre Continent.
Chaque jour, des coups sont portés à nos valeurs, à notre dignité.
Chaque jour, des diversions sont organisées pour nous dissimuler le pillage de nos cités.

Jour après jour, des moyens sophistiqués réduisent à néant notre désir de changer notre destinée.
Que devrions- nous enseigner à nos enfants ?
Que la Téranga devra désormais porter des guillemets ? Quand des familles après 25 ans de vie, voient leur destin scellé par une multinationale du crime politique, médiatique et judiciaire ?

Que 200 jeunes filles africaines ont pu être enlevées et transportées en plein jour, dans des bus, sans être repérées par des drones pourtant à proximité.
Tout comme, il y a 20 ans, plus d’un million de tutsis ont pu être massacrés en 20 jours, sans aucune image des auteurs du génocide malgré les satellites positionnés.

Existe-t-il un débat autour des enjeux réels dans nos pays, ou bien, étouffons-nous sous une autocensure généralisée autour des questions économiques et du renforcement du Grand Capital occidental dans nos contrées ?

En ce 8 mars, plusieurs pays n’ont pu faire adopter le Code de la Famille faute de consensus sur les Droits des femmes.

De même, dans de nombreux pays, il n’y a plus d’opposition, à l’ère des drones, la répression a, désormais, elle aussi, des armes sophistiquées ; harcèlement fiscal, accusations de détournement de fonds, procédures judiciaires abusives. Cela donne, au finish, un mirage démocratique reposant sur un énorme clientélisme, des tripatouillages constitutionnels assurant tantôt des prolongations de mandat, tantôt des présidences à vie.

Un achat massif des consciences permet d’avoir des élections « apaisées » ainsi, se construit le mythe de la bonne gouvernance.

Comme on peut le relever, toutes les institutions sont en crise ; les institutions judiciaires ne sont plus crédibles, elles ploient sous la volonté présidentielle, l’armée est fragilisée par le blanchiment, le trafic de drogue, la fausse monnaie. La soi-disant Communauté Internationale – si prompte à décider qui, il faut juger, et, qui, il faut laisser tranquille – connaît tous ces abus, dérives et perversions. Au nom de ses intérêts économiques et stratégiques, elle soutient les hommes-lige qui lui obéissent et elle les aide à mettre en place ces fictions démocratiques, qui grandissent, sous son aile protectrice et prédatrice. Elle bénéficie dans cette complicité avec les régimes, de l’appui d’une société civile artificielle, prête à se mettre au service des citadelles d’argent et à porter leur guerre contre les priorités nationales.

Un bilan peu reluisant dans la conduite des affaires de la cité par la gent masculine mais qui contraste avec les discours ambiants sur une économie africaine prometteuse alors que l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale sont déstabilisées par des actions de terrorisme servant de prétexte à leur morcellement et à une remilitarisation économique : synonyme de perte de souveraineté et de pauvreté.

Cette faillite ne justifie t-elle pas qu’une place plus grande soit faite aux femmes dans les stations de pouvoir ? Notre continent n’a plus de leaders, il n’y a plus d’hommes ayant un courage politique, ayant foi en leur pays, en la capacité de leurs populations de réaliser une vision au service des intérêts nationaux et de se mobiliser pour le faire.

Voici venu le temps des femmes !

Bonne fête ! A toutes les femmes.

Mme Fatimé Raymonne Habré

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