Départ d’Alioune SARR, radiation de Sitor NDOUR, Mbaye Jacques DIOP dit tout: «Matar BA prendra la décision idoine»
Accroché par Sunu Lamb, Mbaye Jacques DIOP est revenu sur toute l’actualité de la lutte sénégalaise. Le journaliste, par ailleurs conseiller en communication du ministère des Sports, s’est prononcé sur la crise financière que connait la lutte, la perturbation de la saison causée par le Covid 19 et l’avenir du président Alioune SARR à la tête du CNG de lutte.
Entretien
Quel commentaire faites-vous de la saison de lutte. On n’a déroulé que peu de combats, avant que les activités ne soient arrêtées….
C’est un peu regrettable qu’une telle situation puisse se produire. La pandémie de Covid 19 qui a fait son irruption au Sénégal à la fin du mois de février début mars. Où dans un premier temps, le ministère des Sports a pris une importante décision, bien avant même que le président de la République ne décrète l’Etat d’urgence. La saison avait bien démarré. Il y’avait de très beaux combats, même s’il n’y avait pas beaucoup d’affiches. Le monde de la lutte attendait le choc qui devait opposer Papa Sow et Siteu. C’est une saison qui a été écourtée par la pandémie. Non, on ne peut pas être satisfait.On ne pourra pas évaluer la saison, parce qu’elle n’est pas arrivé à son terme. On a démarré avec de petits combats. On a commencé avec de très beaux combats. Mais malheureusement, l’apparition de la maladie à coronavirus a tout arrêté.
Dans le passé vous avez eu à travailler avec le promoteur Gaston MBENGUE que certains qualifient de difficile ou arrogant. Que peut-on retenir de la personne ?
C’est quelqu’un de très véridique, très honnête. Et puis, c’est quelqu’un qui sait garder ses relations. Moi qui vous parle, j’ai beaucoup appris auprès de lui. Dans le cadre du travail, de l’engagement, de la détermination et de l’honnêteté. Aujourd’hui, toute mon expérience en événementiel, je l’ai appris auprès de Gaston et je n’ai regretté de l’avoir côtoyé. Et jusqu’à présent, je suis avec lui. Je le considère comme un oncle, comme un grand frère. C’est quelqu’un de très généreux de très social. Ce que les gens voient, c’est que Gaston c’est quelqu’un qui ne se laisse pas faire. Il a une forte personnalité. Mais quand vous le trouvez dans son environnement familial, ce n’est pas le Gaston qui est dehors. Je peux témoigner sur lui, car je l’ai côtoyé pendant une quinzaine ou vingtaine d’années. C’est un battant et il s’est battu durant toute sa carrière.
Aujourd’hui, par exemple regarder dans l’environnement de Gaston. Vous ne rencontrerez même pas un de ses fils. Ses enfants vous ne les connaissaient pas. Il a tellement éduqué ses enfants à tel enseigne que vous ne le verrez pas dans le milieu. Il y’a certains de ses enfants qui sont des docteurs, d’autres de grands économistes. Cela montre que c’est quelqu’un qui sait gérer son environnement familial. Moi j’ai beaucoup appris auprès de lui et je ne le regrette pas.
Peut-on avancer que Gaston MBENGUE est le plus grand promoteur de la lutte sénégalaise ?
Écoutez, moi j’ai discuté avec un économiste, il y’a de cela quelques semaines, lors d’un master 2 en droit et économie du sport. Il me dit que les gens devaient avoir une vision quand Gaston se retirait de la lutte. On a longuement échangé. Quand Gaston se retirait de la lutte. Les gens devaient comprendre que l’on allait vers une crise financière. Je ne lui ai jamais demandé les raisons pour lesquelles. Mais il m’a fait comprendre que Gaston était le seul promoteur qui organisait chaque mois de grands galas de lutte. Ce sont des galas qui coûtaient au bas mot 150 à 200 millions FCFA. Donc, cela veut dire que durant toute la saison de mois janvier à juillet, Gaston organisait des événements. Et même dans le cadre de la décentralisation de la discipline, Gaston osait aller organiser dans les régions. C’est pourquoi, quand l’ancien président de l’ASAC Ndiambour s’est retiré, il a senti automatiquement que l’on va vers une crise financière. Et aujourd’hui, cela s’est révélé. Il y’a une crise financière parce que tout simplement, les sponsors se sont retirés, les grands promoteurs de lutte qui organisaient plus de grands événements aussi sont partis. Aujourd’hui, l’environnement économique et financier n’est pas favorable.
Durant tout le temps que vous avez passé dans la lutte. À quelle période la discipline a pris son envol ?
La lutte a pris son envol vers les années 1992,1993 et 1994. quand on a crée CLAF (Championnat de Lutte Avec Frappe) dans un premier temps, avec le ministre Abdoulaye Makhtar DIO¨P. C’est là-bas pour la première fois, que l’on a imposé l’achat des licences pour les promoteurs. Également, on a imposé de mettre les reliquats des lutteurs, avant les combats. C’est pourquoi quand on parle de politique, il faut parler de politique structurelle. Avec l’arrivé du président Alioune SARR. Il faut avoir le courage de dire qu’il a en tout cas, porté haut le flambeau de la lutte sénégalaise. Aujourd’hui, la discipline a connu un développement exponentiel. Aujourd’hui, les lutteurs sont devenus des références. Contrairement à l’époque où les lutteurs considérés comme des pestiférés. Tout le monde veut devenir lutteur, parce que les athlètes avaient changé de statut social. Quand on voyait du temps de Manga 2 qui prenait sa retraite. Il y’avait un grand reportage sur la télévision que feu El Hadji Moustapha NDIAYE avait réalisé sur la maison de l’ancien champion sérère à Thiaroye. Cela a inspiré beaucoup de lutteurs comme les Moustapha GUEYE et autres. Ils ont compris que la lutte n’était pas une affaire de jeux, mais plutôt une affaire de sport business. Tyson aussi a beaucoup révolutionné la discipline financièrement, à son arrivé avec son concept Boul Falé.
Et pourquoi la lutte ne marche plus comme avant. Peut-on connaitre les véritables causes ?
C’est une crise financière. Quand vous voyez une structure comme le CNG est bien structurée. C’est une structure qui fonctionne qui tient régulièrement ses réunions hebdomadaires et rend compte à la tutelle régulièrement. Cela veut dire que quelques parts, quand on parle de crise, c’est parce qu’il n’y a plus d’argent. Maintenant, il revient aux lutteurs de comprendre cette situation là. Quand vous prenez une discipline comme le football, vous voyez que les joueurs sont en train de diminuer leurs salaires à cause du Covid 19. Nous sommes dans une phase où l’environnement de l’économie mondial n’est pas assez propice.
De Gaston MBENGUE à Aziz NDIAYE, en passant par Serigne Modou NIANG , Palla MBENGUE, Petit MBAYE, Luc NICOLAÎ etc. Quel promoteur vous a le plus marqué ?
Personnellement, c’est Gaston MBENGUEe car j’ai eu à travailler avec lui. Des promoteurs comme Petit MBAYE, Serigne Modou NIANG et Luc NICOLAI, ont fait des choses extraordinaires dans l’arène. Aziz NDIAYE aussi a marqué son empreinte dans l’arène, car il a apporté des innovations à son arrivée
Quel est le regard que le ministère des Sports porte sur le mandat du président Alioune Sarr, qui expire le 31 octobre prochain ?
Ce que je peux dire dans cette affaire est que ceux qui exigent ou souhaitent le départ du président Alioune SARR à la tête du CNG de lutte, n’ont aucune prérogative, encore moins de pouvoir de le faire partir (ndlr : Alioune Sarr). Ça c’est du ressort exclusif du ministre des Sports, Matar BA. C’est le maire de Fatick qui a fait confiance au Docteur Alioune SARR.
Il reviendra à Matar BA le jour où il sentira que Docteur Alioune SARR ne doit plus être au poste. Et ce jour là, il prendra la décision idoine. Maintenant, moi je ne veux pas que les gens se focalisent sur le président Alioune SARR. Il y’a des présidents de Fédération qui ont duré, qui ont fait plus de 30 ans et qui sont toujours en activité. Pourtant, les gens n’en parlent même pas. Si on le pousse vers la sortie et que demain il parte, les gens diront trois mois après que nous avons eu du regret. C’est une personnalité qui a servi son pays et qui a été là dans les moments les plus difficiles. Il est attaqué de toutes parts, parce qu’il gère la lutte de façon rigoureuse. Moi, je ne vois pas l’opportunité de son départ. C’est inélégant même de la part des gens de souhaiter le départ de quelqu’un. Quand on confie un poste à quelqu’un la gestion d’un bien public, nous devons lui souhaiter toute la réussite et tout le succès escompté, afin d’atteindre son objectif.
Quel commentaire faites-vous de la radiation de l’arbitre Sitor NDOUR ?
C’est un ami, c’est un frère. Je regrette vraiment qu’il soit suspendu, j’aurais souhaité qu’il soit toujours parmi nous. Mais quelques parts, vous savez on a eu à radier Bocandé. Par la suite, les gens l’ont gracié. Il n’est pas le seul. Moi qui vous parle, j’ai été radié du mouvement navétane, en 1989. Mais on m’a gracié par la suite. Donc, je pense qu’aujourd’hui quelques parts, la décision a été prise et nous ne maîtrisons pas le règlement intérieur du CNG de lutte. Donc, on ne peut pas aujourd’hui se permettre de commenter la décision d’une Commission.
Est-ce que le ministère des Sports peut le gracier ?
Non le ministre des Sports ne peut gracier aucun arbitre. Ça c’est du ressort, parce que le ministère a délégué ses pouvoirs. On ne peut déléguer des pouvoirs et prendre des décisions. Le ministre n’a jamais interféré dans la gestion d’une structure fédérale et vous n’entendrez jamais le ministre Matar BA le faire. N’oubliez pas que le maire de Fatick a été président de l’ONCAV et maitrise mieux que quiconque les textes. Il vient du mouvement sportif et du mouvement associatif. C’est un légaliste. Nous devons respecter ces gens là (ndlr : les membres du CNG). Ce sont des nationalistes et ils viennent pour servir notre pays. En plus, ils le font dans le bénévolat. Allez au CNG, aucun membre n’est payé, à part le directeur administratif qui est membre du ministère des Sports. Donc, respectons ces personnes là. Donnons leur toute la dimension qui leur revient.
Est-ce que le ministère des Sports songe à changer le président Alioune SARR?
C’est du ressort exclusif et du pouvoir décisionnel du ministre des Sports. Le ministre quand il doit nommer ou changer quelqu’un, c’est son pouvoir. Matar BA a eu gérer d’autres dossiers, il y’a eu quand même les journées de concertations. Il a géré de main de maître avec toute la rigueur, qui sied. Le ministre est un bon manager. Il sait comment manager ses hommes et le sport sénégalais. C’est un homme du sérail.
Chaque année le CNG défalque une somme sur le cachet des lutteurs. Et d’où rentre cet argent là ?
Cette année ci, il y’a eu un bilan. Il y’a eu une assemblée générale d’information où le bilan a été présenté en entier. Vous êtes des journalistes. Donc, si vous voulez savoir d’où rentre l’argent, allez à la source. Référez-vous au CNG ou bien au ministère des Sports, peut être vous aurez les réponses. En tout cas, à mon niveau je ne peux pas vous répondre, même si je détenais les informations. Je suis soumis à une obligation de réserve.
Si le ministère des Sports choisissait un successeur à Alioune Sarr. Quel doit être le profil du futur président du CNG de lutte ?
Peut être qu’il choisirait Iba KANE ou votre patron Mamadou Ibra KANE.
Par Mamadou L. NDIAYE