Frustrés de l’Apr: ABC, le rebelle en chef !
Macky n’a pas hésité une seconde à aller rencontrer Moustapha Cissé Lô pour arrondir les angles. Il en était ainsi lorsqu’un de ses alliés Youssou Ndour avait publiquement exprimé sa ‘’déception’’.
Mais, les observateurs ne peuvent pas ne pas noter qu’aucune rencontre n’a eu lieu avec Alioune Badara Cissé le Médiateur alors qu’il a été l’un des premiers à naviguer dans le sens contraire de son mentor. Si en effet Macky se précipite chez la plupart des frustrés pour de longues séances d’explication, il n’en est pas ainsi du Médiateur qui continue d’être royalement ignoré par son compagnon de lutte avec lequel il a créé l’Alliance pour la République (Apr).
Tout indique en effet que Macky a tourné le dos à ce dernier du fait de divergences manifestes qui les opposent notamment sur le fonctionnement du parti et du pays.
ABC a, de par le passé, maintes fois exprimé son rôle décisif dans la mise en place du parti notamment pour ce qui concerne les statuts et autres. A aucun moment, il n’a fait preuve de soumission particulière au Président du parti. Il a souhaité être traité en responsable qui a autant de droits que celui qui décide de la pluie et du bon temps. Et c’est manifestement ce qui dérange Macky. Le Président de la République n’aime manifestement pas les hommes trop fiers. Soit, il s’agit d’un trait de caractère personnel ou bien cela vient du fait qu’il craint la dualité au sommet comme cela avait été le cas entre Wade et Idy en 2004 au moment du départ de ce dernier de la station de Premier Ministre.
En tout état de cause, l’économiste Moubarack Lô qui, depuis lors s’est tu, a dû être injecté de son poste de Ministre-Conseiller. A cette époque, un communiqué de la Présidence faisait directement allusion au fait que certaines personnes prenaient trop de liberté et se prenait trop au sérieux.
Depuis, après une traversée du désert, l’économiste, penseur des politiques de Macky en la matière est parti rejoindre le PM sans faire désormais trop de bruit.
Cette situation nous fonde à croire que si Moustapha cissé Lô, Youssou Touré et même l’allié Youssou Ndour ont été approchés et convaincus de rester dans le ‘’macky’’, Alioune Badara Cissé pouvait bénéficier du même traitement.
Car, ces sorties sont clairement destinées à Macky pour lui envoyer un message fort : ‘’Je ne suis pas content de la place que j’occupe actuellement au niveau du parti et (peut-être) au sein des instances de décision’’. En somme, comme Youssou Ndour, il a voulu simplement dire qu’il est ‘’déçu’’ même si, par ailleurs, la teneur de ses déclarations peuvent convaincre beaucoup de sénégalais du fait de leur pertinence.
Mais comme il aime regarder Macky en alter ego, ce dernier n’a pas du mal à le classer dans le registre de ceux qui sont trop imbus de leur personne et qui pourraient être dangereux ou tout le moins énervants, à la longue.
En tout état de cause, cette situation pose la problématique du fonctionnement tortueux de nos formations politiques. Une fois créés, ces dernières sont perçues par leurs initiateurs comme des patrimoines personnels. Vous y entrer en baissant la tête, en la hochant pour approuver toutes les décisions. A défaut, il faudra débarrasser le plancher.
C’est un truisme de dire qu’il n’y a pas de démocratie interne dans les partis politiques au Sénégal. Ceux qui les dirigent sont des apprentis-dictateurs qui, une fois au pouvoir, deviennent de vrais autocrates. Les cadres et militants n’ont pas souvent le choix : Il faut se plier ou partir.
C’est pour cela que les scissions sont nombreuses en leur sein. Car, tous ceux qui n’approuvent pas la direction prise par les choses créent d’autres partis et nous en sommes aujourd’hui à presque 300.
Or, nous ne pouvons pas espérer avoir une vraie démocratie avec des leaders qui n’ont pas envie d’être contredits. Notre démocratie souffre dans cette réalité. Les leaders politiques sont de petits rois dans leurs structures et ces habitudes prises sont perpétuées une fois au pouvoir.
C’est dire que si nous voulons assoir une vraie démocratie, il faudra bien revoir le fonctionnement de ces appareils appelés partis politiques dont la loi dit qu’ils contribuent à l’expression du suffrage, à l’encadrement de l’électeur mais surtout à la formation de leurs membres.
Malheureusement, c’est dans les partis politiques que les mauvaises habitudes sont prises.
Assane Samb