Aziz Ndiaye sort de son mutisme : «Je n’ai jamais payé moins de 50 millions à un ténor»
Pourquoi, depuis le début de la saison, vous n’avez pas mis les pieds dans l’arène ?
Il est vrai que je ne suis pas encore venu dans les arènes cette saison, mais je suis la lutte de loin. Je suis content, à l’image des amateurs, des combats qui sont déjà montés. J’ose espérer qu’on va vers une belle saison de lutte.
Pourquoi ce choix de rester si loin de l’arène ?
Non, la saison vient de démarrer. Je vais peut-être venir suivre les grands combats qui se profilent à l’horizon. Je vais venir en tant qu’amateur et en tant qu’observateur.
Cela veut-il dire que le retrait d’Aziz Ndiaye est irréversible ?
Mon retrait de l’arène est définitif. Moi je suis un homme engagé. Si je m’engage, j’y vais à fond. La lutte est une passion. J’avais des rêves de jeunesse et j’ai réussi à les réaliser. Je n’ai plus rien à prouver. J’ai créé de la valeur ajoutée autour de la lutte. On a fait rêver les amateurs avec nos alléchantes affiches. C’était ça notre objectif. Mon objectif n’était pas en réalité de demeurer promoteur jusqu’à l’éternité. On avait envie de faire, en un temps t, des choses extraordinaires. »Je crois savoir qu’on a réussi à faire un maximum de bonnes choses dans l’arène.
Cela veut-il dire que vous avez décidé de vous retirer après avoir atteint le sommet ?
Parfaitement ! Je crois que je ne peux pas faire plus que je n’ai déjà fait. La preuve, tous les grands champions des grands combats ont été engagés l’année passée par moi. Je veux parler de Balla Gaye 2, Modou Lô, Bombardier et Eumeu Sène. Depuis que je suis dans l’arène, chaque année, j’organise au moins quatre combats de ténors.
Luc Nicolaï et Gaston Mbengue en ont pourtant fait autant, mais Ils ne se sont pas retirés pour autant…
Moi, je suis un opérateur économique. Je suis un homme d’affaires. Je pense que tout ce que je compte faire dans la lutte en tant qu’homme d’affaires, je le fais. Aussi, la lutte m’a beaucoup apporté. Ça, je le reconnais sincèrement Toutefois, dans mon entendement, quand tu fais tout ce que tu dots faire, tu dois céder la place aux autres.
Est-ce que le combat Tyson / Gris aura lieu cette saison ?
Le combat Gris Bordeaux / Tyson aura lieu le 3 mai prochain. J’ai déjà renouvelé ma licence. Tyson / Gris fait partie des meilleurs combats de la saison. Ça rappelle l’éternel derby entre Fass et Pikine. Ce sera un combat choc. Je vais l’organiser normalement comme tous mes grands événements. Je veux même faire plus pour satisfaire les amateurs. Je vais offrir aux amateurs un grand événement pour une sorte d’«au-revoir» à la lutte. Je vais faire quelque chose de grand pour la lutte.
Qu’est-ce que vous attendez en réalité pour faire la promotion du combat Gris / Tyson ?
J’ai un frère qui est en détention (Massata Ndiaye, ndlr). Je ne peux pas organiser des événements pendant qu’il est en prison. En le faisant, je vais manquer de respect à ma propre famille. C’est notre aîné et il mérite une certaine considération, une certaine sensibilité et un certain respect de notre part. Maintenant, je prie Dieu qu’il soit relaxé dans les jours à venir afin qu’on puisse mener à bien nos activités.
Ça se voit que cette affaire vous touche…
C’est très normal. Je suis une personne publique. Dans ma famille, je suis celui qui est le plus célèbre. Donc, tout ce qui touche à ma famille va forcément me toucher. La justice a fait son travail et on attend encore. Si on parle de Dembélé, on fait inévitablement référence à Sunu Lamb. C’est cela en réalité. Derrière tout acte concernant ma famille, on verra l’image d’Aziz Ndiaye. La justice a fait son travail comme il se doit.
Comment comptez-vous «concurrencer» les télés qui ont leurs événements?
Je salue l’avènement des télés dans l’arène. J’ai toujours réalisé que les télés finiraient par organiser leurs propres combats. C’est normal. Les télés ont besoin de programmes et la lutte en est un. La venue de la RDV et ta TFM est à saluer. Je souhaite aussi qu’ils réussissent.
Gouye Gui, le ministre Matar Bâ, Bombardier, entre autres, vous ont invité à rester. N’êtes-vous pas sensible à leur appel ?
J’en suis même très sensible. En tant qu’homme engagé, je respecte mes engagements. Mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas du tout sensible à l’appel des acteurs de la lutte.
Avez-vous au moins des projets pour la lutte?
L’année prochaine inch’Allah, vous me verrez dans l’arène. Ce ne sera pas en tant que promoteur qui organise des combats, mais un homme d’affaires qui sponsorise les promoteurs. Je vais voir dans le budget de mes sociétés pour 2016, comment faire pour sponsoriser la lutte. Je suis en train de monter des usines qui peuvent être prêtes avant 2016. Je travaille dans le but de sponsoriser la butte avec mes produits. Quel que soit alpha, avant 2016, je vais sponsoriser certains combats. C’est mon souhait et c’est bien pour la lutte. La lutte m’a tout donné et c’est bien normal que je lui rende la pareille. Je vais revenir en tant que sponsor et non en tant que promoteur.
Pour certains, votre retrait se justifie par le fait que vous avez été victime de beaucoup de coups bas. Est-ce le cas ?
Tout ça est derrière nous. Je suis une personne qui pardonne. J’ai laissé mes empreintes dans l’arène. On a fait rêver tout le monde. On a investi beaucoup de millions. La lutte aussi nous a beaucoup rapporté.
Votre retrait n’est-il pas stratégique comme la première fois où vous aviez reculé pour mieux sauter ?
Moi, j’ai’ organisé deux combats de Balla Gaye 2 en tant que roi des arènes. J’ai réussi à organiser le choc Modou Lô / Eumeu Sène alors que des promoteurs tenaient à l’organiser sans succès. Je vais organiser Tyson / Gris. Vraiment, cela n’est pas donné à tout jeune de mon âge. Je me suis dit que si je reste, je vais continuer à faire les mêmes choses : organiser le combat des Balla Gaye 2, Modou Lô, etc. Ce n’est plus un rêve.
Quelle sera votre collaboration avec Expresso si l’on sait que votre partenaire, Malick Thiam, n’y est plus?
C’est vrai que Malick Thiam n’est plus là-bas. Mike aussi est à Excaf pour travailler sur la TNT. Moi, j’ai vu venir beaucoup de choses. Aujourd’hui, les véritables sponsors sont partis. Je parle des téléphonies mobiles. Il y en a d’autres comme PATISEN, Tampico, Crax, etc. qui mettaient beaucoup d’argent dans la lutte. Ils me donnaient beaucoup d’argent, pour dire vrai. Je payais aussi de gros cachets aux lutteurs. Je n’ai jamais payé moins de 50 millions FCFA à un ténor de la lutte. J’ai organisé de très grosses affiches avec de grands noms de la lutte. Dieu merci, car aucun lutteur ne me réclame une dette.
Justement comment appréciez-vous le fait que Gaston Mbengue doive encore de l’argent à certains lutteurs?
Il faut que les lutteurs soient compréhensifs. Des fois, les promoteurs signent des contrats pour une saison avec les sponsors. Ils ne soldent pas leurs comptes avant la fin de la saison. Il faut que la saison soit complètement clôturée pour qu’ils honorent leurs engagements. C’est mon cas, il y a des sponsors qui me doivent encore de l’argent. Je sais que Gaston Mbengue est dans la même situation. Heureusement que moi je me suis débrouillé pour payer les lutteurs. Peut-être qu’après Gris / Tyson, ils vont me payer.
Dans quel cadre un sponsor peut devoir de l’argent à un promoteur ?
Je sais que Gaston Mbengue ou moi, on signe avec un sponsor un contrat pour, par exemple, trois journées. Si tu boucles les deux, le sponsor peut dire qu’il faut attendre que tu en finisses avec la 3ème pour te payer. C’est très normal. Si tu n’honores pas l’intégralité de ton contrat, tu ne peux pas réclamer ton dû. Les lutteurs qui ne comprennent pas cela te réclament leur argent.
Quelle appréciation faites-vous du retour de Luc Nicolaï ?
La lutte est son milieu naturel. Je n’ai jamais imaginé son retrait de l’arène. Il est vrai qu’il avait un problème avec la justice, mais la lutte est son milieu naturel.
Votre mot de la fin ?
Je remercie toute personne avec qui j’ai collaboré dans l’arène. Je fais mention spéciale à Sunu Lamb et à l’ensemble de ses journalistes.