« La presse sénégalaise est nulle » (…), Gaston MANSALY journaliste renvoit Latif dans sa cour de récréation

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«Les airs de la prétention et de la hauteur sont impertinents et insolents», Abbé Roubaud : «Les Nouveaux synonymes français»

LATIF. LATIF. LATIF. Je t’appelle trois fois. Et c’est à toi que je m’adresse. «La prétention nous fait croire dignes de toutes les places – quelle que soit leur hauteur; l’orgueil peut nous les faire refuser. Non pas seulement, comme on croit, par une trop haute idée de nos mérites mais crainte de ne pouvoir dignement les remplir», Pierre Reverdy : Le livre de mon bord (1948). J’étais presque abasourdi en lisant, sur votre page Facebook : «La presse sénégalaise est nulle (…) Un journaliste comme moi, il n’y en a pas deux au Sénégal (…)». Je ne croyais pas ces mots venant de toi. J’ai cru, des heures durant, que votre page Facebook, a été piraté. Hélas. Ayant attendu 48 heures sans tomber sur un démenti de votre part, je me suis résolu à l’idée de faire face au clavier de mon ordinateur. Dans cette affaire dite du «Grand Jury» en effet, je n’aurais pas réagi si et seulement si les propos écoutés et entendus en direct, restaient dans le studio Awa Mbaye. Mais quand toi, anciennement et pompeusement surnommé : journaliste d’investigation se paie le luxe permissif d’insulter toute une corporation, si les anciens au-delà du billettiste de Kaccor du Témoin, ne pipent pas mot, je me réserve, le droit de te parler. Par le même canal.

Latif, c’est la raison de ma sortie à la suite de tes propos injurieux à tous les journalistes de ce pays. En effet, si tu ne te considères plus comme journaliste, c’est ton droit le plus absolu. Mais salir ce noble métier qui fait tant rêver, est impardonnable. Tu as certes décidé de faire de la politique, ravaler le peu de dignité qui restait de toi et de soutenir un régime en dépit de tes anciens pamphlets contre celui de Me Abdoulaye Wade avec des livres et articles commandités aux allégations sans contradiction (faux principe du journalisme) comme : «Comptes et mécomptes de l’Anoci, Wade, un opposant au pouvoir, La République abîmé» pour lesquels tu as perdu beaucoup de procès, reconnu coupable et condamné par le juge. «Ce métier, le jour où l’on n’a plus rien à y apprendre, ce jour-là, il faut tout abandonner et aller faire autre chose», me disait un de mes professeurs à l’occasion de nos nombreuses discussions sur le journalisme et l’humilité qui l’accompagne. Ce n’était pas une parole d’évangile pour moi. Car je ne l’ai pas apprise à la catéchèse avant ma première communion. Ce sacrement qui fait partie des trois Sacrements de l’initiation chrétienne avec le baptême et la confirmation. Mais c’était tout comme pour moi. Jeune étudiant en journalisme. Comprendre que le journalisme est une quête perpétuelle du savoir sans fixation aucune, n’est pas le fort de tous. Hélas. Et des gens (de prétendus surdoués) comme Latif, ne le comprennent pas ainsi. Le droit d’aînesse (comme dans mon village de Safane et ma culture Balante) me recommande respect et considération aux aînés, bons ou mauvais en dépit de nos divergences d’opinions.

Latif, donner ta position sur des questions concernant le régime pour lequel tu travailles et commandée par ta posture politique du moment, n’engage que toi. Mais loin de moi d’accepter des injures venant de toi à l’endroit des journalistes dont je fais partie de la corporation jusqu’à preuve du contraire.

Latif, «l’humilité est le contre poison de l’orgueil», dit Voltaire dans Dictionnaire philosophique. Quand, pour sa part, Lord Alfred Tennyson The Holy Grail dit que «la vraie humilité est la mère de toutes les vertus». Mais cette vertu, comme le dialogue entre Socrates et Anytos dans le Menon, ne s’enseigne pas. Sur le plan de la connaissance, la «vertu permet de dépasser la soumission aux apparences. L’opinion vraie tout comme la science et l’intelligence, ont leur siège dans l’âme. Mais ces qualités attribuées à l’opinion vraie, ne vaudront que si nous savons bien chercher et parler. Ce qui n’est pas nécessairement, le cas». Et c’est cela qui a manqué à Latif. «L’opinion droite et le savoir, sont deux choses différentes». Mais quoi de plus étonnant quand le coq change de bassecour. «L’exercice du pouvoir grossit les caractères des êtres comme la loupe ceux de l’imprimerie. Il est une drogue qui rend fou quiconque y touche, corrompt quiconque s’y installe, détruit quiconque s’y complaît. Aveuglés par les phares de la renommée, les chenilles dévoués ont tôt fait de se métamorphoser en vaniteux papillons». Bien parfois, quand je lis et relis ces mots de l’ancien Conseiller spécial du Président François Mitterrand (10 ans), polytechnicien et énarque dans Verbatum 1, je ne cesse de penser à tous ces journalistes, aujourd’hui dans l’attelage gouvernemental qui se muent en donneurs de leçons alors que leur passé récent, est bien vivace dans la mémoire collective des Sénégalais.

Comme Latif, nombreux sont-ils, à devoir raser le mur pour avoir de nouvelles positions en regardant, désormais, leurs semblables de si haut. Personne n’interdit à un journaliste de faire de la politique. Mais dès que l’on aura franchi l’autre porte et fini de tourner le dos aux salles de rédaction, ayons en bandoulière, l’humilité de respecter les autres qui y sont encore. Journaliste nommé ministre, n’est pas plus méritant que ses confrères. C’est un…choix. Alors, un peu de respect !

Par Gaston MANSALY, journaliste 

 

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