Les 10 Africains qui comptent le plus à l’ONU

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Deux Sénégalais, Mahtar Mbow et Jacques Diouf, ont quitté en 1987 et 2011 leurs postes respectifs de directeur général de l’Unesco et de la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Depuis, l’Afrique est loin d’être en perte de vitesse à l’ONU. Des hommes et des femmes issus de tous ses pays et régions et de tous horizons – médecins, diplomates et activistes – figurent en bonne place dans la hiérarchie onusienne. 

Maged Abdelaziz, conseiller spécial Afrique du secrétaire général de l’ONU 

« L’Afrique a besoin de partenaires égaux, pas d’exploitation », déclare ce diplomate égyptien âgé de 60 ans. Il était représentant permanent de l’Egypte auprès des Nations unies quand Ban Ki-moon l’a nommé en mars 2012 conseiller spécial pour l’Afrique, avec rang de sous-secrétaire général adjoint des Nations unies. Il est chargé de promouvoir le développement de l’Afrique à l’international et travaille avec les nombreux représentants spéciaux et autres chefs de mission déployés en Afrique, parmi lesquels le Sénégalais Abdoulaye Bathily (Afrique centrale), le Ghanéen Mohamed Ibn Chambas (Afrique de l’Ouest) et l’Algérien Said Djinnit (Grands Lacs).

Adama Dieng, conseiller spécial pour la prévention des génocides du SG de l’ONU
Ce juriste sénégalais de 64 ans a succédé en juillet 2012 au Sud-soudanais Francis Deng, à un poste à très lourdes responsabilités puisque créé après le génocide des Tutsis. Un dossier qu’il connaît bien : il a été greffier du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) de 2001 à 2009. Ancien greffier de la Cour suprême du Sénégal, il a aussi été de 1976 à 1982 l’assistant personnel de Keba Mbaye, autre homme de loi sénégalais respecté. Secrétaire général de la Commission internationale des juristes de 1990 à 2000, Adama Dieng a rang de sous-secrétaire général des Nations unies.

Sahle-Work Zewde, directrice du Bureau des Nations unies à Nairobi
La diplomate éthiopienne, 64 ans, est la première titulaire de ce poste qu’elle occupe depuis mars 2011, à avoir rang de sous-secrétaire général des Nations unies. Une marque de l’importance donnée par l’ONU à l’Afrique orientale et à la Corne de l’Afrique, des régions troublées par le terrorisme islamiste. Auparavant, elle était chef du Bureau de construction de la paix des Nations unies en République centrafricaine. De 2006 à 2009, elle a été représentante permanente de l’Ethiopie à l’Union africaine et à la Commission économique pour l’Afrique. Formée en sciences naturelles à Montpellier, elle a été ambassadeur au Sénégal (1989-1993), à Djibouti (1993-2002) et à Paris (2002-2006).

Carlos Lopes, secrétaire exécutif de la CEA, la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU
Nommé à ce poste en septembre 2012, ce spécialiste bissau-guinéen du développement, 67 ans, a été directeur de l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (Unitar) et de l’Ecole des cadres des Nations unies à Turin (2007-2012). Il a aussi occupé le poste important de directeur des Affaires politiques au cabinet du secrétaire général (2005-2007). Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, il a enseigné à travers le monde, en parallèle de sa carrière au sein du Pnud, qu’il a rejoint en tant qu’économiste en 1988. Il en a été le représentant-résident au Zimbabwe et au Brésil, en 2003, où il a géré le plus gros programme du Pnud au monde.

Zaynab Hawa Bangura, représentante spéciale pour les violences sexuelles en situation de conflits
Cette Sierra-léonaise de 55 ans, nommée en septembre 2012, est une activiste sociale issue d’une famille modeste. Elle a fondé le premier mouvement de femmes non partisan du pays, Women Organized for a Morally Enlightened Nation (Women, « Les femmes organisées pour une nation moralement éclairée »), sous la junte militaire (1992-1996) en Sierra Leone. Elle a co-fondé le mouvement Campagne pour la bonne gouvernance (CGG), qui a exigé la tenue d’élections démocratiques en 1996. Candidate à la présidentielle de 2002, elle a obtenu moins de 1 % des voix. Mais n’a cessé de dénoncer les atrocités commises durant la guerre civile, par les rebelles comme par l’armée régulière. En 2006, elle a participé à la reconstruction d’un pays voisin lui aussi dévasté par la guerre, en tant que directrice des Affaires civiles de la Mission des Nations unies au Liberia. Nommée en 2007 ministre des Affaires étrangères de la Sierra Leone, elle a été ministre de la Santé de 2010 à 2012.

Leila Zerrougui, représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés
La juriste algérienne, 58 ans, sait de quoi elle parle : elle a été de 2008 à 2012 la chef adjointe de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique Congo (Monusco), qui a pour mandat la protection des civils. Auparavant, elle a fait une carrière de magistrate en Algérie, d’abord juge des mineurs puis de cour d’appel (1980-1997), et conseillère au Cabinet du ministre de la Justice (1998-2000), à la Cour suprême (2000) et à la Présidence (2000-2008), où elle a participé à la Commission nationale de la réforme de la justice. Elle a intégré les Nations unies en 2001 dans le Groupe de travail sur la détention arbitraire, dont elle a été la présidente (2003- 2008).

Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onusida
Ce Malien de 62 ans, diplômé en économie, en développement et en planification sociale, a commencé sa carrière sur le terrain à Tombouctou. Directeur de l’ONG Terre des Hommes au Mali en 1982, il est recruté cinq ans plus tard par l’Unicef pour un vaste programme de vaccination en République démocratique du Congo (RDC). Il supervise ensuite des programmes de l’Unicef dans 10 pays d’Afrique francophone et devient son représentant au Swaziland, au Burundi et en Ouganda – des pays où il s’attaque au fléau du VIH-Sida. Nommé en 2001 directeur de l’Appui aux pays et aux régions de l’Onusida, il mène une réforme pour gagner en efficacité. Un franc succès, qui lui vaut en 2008 sa nomination à la tête de l’Onusida, un mastodonte qui gère 3,8 milliards de dollars de fonds pour 2014-2015.

Phumzile Mlambo-Ngucka, directrice d’Onu-Femmes
Nommée à ce poste très convoité en 2013, voilà cette alliée de Thabo Mbeki recasée à New York, à 59 ans, loin des joutes politiques de son pays. Ministre des Mines et de l’Energie de 1999 à 2005, elle a gagné une réputation de grande efficacité en négociant en 2002 la charte de Black Economic Empowerment (BEE). Un accord qui a vu passer en dix ans 26 % de l’industrie minière sud-africaine entre des mains noires. Elle a remplacé Jacob Zuma à la vice-présidence de la République en 2005, quand ce dernier a été limogé par le président Mbeki. La raison ? Un procès pour corruption lancé contre Zuma par… son propre mari, Bulelani Ngcuka, lorsqu’il était procureur général. Ce dernier s’est reconverti dans les affaires dès 2004, sans faire trop d’ombre à sa femme.

Babatunde Osotimehin, directeur exécutif du Fonds des Nations unies pour la population, le Fnuap
Ce médecin nigérian de 65 ans a commencé sa carrière en tant que professeur de pathologie clinique à l’université d’Ibadan. Il a supervisé de 2002 à 2008 un projet de la Banque mondiale de lutte contre le VIH-Sida au Nigeria et il a été directeur de l’Agence nationale du contrôle du Sida en 2007, avant d’être nommé ministre de la Santé de 2008 à 2010. A son poste actuel, qu’il occupe depuis janvier 2011, il succède à la Saoudienne Thoraya Obaid et se préoccupe à la fois des jeunes et de l’égalité des sexes. Son credo ? « L’humilité, pour s’adresser à son prochain dans le respect et favoriser le changement ».

Kanayo Nwanze, président du Fonds international de développement agricole, le Fida
« En tant qu’Africains, nous en avons assez des caricatures. Mais nous en avons aussi assez d’attendre – attendre d’être menés vers cette Afrique que nous voulons tous, l’Afrique qui peut et qui devrait être ». Dans une tribune publiée en juin dans The Guardian, cet ingénieur agricole nigérian de 68 ans somme les chefs d’Etat africains de tenir leurs promesses : consacrer 10 % de leurs dépenses à l’agriculture. Nommé en 2009 à son poste actuel, son mandat a été renouvelé jusqu’en 2017. Formé à Ibadan (Nigeria) et dans le Kansas (Etats-Unis), il a dirigé pendant une décennie le Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice). Une organisation de recherche ouest-africaine qu’il a transformée en centre panafricain de premier plan.

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