L’Afrique doit se faire respecter par l’Occident et les occidentaux…Éric Zemmour, un homme qui a honte de ses origines
Sur fond de campagne électorale, les idées les plus nauséabondes et la dérive sémantique la plus repoussante, fleurissent dans les propos démagogiques et irresponsables de femmes et d’hommes politiques français dont l’indignité le dispute à l’inculture, à les entendre pérorer.
Le pire de tous: Éric Zemmour, un homme qui a honte de ses origines, qu’il renie farouchement, qu’il cherche à gommer désespérément, au prix d’une lamentable et vaine assimilation.
Lamentable, en ce sens que l’assimilation n’est rien d’autre que le renoncement à son identité. Vaine, puisque l’homme unidimensionnel de Zemmour restera à l’état de fantasme, de chimère. Ce qui fait l’attrait et l’intérêt d’une société, c’est précisément sa diversité. Une société recroquevillée sur elle, non ouverte aux autres, fermée aux « apports fécondants », pour paraphraser Senghor, est une société enkylosée, une société stérile.
Le paradoxe, pour ne pas dire le scandale, dans les diatribes du pitoyable Zemmour, contre les immigrés, contre les musulmans, contre les arabes, contre les juifs, contre les africains, contre les habitants des quartiers défavorisés, est que le rejet que toutes ces identités lui inspirent, est curieusement tout ce qu’il est : un immigré, d’origine algérienne, de confession juive, ayant grandi dans une cité de la banlieue parisienne. Il n’y a pas de honte à cela, mon pauvre Zemmour !
Zemmour, dont les parents sont arrivés en France avec comme seul bagage leur baluchon, voudrait chasser de son pays d’accueil tous ceux qui seraient arrivés après lui. Quel égoïste ! Surtout quel ingrat, vis à vis de ses parents qui ont enduré tous les sacrifices, qui ont tout quitté pour une nouvelle vie et pour l’élévation de leur indigne rejeton.
Zemmour voit en chaque étranger un délinquant. A cet égard, il est dans la posture du pyromane qui crie « au feu »! N’a-t-il pas été condamné plusieurs fois, pour ses délires racistes. Donc c’est un délinquant.
Autre exemple notoire de ce qu’il est un délinquant, il a été pris en flagrant délit de vol, dans le supermarché de son quartier et par deux fois, qui plus est pour un montant de courses non payées ridiculement dérisoire. De la part d’un millionnaire, en euros, tel que lui, ce type de larcin trahit ou traduit une fêlure psychologique.
Du sacrifice de ses parents, ayant renoncé à tout, depuis la terre rouge et chaude de leur Algérie natale, jusqu’aux murs froids et sinistres de la cité difficile où ils ont essayé aussi bien que mal, sans doute plutôt mal que bien d’élever leur fils ingrat et malingre, le petit Eric, rien manifestement ne semble avoir été facile pour eux. De ce pénible souvenir des vaches maigres, leur petit Eric a développé une haine viscérale de l’étranger – bien qu’il en soit un – et une hantise obsessionnelle du délinquant, qu’il voit partout, au point de l’incarner à son corps défendant. Eric Zemmour doit cesser ses invectives et ses insultes contre les africains, sous peine de poursuites judiciaires systématiques.
La haine de Zemmour commence contre les siens, avant de se répandre vers tout ce qui est étranger, vers tout ce qui lui rappelle ses origines qu’il réprouve : c’est le rejet de l’arabe, du musulman, du juif, de l’autre.
Eric Zemmour a un problème avec lui-même, avec ses racines, avec ses liens familiaux qui l’insupportent, au point d’en être pathétique, voire pathologique. Il est en permanence dans l’auto-flagellation. Son cas relève de la psychanalyse.
Ce candidat à l’élection présidentielle française, qui ne brille que par la bassesse de son propos, l’aridité de son programme, sa falsification de l’histoire et l’approximation de ses idées, est en train d’affadir la démocratie. Au niveau du caniveau où il abaisse le débat politique, il devient la preuve de l’effondrement d’un système à bout de souffle, qui désormais admet l’innommable.
Son racisme, sa misogynie, son islamophobie, son antisémitisme, son eugénisme avec le rejet farouche des handicapés ou le dérapage sur les migrants, en font un ennemi de la République et de ses valeurs d’humanisme et de solidarité. Lui dont même Marine Le Pen, dont l’extrémisme n’est plus à démontrer, dit qu’il est entouré que de nazis; lui qui prône l’expulsion sans discernement, oubliant un peu trop vite que ses parents auraient pu en être victimes, ne cesse de descendre au gré de ses éructations, chaque jour, un peu plus dans le misérabilisme moral seul de nature à le caractériser. Nicolas Sarkozy, qui n’est pas le reflet d’un modèle de vertu pour l’Afrique, ni pour l’africain, pour avoir tristement brillé par ses dérapages verbaux, dit tout son dégoût de Zemmour, allant jusqu’à trouver que sa tête ressemble à celle d’un rat.
Face aux extrémistes de mauvais aloi, dont le reniement de ce qu’ils sont ne les embarrasse guère, chaque fois qu’il s’agit de faire triompher leurs vils intérêts, l’Afrique doit serrer les coudes. Il lui faut retrouver son unité, pour asseoir son autorité, pour préserver ses intérêts, face aux accords de circonstance et aux affronts de toute nature, qui lui viennent de toute part, d’un Occident qui, après tout, n’est rien sans elle.
L’extrême droite européenne en général et française en particulier, cette extrême droite si crasse, ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt de la banalisation des discriminations. Les relents racistes qui percent de ci, de là, dans cette campagne électorale française la plus abjecte qui soit, ne sont ni anodins, ni marginaux et doivent être condamnés et combattus, avec fermeté et vigueur, par les dirigeants occidentaux, au besoin donner lieu à des poursuites judiciaires de la part des organismes de veille et de contrôle habilités à cet effet. Ne rien dire, ne rien faire, c’est cautionner l’abjection. Il faut retenir avec Georges Orwell que « dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire ».
Le racisme, ce fléau sur lequel l’hitlérisme avait prospéré et qui a failli anéantir l’Europe; cette abomination qui a germé dans l’esprit sclérosé des négriers qui ont saigné l’Afrique durant trois siècles; ce « fardeau de l’homme blanc » qui a conduit à la partition de l’Afrique et à sa domination coloniale pendant un siècle supplémentaire; le racisme, disons-le, net et clair, doit être éradiqué puisque les Hommes naissent libres et égaux et qu’il n’y a en réalité qu’une race, la race humaine.
Naturellement, par démagogie ou esprit de lucre, sinon rêve ou soif de puissance, il se trouvera toujours des hommes et des femmes pour s’illustrer dans le racisme, tout en s’en défendant. Cette honte de ne pas admettre ce qu’ils sont, tient au fait que ce n’est pas une gloire, mais une avanie que d’être reconnu raciste. En effet, le racisme est à deux extrêmes : chez les plus pauvres spirituellement et chez les plus pauvres intellectuellement. Pour le dire plus prosaïquement, le racisme est le fait des imbéciles et des tarés. Comprendre cela, c’est comprendre pourquoi Marine Le Pen et Éric Zemmour se défendent si farouchement d’être des racistes, en dépit de leur discours identitaire qui empeste le tréfonds de ce qu’ils ont de plus sordide. Faut-il les blâmer pour leur lâcheté ou les plaindre pour leur hypocrisie ? Chacun mettra dans son jugement, l’esprit qu’il veut. En tout cas ils sont à vomir tous les deux.
Face au péril qu’ils représentent, l’un comme l’autre, si par extraordinaire un de ces extrémistes de droite devait remporter l’élection présidentielle française, la réaction de l’Afrique devrait être spontanée et unanime : rompre immédiatement toute relation diplomatique et toute relation commerciale avec une France ayant à sa tête un fasciste. De la même façon que Vichy ce n’était plus la République, de cette même façon un régime avec à sa tête Marine Le Pen ou Éric Zemmour, devrait être infréquentable et donc boudé par l’Afrique et les africains, pour faire comprendre combien leurs liens avec la France garantissent à cette dernière une place de choix sur la scène internationale. Le Président Oumar Bongo, qui avait le sens des formules imagées, disait à juste raison que « l’Afrique sans la France, c’est comme une voiture sans moteur et la France sans l’Afrique comme une voiture sans carburant ». Le propos est pertinent et prouve combien cette interdépendance, reposant sur la concentration du savoir-faire d’un côté et les matières premières de l’autre, rend nécessaire et indispensable la coopération Nord-Sud.
Malgré les excès et outrances que favorise la confrontation électorale, il est indigne de prétexter d’une campagne électorale, pour déverser honteusement des insanités sur un peuple et un Continent dont on profite allègrement.
J’invite donc tous les Ambassadeurs africains, en légation en France, au nom de l’incarnation de leur Nation, de même que tous les Consuls généraux dans l’Hexagone, en ce qu’ils portent les intérêts légitimes de leurs nationaux, à prendre fait et cause pour leurs ressortissants, chaque fois qu’un responsable politique, candidat ou non à une élection, proférera des ignominies attentatoires à l’honneur et à la dignité de l’Homme, à l’égard de leurs nationaux.
Pour être efficaces, les actions judiciaires des représentations diplomatiques des États africains, contre les atteintes et insinuations ignobles portées à leurs compatriotes, devront être menées de façon concertée et sans faiblesse. Ce n’est qu’au prix de telles réactions de fermeté, que l’Afrique imposera le respect à l’Occident et aux occidentaux, dans le cadre d’un partenariat apaise et égalitaire. Il faut se souvenir, grâce à Voltaire que : « Lorsque la calomnie est entrée dans l’esprit public, comme la goutte dans la jambe d’un prélat, elle n’en déloge plus ». Alors, il faut être ferme et intransigeant, face à ceux qui font mine de minimiser l’Afrique !
Abdoulaye SARR
Juriste, Tours, France
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