RÉOUVERTURE DES MOSQUÉES-CE QUE JE CROIS…

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REOUVERTURE DES MOSQUEES – CE QUE JE CROIS …
Je m’en vais emprunter cette expression de Bechir Ben Yahmed, éditorialiste d’un célèbre Magazine sur le continent, pour exprimer CE QUE JE CROIS devant toute cette effervescence sur la réouverture des lieux de culte au Sénégal, décision du président de la République après consultation de ses experts et conseillers mais que d’aucuns imputent au Cadre Unitaire de l’Islam.
En tant que think tank, groupe de réflexion et de proposition, réunissant toutes les sensibilités religieuses du pays, « Le Cadre unitaire de l’Islam s’est fait l’écho de la demande pressante à l’Etat et aux autorités de procéder à un assouplissement responsable et contrôlé des mosquées», dans le sens d’accueillir favorablement l’initiative d’acteurs religieux de proposer des solutions et en informer l’autorité. Il faut rappeler que c’était à un moment où même l’Etat était dans une profonde réflexion sur son dispositif et était en train de faire son bilan d’étape. Il y avait aussi le fait que les restrictions qui pèsent sur la fréquentation des lieux étaient, de plus en plus, perçus par certains musulmans comme une source de désarmement spirituel. Conscient de cette donne, en pleine période de crise,, le Cadre a lancé une série de consultations avec certaines Associations islamiques, les services étatiques en charge du culte et les autorités sanitaires  pour ouvrir des perspectives d’assouplissement et de réouverture contrôlée des mosquées dans une démarche concertée et en fonction de l’évolution positive de l’épidémie.
Cet écho assourdissant semble avoir été entendu par le Président de la République qui, dans son discours, du 11 mai a répondu positivement à l’appel solennel de certaines communautés religieuses à rouvrir les lieux de culte. C’est par l’agrégation de l’ensemble de ces faits que le Cadre unitaire de l’islam a été ainsi perçu à « demi-tort » comme l’initiateur et l’instigateur de la réouverture des mosquées.
Faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ? Je ne voudrais pas jouer au rabat-joie ni au paranoïaque encore moins au coupable, mais j’ai un sentiment mitigé face aux responsabilités futures des religieux dans la gestion de la crise COVID 19.
Je m’en réjouis au vu des implications sociales de la fermeture des mosquées et les tensions latentes qu’elle avait commencé à susciter. A cet effet, le Président peut bien avoir raison de prendre cette décision qui tend à apaiser l’espace social en ces temps d’incertitude.
D’un point de vue émotionnel, je me réjouis du réarmement spirituel que cela pourrait bien procurer à certains musulmans, en grand besoin de résilience et dont la foi a été mise à l’épreuve pendant tout ce temps de privation de mosquée.
D’un point de vue épidémiologique, je ne voudrais pas jouer aux oiseaux de mauvais augure pour prédire, comme les européens et certaines organisations internationales, les pires hécatombes que le monde ait connues. Au contraire, le président de la République ayant mis les religieux devant leurs responsabilités, il est, maintenant, de leur devoir de relever le défi organisationnel au sein des mosquées. A défaut, l’avenir retiendra que nous avions collectivement failli à notre mission d’assainissement des mœurs et de consolidation du contrat social qui nous lie tous.
Ma conviction en tant que sénégalais de foi musulmane, tidiane et disciple de Seydi El hadj Malick Sy pourrait m’inspirer plus de prudence et de ne pas prendre, pour l’heure, le moindre risque incitatif d’aller prier dans une mosquée alors que je ne suis pas sûr de ne pas me causer du tort ou d’en causer à mon prochain. Cela en s’appuyant sur des principes qui me sont familiers issus de l’enseignement du Prophète et de Maodo :
مَنْ أَكَلَ ثُومًا أَوْ بَصَلاً فَلْيَعْتَزِلْنَا
« Que celui qui a mangé de l’ail ou de l’oignon s’écarte de nous (en parlant de la mosquée), nous dit le Prophète SAWS. »
لا ضرر ولا ضرار
« Ne cause point de tort et n’en cause pas volontairement ou involontairement », ou interprété autrement « pas de nuisance ni à soi ni à autrui » nous dit encore le Prophète SAWS.
L’exercice de la prière collective demande un certain nombre de règles dont l’alignement et le resserrement des lignes (tank ak tank, Mbag ak Mbag). Il est rapporté que le Prophète se retournait avant la prière pour recommander cette attitude partie intégrante de la prière tout en symbolisant l’unité des fidèles, même si la non application ne saurait être une condition d’invalidité de la prière. Mon maitre, dans son ouvrage AdabulMasjid où il rappelle les comportements du musulman dans la mosquée recommande d’y aller avec « l’intention de bien y augmenter la solennité et le nombre de fidèles s’y trouvant ». En situation de prière mode COVID19, point de resserrement ni de nombre dans la mosquée, avec le risque de contaminer ou de se faire contaminer.
Au vu des enseignements de mon maitre et de mon modeste entendement des enseignements du Prophète, je resterai prier à la maison tant que les conditions d’exercice optimales de la prière sereine et spirituellement épanouie ne sont pas réunies. Je m’en tiendrai à cela d’autant plus qu’une telle attitude est conforme aux instructions et positions constantes du Khalife Général des Tidianes depuis le début de cette crise sanitaire. Toute évolution éventuelle se référera à ce même repère !
Je respecte la position de ceux qui ont décidé d’aller prier à la mosquée pour se réarmer spirituellement et de ma part, je prierais modestement du fond du cœur que la mosquée soit ce temple de recueillement et d’expression de la foi d’où le fidèle sortira avec une foi ragaillardie.
Nous prierons ensemble que la mosquée redevienne ce cadre sanctifié de socialisation religieuse symbole de raffermissement des liens entre coreligionnaires et non une source de discorde quant à sa fermeture ou son réouverture.
Malik Ibn Anas, le Maitre de nos Maitres, ne disait-il pas que la divergence des savants est une miséricorde de la part d’Allah. Ici, il ne s’agit point de mettre en avant nos petites divergences mais plutôt de mener un combat sanitaire contre un ennemi invisible et sournois, et de prier qu’Allah par la grâce de nos illustres guides, nous préserve de cette épreuve (Balaa) dont Lui seul détient la solution.
Quelle que soit l’option choisie de prier à la mosquée ou à la maison, nous avons tous le devoir de relever le défi de l’organisation dans nos mosquées afin de préserver nos vies et clouer le bec aux oiseaux de mauvais augure dont le seul dessein est de nous déverser leur bile pour s’attaquer à notre foi à laquelle ils ne cherchent que des failles à exploiter. Au contraire, si nous savons être digne de ce dépôt (amâna) que constitue l’enseignement prophétique, ils ne réussiront qu’à la raffermir et la rendre inébranlable : « Ils chercheront à éteindre, de leurs bouches, la Lumière de Dieu, alors que Dieu parachèvera sa lumière en dépit de l’aversion des dénégateurs ! »(Coran 61 :8)
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