L’hypertension artérielle, une « tueuse silencieuse »

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L’hypertension artérielle, une « tueuse silencieuse »

L’hypertension artérielle (HTA) est une élévation anormale de la pression du sang dans les artères, à cause de plusieurs facteurs. Si on ne la mesure pas, il est très difficile de la détecter, d’où le surnom de « tueuse silencieuse » de cette maladie.

Africa Check a sollicité plusieurs médecins et cliniques spécialisés pour la rédaction de cet article, seul Docteur Mamadou Sy, médecin, enseignant et chercheur sénégalais basé à Dakar, a répondu à nos questions. Au Sénégal, Dr Sy est surnommé « Docteur Nakamou » (« Docteur Comment vas-tu ? » en wolof, une des langues parlées dans le pays). Il est très engagé dans la lutte contre les maladies non transmissibles et promeut la pratique régulière du sport à travers son association.

Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?

Notre cœur fonctionne comme une pompe : il envoie du sang, qui coule dans les artères avec pression, comme un liquide dans des tuyaux élastiques, permettant ainsi de les transporter vers toutes les parties de notre corps. « Le cœur se contracte (on parle de systole) 50 à 80 fois par minute au repos et encore plus à l’effort ou lors d’une émotion », explique la Fédération française de cardiologie sur son site.

Dans ce cas, la pression (ou tension) monte jusqu’à un niveau maximum. Et quand il se relâche (diastole), la pression baisse à un niveau minimum. La tension artérielle varie donc continuellement. Plus la tension est élevée, plus le cœur doit pomper.

L’HTA « est une augmentation de la pression du sang au niveau des vaisseaux sanguins (artères). C’est une maladie chronique caractérisée par une hausse de la pression artérielle », a déclaré à Africa Check Dr Mamadou Sy.

Comment connaître sa tension artérielle ?

La tension se mesure avec un appareil appelé tensiomètre, muni d’un brassard gonflable. Elle s’exprime normalement en millimètre de mercure ou mmHg (Hg étant le symbole du mercure d’après son nom latin, Hydrargyrum).

Les médecins considèrent que pour un adulte, la tension artérielle normale est de 120 mmHg quand le cœur se contracte (pression maximale), et de 80 mmHg quand le cœur se relâche (pression minimale) mais ils l’expriment généralement en termes plus simples : « 12,8 » (douze, huit).

La tension est jugée élevée quand la pression maximale atteint 140 mmHg et la pression minimale 90 mmHg, soit « 14,9 », on parle alors d’hypertension artérielle. Il s’agit là de « limites » moyennes, le seuil peut varier en fonction de l’état de chacun (diabète, maux de reins, grossesse…) et doit être déterminé par un médecin.

Comment devient-on hypertendu ?

L’hypertension artérielle « est le plus souvent due à un mélange de facteurs modifiables, sur lesquels on peut agir, et des facteurs non modifiables », a expliqué Dr Sy.

« Les facteurs modifiables sont le surpoids et l’obésité, la sédentarité, l’alimentation riche en sel, l’excès de sucre, le déficit de consommation de fruits et légumes, le tabac et le stress. Les facteurs non modifiables sont génétiques (parents hypertendus), l’âge, le sexe masculin, la ménopause » entre autres.

Quels sont les symptômes ?

L’HTA « est appelée la tueuse silencieuse car elle est souvent asymptomatique », sans signe particulier, a indiqué le médecin. Cependant, a-t-il poursuivi, « elle peut se révéler par des maux de tête, des vertiges, des bourdonnements d’oreille, le fait de voir flou ».

Autres troubles à prendre en compte : les difficultés de concentration, des douleurs dans la poitrine, l’essoufflement ou la fatigue. Elle peut également être « découverte après une complication telle que l’accident vasculaire cérébral (AVC), l’insuffisance rénale, une maladie cardiaque ».

Peut-on en guérir ?

Comme pour les maladies non transmissibles, également dites maladies chroniques, la réponse est non. Ces pathologies « tendent à être de longue durée et résultent d’une association de facteurs génétiques, physiologiques, environnementaux et comportementaux », affirme l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Selon Dr Mamadou Sy, « pour les maladies non transmissibles, on parlera très souvent de rémission normalisation ou de contrôle », et dans le cas de l’HTA, « on peut arriver à normaliser ses chiffres tensionnels », c’est-à-dire maintenir les chiffres de sa tension au seuil indiqué, « mais on ne parlera pas de guérison ».

Quel en est le traitement ?

Selon Dr Sy, la priorité est d’agir pour « corriger les facteurs de risque modifiables ». Exemples ? Perdre quelques kilos lorsqu’on est en surpoids, mener une activité physique, mieux gérer le stress, arrêter le tabac car il contient des substances qui endommagent les artères, entre autres méfaits à l’organisme. Ou encore consommer moins d’alcool (pour ceux qui en boivent), moins de sucre et moins de sel.

« Une consommation de sel de moins de 5 grammes par jour chez l’adulte contribue à faire baisser la tension artérielle et le risque de maladie cardiovasculaire, d'(AVC) et d’infarctus du myocarde. Le principal avantage de diminuer l’apport en sel se traduit par une baisse correspondante de l’hypertension artérielle », déclare l’OMS dans un article publié fin juin 2016. Selon elle, la plupart des gens dépassent largement cette quantité quotidienne, avec entre 9 et 12 grammes consommés en moyenne.

D’après la Fédération française de cardiologie, il est possible de prendre un traitement quotidien contre l’hypertension, mais chaque hypertendu étant un cas particulier, son traitement doit être défini par son médecin et il doit se prêter à un suivi régulier.

Et si on néglige le traitement ?

Non traitée ou mal traitée, l’HTA « expose à des complications graves, voire mortelles », avertit le magazine panafricain spécialisé Votre Santé. Elle peut ainsi favoriser des accidents cardiovasculaires, des hémorragies cérébrales, une angine de poitrine, une insuffisance rénale ou encore des lésions de la rétine, pouvant conduire à la cécité.

Pour les précautions à prendre, il faut « d’abord accepter sa maladie » et surtout « adhérer à son traitement avec un bon suivi », a estimé Dr Sy.

Peut-on l’éviter ?

Pour ne pas devenir hypertendu, les recommandations concernent surtout l’hygiène de vie : manger plus de fruits et de légumes frais, boire plus d’eau, faire plus d’activité physique. Pas de tabac, moins de stress, moins de sucre, moins de sel…

En résumé, a dit Dr Sy, « on peut l’éviter en ayant une alimentation saine et équilibrée » et « en faisant une activité physique régulière ». C’est le crédo de son association, partie d’un collectif en 2012, ayant eu une existence légale en 2016 et très active sur les réseaux sociaux. Depuis janvier 2017, Docteur Nakamou organise chaque dimanche à Dakar, à partir de 09H00, une session d’activité physique ou sportive, généralement sur l’esplanade d’un centre commercial.

Ces activités « sont gratuites et ouvertes à tous. Il faut juste venir dans une tenue dans laquelle vous vous sentez à l’aise pour faire du sport et avoir votre bouteille d’eau », a-t-il dit. Illustration : cet extrait vidéo de la séance du 22 juillet 2018 partagée sur la page Facebook de l’association.

Quelle est la situation de l’hypertension artérielle au Sénégal ?

L’Agence nationale de la statistique et de la démographique (ANDS) du Sénégal a publié en juin 2016 un rapport sur une étude transversale sur « les facteurs de risque des maladies non transmissibles ». L’enquête, qui a été menée d’août à décembre 2015, a concerné un échantillon d’un peu plus de 6.300 personnes (hommes et femmes) âgées de 18 à 69 ans.

« La prévalence globale de l’hypertension artérielle dans notre population d’étude est de 24 % », est-il indiqué dans ce document. La population du Sénégal est actuellement estimée à plus de 15,7 millions d’habitants par l’ANSD (projections 2018).

Et dans le monde ?

« Dans le monde, plus d’un adulte sur trois souffre d’hypertension artérielle », selon une fiche d’information de l’OMS publiée en septembre 2015. De même source, l’HTA est « à l’origine de la moitié environ des décès dus aux accidents vasculaires cérébraux et aux cardiopathies et responsable d’environ 9,4 millions de morts chaque année ».

Auteur: africacheck

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