Mbaye Touré, Daf de la ville de Dakar : « Je n’ai jamais touché à aucun centime de ces sous »
Ce mardi 6 février 2018 constitue la 9e journée du procès du maire de Dakar et de ses 7 présumés complices. L’audience a peine reprise a vu défiler 4 prévenus. De tous, c’est Mbaye Touré, Directeur administratif et financier (Daf) qui est le plus sollicité par les avocats, à ce stade de la procédure axé essentiellement sur la Caisse d’avance. Invité tour à tour, devant le juge pour y être entendu, dans les débats de fond, Mbaye Touré a exprimé ses regrets.
Traduit devant le tribunal correctionnel pour complicité de détournement de deniers publics et de blanchiment, il a crié son innocence.
« Je n’ai jamais été sanctionné pour une faute professionnelle, jamais de la part de corps de contrôles, ni par des enquêteurs de quelque structure que ce soit. C’est la première fois que je suis dans une telle situation. Jamais je n’ai eu de contreparties financières ou autres de quelque nature que ce soit. Je n’ai jamais touché à aucun centime de ces sous. (…). J’ai le sentiment d’un homme meurtri. Pendant les 25 ans de services, aujourd’hui, je tends vers la retraite. Je ne pensais pas que j’allais me retrouver dans cette situation pour des faits qu’on m’accuse et que je n’ai jamais faits. J’ai des sentiments de regret », a-t-il répondu à son avocat Me Khassimou Touré. En conclusion, il craque un peu à la barre avant de regagner sa place.
L’avocat retourne s’asseoir. Mais, c’est son confrère Me Moustapha Ndoye qui prend le relais et convoque le Daf à nouveau à la barre. Celui-ci interrogé sur la nature et les caractéristiques de la caisse d’avance répond. « On ne verra jamais dans le budget des fonds qui s’appellent caisse d’avance ou de fonds appelés « fonds politiques ». Ces fonds sont rangés dans la rubrique Cabinet du maire dépenses diverses. Il y a un chapitre jeunesse/sports ; Santé/actions sociales etc. pour chaque chapitre on vote un budget qui lui est alloué. C’est le Conseil municipal qui vote ces crédits. Ces 360 millions sont logés dans la rubrique « dépenses diverses ». Chaque compte est voté, le montant du crédit qui lui est alloué ».
En pleine explication, le silence de la salle est perturbé par des cris. Un homme entre en transe. Des cris fusent. Un autre homme se lève à son tour et hausse le ton et donne raison à son semblable en transe. « Il a raison. C’est injuste ce qui se passe ici », dit-il en tentant ensuite de se diriger vers le juge. Il est intercepté par certains hommes. Ceux-ci le plaquent et le bâillonnent. Il est expulsé, sous le regard des gendarmes aux aguets.
Pendant ce temps, le juge Malick Lamotte reste serein pendant quelques minutes. Le calme revenu dans la salle, il prend la parole et dit regretter l’expression de sentiments dans la salle d’audience. Mais, il a aussi invité les personnes émotives à mieux contrôler leurs émotions avant d’inviter les avocats du maire de Dakar à poursuivre.
Rappelé à nouveau devant le juge, après des troubles d’audience dus à des cris d’un des souteneurs en transe, il a déclaré n’avoir, à sa connaissance jamais vu de mission de contrôle dans les services.
« À ma connaissance, aucun corps de contrôle n’a eu à contrôler la caisse d’avance de la ville de Dakar. (…). On n’a jamais noté une mission de ces corps de contrôle venue pour procéder à auditer la gestion du budget de la Ville de Dakar ».
Auteur: Youssoupha Mine