Octobre sanitaire, des étoiles dans la grisaille (par Latsouck Gnilane DIOUF)
Aujourd’hui où beaucoup d’entre les agents de santé adoptent un profil bas et rasent les murs,
aujourd’hui où les médecins sont voués aux gémonies, les sages-femmes incriminés depuis des
lustres et les infirmiers accusés de tous les péchés.
Aujourd’hui, dans cette grisaille, je voudrais vous entretenir de quelques étoiles qui ont tout
donné à leur nation, qui ont reçu pas grand-chose d’elle et qui, malgré tout, continuent à se
donner totalement, entièrement et absolument.
Faites le tour de toutes les contrées de l’ancien Sénégal Oriental vous trouverez dans ses
villages les plus reculés comme Kalbiram, Dawady, Missirah, Diankhe Makhan , Bamba
Thialéne, Ndoga Babacar ou Méréto, des enfants, des adolescentes et des femmes qui portent
fièrement le nom de Fatou Ndiaye Mme thioub. Une femme émérite qui pendant des
décennies a donné jeunesse, sang et sueur à des milliers de femmes et d’enfants.
Je me rappelle les rares fois où je l’ai accompagnée en équipe mobile, Mme Thioub dans ces zones hostiles
et austères où seuls les véhicules du district sanitaire de Tambacounda s’aventuraient n’a jamais
varié, elle a toujours incarné les vertus cardinales de la sage-femme générosité, sens de
l’écoute, compassion, compétence et empathie
Ailleurs, toujours dans le Sénégal Oriental, j’ai connu à Payar, un infirmier chef de poste à qui
était confiée la santé de tous les habitants de ce terroir. Mamadou Lamine Sonko, fils de
Casamance, un homme à la bonhommie légendaire, infirmier d’Etat de la vieille et bonne école
a poussé son attachement à la préservation de la santé des populations jusqu’au sacrifice
suprême. Il s’est donné pendant des années pour les autres et il s’est lui-même négligé. Paix à
son âme !
Ce fut, à peu près, la même histoire et le même destin pour Sam Ndiaye de Kahéne et pour
tant d’autres travailleurs de la santé et de l’action sociale. J’ai encore en mémoire le tragique
accident de Saïensoutou du 21 mars 2015 où disparurent Hamady Korka, Aboubacry, Elodie,
Mariama et Toumany sur la route du devoir.
J’ai connu un médecin, Saiba Cissokho, dans le Tambacounda de la fin des années 90 où la
tuberculose, le paludisme et le VIH étaient loin d’être contenus, qui s’échinait avec ses maigres
ressources à remplir parfaitement les rôles du médecin que sont l’identification, la prévention
et le traitement des problèmes de santé. Je l’ai vu à l’œuvre travaillant dans des conditions
exécrables pour soulager ses malades.
Partout au Sénégal de pareils hommes et femmes s’activent dans un dévouement absolu pour
satisfaire aux exigences de la santé dans ses aspects promotionnels, préventifs et curatifs
Respect et considération à ces hommes et ces femmes qui à la lumière des phares vaccinent les
enfants, accouchent dans la pénombre, soignent sans moyens et répondent toujours de jour
comme de nuit à l’appel du devoir, à l’appel de la vie.
Latsouk Gnilane DIOUF
Economiste de la Santé