WADE, SONKO, IDY, GAKOU et consorts en hibernation: La politique confinée
Pour la première fois depuis longtemps dans l’histoire du Sénégal, la politique est confinée. Beaucoup mieux que les autres activités quotidiennes comme les prières à la mosquée, les danses, chants et autres.
Même les plus irréductibles comme Me Abdoulaye Wade, Ousmane Sonko se sont tus. Covid-19 oblige.
On entend plus parler de ‘’cas Karim Wade’’, de Khalifa Sall, d’affaires Pape Alé Niang-Cheikh Oumar Hann, Mamour Diallo-Ousmane Sonko, de Pétro-Tim, de Prodac et autres.
Le coronavirus a réussi à mettre entre parenthèse la politique, ce qu’aucun autre évènement n’aurait sans doute jamais réussi à faire. Et ce n’est pas demain la veille de la reprise des activités.
Car, au sein des états-majors politiques, l’heure est au confinement. Pas de réunion, pas de communiqués, pas d’activités encore moins de stratégie. C’est l’inertie, l’hibernation malgré quelques tentatives de visioconférences çà et là.
Manifestement, les leaders politiques, toutes obédiences confondues, entendent observer le mot d’ordre de non-rassemblement, c’est-à-dire de respect en général des mesures-barrières.
D’un âge souvent assez avancé pour la plupart, ils n’entendent pas prendre de risques face à une maladie qui fait plus de victimes chez les vieilles personnes.
Mieux, ils ont répondu à l’appel de Macky, celui de faire bloc autour de l’essentiel afin de se solidariser pour vaincre l’ennemi commun. Même Wade connu pour son extravagance s’est tu.
Pendant ce temps, tout n’est pas catholique dans la gestion de l’épidémie : Le Comité de pilotage a été mis en place avec du retard, les marchés de vivre et le transport attribués à des sociétés non forcément méritantes, le taux d’endettement a augmenté, etc.
Des situations qui ont posé la problématique de la transparence dans la gestion de la crise. Car, des institutions budgétivores et utilité douteuse subsistent à la crise.
Mais même cette polémique, éphémère, n’a pas réussi à faire sortir du confinement politique les plus irascibles. Décidément, cette période est bien exceptionnelle pour le Sénégal.
Car, à n’en pas douter, les sujets à polémique ne manquent pas. Malgré tous les efforts des autorités sur les largesses faites aux abonnés de la Senelec, la distribution de vivres, d’aide aux émigrés, le prix du carburant à la pompe ne baisse pas alors que celui du baril a chuté d’une façon drastique.
Même la République démocratique du Congo (RDC) vient de baisser le prix du carburant à hauteur de 20%.
Mais, ici, comme Macky a plein-pouvoir et n’a plus (momentanément) d’opposition, il profite de la lutte contre le Covid-19 pour bénéficier de vacances politiques qu’il n’avait pas eu depuis longtemps.
Pour la première fois depuis sa première élection, on le laisse en paix.
Alors, il se doit d’en tirer les conséquences.
Désormais, il devra renvoyer l’ascenseur à une opposition qui a joué le jeu lorsqu’il a eu besoin d’elle. Elle a collaboré en faisant bloc autour de lui et en taisant toute contradiction y compris en ce qui concerne celle portant sur l’annulation de la dette africaine.
Macky devra matérialiser enfin les résultats du référendum de 2016, choisir un chef de l’opposition, mettre en place un statut pour celle-ci, amnistier Karim Wade et Khalifa Sall et revoir tout le processus électoral y compris le fichier afin d’éviter toute contestation dans le futur.
Il peut y mettre la forme en attendant que le dialogue politique entamé aboutisse incontestablement à des conclusions de ce genre pour les appliquer. Mais il a le devoir de faire plus.
En clair, ce que nous voulons dire est qu’il faudra nécessaire profiter de l’œcuménisme engendré par la ‘’guerre’’ et s’inscrire dans une dynamique politique nouvelle, celle-là tant attendue par les populations. Il s’agit notamment d’éviter non pas les compétitions qui sont le ciment des rapports de force politique, mais la politique politicienne, l’instrumentalisation des instructions comme la Justice à des fins électoralistes, l’emprisonnement d’opposants, etc.
Comme quoi, c’est le moment ou jamais de changer. Mais en sommes-nous vraiment capables ?
C’est toute la question.
Assane Samb