Coronavirus et économie: du triomphe de l’Etat keynésien

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La crise économique globale qui est entrain de découler de la crise du coronavirus rappelle combien le rôle de l’Etat régulateur est salvateur. La bonne vieille planche est ressortie à Washington comme à Pekin. Laissés à eux mêmes dans une situation d’extrême panique, les marchés s’effondreraient en une semaine. Pour une fois, chinois, européens et américains sont d’accord : la main invisible d’Adam Smith ne peut sauver le marché.

D’où les mesures interventionnistes prises un peu partout  …sauf peut être en Afrique. Ainsi, la Réserve fédérale américaine a annoncé dimanche une nouvelle baisse surprise de ses taux d’intérêt de 100 points de base, la relance de ses achats de titres sur les marchés à hauteur de 700 milliards de dollars (625 milliards d’euros) et une action coordonnée avec cinq autres grandes banques centrales pour fournir des liquidités en dollars aux marchés.

Elle a en outre appelé les banques commerciales à puiser dans les centaines de milliards de dollars de fonds propres et de liquidités accumulés depuis la crise financière pour augmenter leurs prêts aux entreprises et aux ménages.

Mercredi, Donald Trump avait demandé au département du Trésor de reporter le paiement des impôts, sans intérêt ni pénalité, pour certaines personnes et entreprises touchées par la crise du coronavirus, affirmant que cela permettrait de fournir plus de 200 milliards de dollars de liquidités supplémentaires à l’économie.

La Small Business Administration fédérale est quant à elle chargée de fournir des capitaux et des liquidités aux entreprises touchées. Donald Trump a également promulgué un plan d’urgence de 8,3 milliards de dollars (7,3 milliards d’euros) pour aider les autorités fédérales et locales aux Etats-Unis à lutter contre le virus et à développer notamment un vaccin.

Union Européenne

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi de nouvelles mesures de soutien et suspendu certaines contraintes imposées aux banques face au « choc majeur » de la pandémie de coronavirus mais elle a laissé ses taux d’intérêt inchangés.

Plusieurs responsables de l’institution ont déclaré ces derniers jours qu’elle était prête à accroître ses achats de dettes souveraines et qu’elle ne tolérerait pas une augmentation « indésirable » des coûts de financement des Etats.

Les dirigeants des pays de l’UE ne sont pas encore parvenus à s’entendre sur des mesures radicales face au coronavirus mais les ministres des Finances de la zone euro devaient discuter par téléconférence lundi d’un plan de soutien budgétaire important.

JAPON

La Banque du Japon a annoncé lundi qu’elle allait doubler ses achats de fonds indiciels (ETF) pour les porter autour de 12.000 milliards de yens (100 milliards d’euros). Elle va également accroître ses achats de fonds d’investissement immobiliers, (J-REIT), à 180 milliards de yens par an et prévoit une enveloppe de 2.000 milliards pour des achats supplémentaires de titres de trésorerie et d’obligations d’entreprise.

La semaine dernière, le gouvernement japonais a dévoilé un deuxième ensemble de mesures budgétaires représentant des dépenses d’environ 3,8 milliards d’euros, qui seront orientées vers le soutien aux petites et moyennes entreprises.

CHINE

La Banque populaire de Chine (BPC) a annoncé le 13 mars une nouvelle réduction des réserves obligatoires imposées à certaines banques du pays afin de libérer 550 milliards de yuans (70,3 milliards d’euros) de liquidités pour soutenir l’économie, affaiblie par l’épidémie de coronavirus.

Le 5 mars, Pékin a débloqué 110,48 milliards de yuans (14,3 milliards d’euros) pour financer la lutte contre l’épidémie.

 

Les autorités ont aussi accru leur soutien financier aux régions touchées par le coronavirus et exhorté les banques à assouplir leurs conditions de crédit pour les entreprises exposées aux conséquences économiques de l’épidémie.

FRANCE

Le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a chiffré dimanche à « plusieurs dizaines de milliards d’euros » le coût de l’aide de l’Etat aux acteurs économiques affectés par l’épidémie, après l’annonce de la fermeture de tous les établissements scolaires et universitaires, de la plupart des commerces et des lieux culturels ainsi que d’une réduction des transports en commun.

Les entreprises sont quant à elles appelées à permettre au maximum à leurs employés de travailler à distance mais de grands groupes ont annoncé une réduction de leur activité.

L’Etat s’est engagé à prendre en charge l’indemnisation des salariés contraints au chômage partiel pour rester chez eux et toutes les entreprises pourront reporter sans justification le paiement des impôts et cotisations dus en mars. L’application de la réforme de l’assurance chômage, initialement prévue le 1er avril, a été reportée au 1er septembre.

ALLEMAGNE

La coalition au pouvoir à Berlin s’est entendue pour augmenter les investissements publics de 12,4 milliards d’euros d’ici 2024 et pour faciliter les demandes d’aides des entreprises en faveur de leurs salariés contraints au chômage technique, complet ou partiel.

Le parti conservateur de la chancelière Angela Merkel est cependant divisé sur l’opportunité de lancer dès maintenant un grand plan de soutien budgétaire face à l’épidémie. Les experts estiment que Berlin dispose d’une marge de manoeuvre budgétaire d’au moins 17 milliards d’euros. Certains pensent même qu’un plan de soutien de 50 milliards est envisageable sans remettre en cause le principe de l’absence d’émission de nouvelle dette.

GRANDE-BRETAGNE

La Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé le 11 mars une baisse d’un demi-point de son taux directeur, un assouplissement des conditions de solvabilité imposée aux banques et le lancement d’un nouveau dispositif de financement des petites entreprises.

Le ministre des Finances, Rishi Sunak, a pour sa part complété ce volet monétaire par l’annonce d’un plan de relance économique de 30 milliards de livres (33,5 milliards d’euros) lors de la présentation du premier budget britannique post-Brexit.

ITALIE

Alors que l’Italie est le pays d’Europe le plus fortement touché par l’épidémie et que son économie est menacée de récession, le gouvernement de Giuseppe Conte a annoncé qu’il allait débloquer en urgence 25 milliards d’euros pour soutenir l’activité nationale.

Le lancement de ce plan, qui inclura des crédits supplémentaires pour le système de santé, des gels d’impôts, de taxes et de cotisations ainsi qu’une amélioration de l’indemnisation du chômage partiel, est attendu ce lundi après un conseil des ministres.

SUÈDE

Le gouvernement suédois a présenté le 11 mars un collectif budgétaire estimé à trois milliards de couronnes (280 millions d’euros). Le gouvernement avait déjà promis cinq milliards de couronnes supplémentaires aux collectivités locales et la ministre des Finances, Magdalena Andersson, a déclaré mercredi qu’il pourrait encore accentuer son effort financier si nécessaire.

NORVÈGE

La banque centrale norvégienne a abaissé de façon inattendue vendredi son principal taux directeur, ramené de 1,5% à 1,0%, afin de tenter de réduire l’impact économique de l’épidémie de nouveau coronavirus.

La prochaine décision de la banque centrale norvégienne sur ses taux était normalement programmée pour le 19 mars.

La Banque de Norvège a également décidé d’abaisser de 2,5% à 1,0% la surcharge en fonds propres imposée aux banques pour leurs activités de crédit.

INDE

La banque centrale indienne (RBI) prévoit d’injecter de nouvelles liquidités dans le système financier via de nouvelles opérations de refinancement à long terme (LTRO), ont dit des responsables gouvernementaux à Reuters.

Un responsable a déclaré que la RBI pourrait injecter jusqu’à 1.000 milliards de roupies (12 milliards d’euros) lors de cette initiative qui devrait être lancée dès début avril.

CANADA

La Banque du Canada a abaissé son principal taux directeur de 1,75% à 1,25%. Il faut remonter à la crise financière, en 2009, pour retrouver une baisse de 50 points de base de la part de la banque centrale canadienne.

Le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé de son côté la création d’un fonds d’un milliard de dollars canadiens pour aider les provinces du pays à combattre l’épidémie. Ce montant servira notamment à l’achat de masques de protection et au financement de la recherche d’un vaccin et à faciliter l’indemnisation des travailleurs malades.

CORÉE DU SUD

Le gouvernement sud-coréen a annoncé un plan budgétaire de 11.700 milliards de wons (8,63 milliards d’euros) destiné notamment au système de santé et à l’enfance. Un total de 10.300 milliards de wons d’obligations souveraines seront en outre émis cette année pour financer ce plan.

Séoul a aussi durci les règles sur les ventes à découvert, sur les marchés financiers, pour une durée de trois mois.

AUSTRALIE

Le gouvernement australien a annoncé qu’il injecterait 17,6 milliards de dollars australiens (10,1 milliards d’euros) dans l’économie pour tenter d’enrayer l’épidémie de coronavirus, son premier plan de soutien depuis la crise financière de 2008.

Ce plan bénéficiera notamment à quelque 120.000 apprentis et 25.000 dollars australiens seront réservés aux petites entreprises.

NOUVELLE-ZÉLANDE

La banque centrale néo-zélandaise a réduit lundi son taux d’intérêt directeur de 75 points de base pour le ramener à 0,25%.

Ce que l’Afrique doit faire à notre avis 

Les banques centrales africaines doivent initier une réponse coordonnée en mettant à disposition des banques centrales de suffisamment de liquidités pour les besoins de financement de l’économie à des taux modérés. Dans ce climat de forte panique, l’Etat, garant de la stabilité doit faire recours à la création monétaire (entendons ceux qui crient attention à l’inflation )pour soutenir le secteur de la santé, aider les secteurs impactés (Tourisme, éducation ) à faire face à leurs masses salariales et, surtout, maintenir les objectifs à long terme en matière de construction des infrastructures, d’autosuffisance alimentaire et d’intégration régionale et continentale. Obligés à faire face aux dépenses à court terme occasionnées par la pandémie et à maintenir ses objectifs à long terme, l’Etat africain doit pour une fois lâcher la bride à l’inflation.

Albert Savana

(Source données Reuters

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